mardi 12 janvier 2010

Autour d’un thé à la rédaction du Calame

La nouvelle est sur toutes les bouches. Les trois hommes d’affaires sont libres. Finalement, la médiation du grand savant Dedew a fait mouche. Ould Nagi et Ould Oumarou, les deux autres inculpés dans l’affaire de la BCM, attendront encore. Peut-être pas longtemps car les trois hommes d’affaires auraient fait, de leur libération, un des préalables à la signature de l’accord avec l’institution monétaire. Un autre, Ahmed Ould Khattri, ancien directeur général des caisses populaires, qui croupit depuis plusieurs mois en prison, accusé d’avoir détourné des centaines de millions, reste, lui, dans l’oubli. Pourtant, il n’aurait, certainement pas, refusé un accord avec l’institution plaignante. Pour lui, aucune marche, aucune intervention, aucune pression. Ce n’est pas un grand homme d’affaires, ce n’est pas un notable, c’est juste un haut fonctionnaire qui a servi de bouc émissaire, pour les besoins d’une tonitruante campagne de lutte contre la gabegie qui n’épargnerait personne, même pas ceux qui ont soutenu le mouvement de rectification du dehors et du dedans. Sa motion de soutien depuis la prison de Dar Naim n’a finalement servi à rien. Quant aux autres débarqués, qui devraient rembourser l’argent volé, on n’en entend plus parler. Ont-ils remboursé? Combien? Suivant quelles modalités? Ou ce n’était, comme le prétendent les mauvaises langues, que mise en scène, montage et diversion? Dans les locaux du Calame, les débats, entre les convives du thé entre les convives du thé, étaient si passionnés que les passants en furent ameutés. Chacun allant de sa propre analyse qui dépend, ordinairement, de son positionnement politique. A cet égard, originale l’idée de ce téléspectateur de la TVM selon lequel le nomadisme politique est, aussi, une forme de gabegie. Que dire, en effet, de ces élus, maires ou parlementaires, élus sous les couleurs d’un parti qui s’est investi dans une campagne onéreuse pour les faire «avaler avec leurs poils», au peuple, et qui quittent celui-là, sans un au revoir ni un merci, se permettant, même, de venir, sans honte, sur les plateaux de télévision fustiger la gabegie?
Depuis que la session parlementaire ordinaire est ouverte, beaucoup de Mauritaniens suivent, régulièrement, les débats, parfois houleux, de l’Assemblée nationale. Systématiquement, l’opposition critique, sévèrement, les projets de loi présentés à leur examen. Systématiquement, la majorité appelle à voter ceux-ci, tels quels. Mécaniquement, les ministres rejettent tous les amendements, parfois très pertinents, de nos élus. Or, dans tous les parlements du monde, il arrive qu’à l’occasion, les idées de ceux-là, appartenant, éventuellement, à des groupes politiques différents, se recoupent, que des objections utiles soient retenues et que les ministres aient le courage et l’honnêteté de reconnaître les insuffisances de tel ou tel de leur projets de loi. L’animosité, la guéguerre et les petites phrases mal intentionnées desservent plus qu’elles ne servent le pays. Un député de la majorité peut voter contre un projet de loi sans être de l’opposition, tout comme un député de l’opposition peut voter en faveur d’un texte de loi sans être de la majorité. Dans le même ordre de fonctionnement républicain, un ministre peut accepter des amendements sur un texte, sans craindre d’être accusé d’avoir faibli devant l’opposition ou de ne pas avoir la ferme volonté d’appliquer le programme du président de la République. Sans cela, l’Assemblée nationale restera ce qu’elle n’a jamais cessé d’être: une vulgaire chambre d’enregistrement, un «machin» abominable, destiné à légitimer toutes les insanités juridiques que des concepteurs, aveuglés par la flagornerie, ont taillé à la mesure d’un système surtout enclin à se doter de mécanismes qui lui assurent un temps maximal d’hégémonie. République, chose publique? Démocratie, pouvoir du peuple? Circulez, citoyens, il n’y a rien à voir…

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