mercredi 24 avril 2024

Editorial: En attendant l’Arlésienne…

Les Mauritaniens iront donc aux urnes le 29 Juin pour réélire le président Ghazwani. « Pourquoi lui et pas un autre ? », serait-on tenté de se demander. Tout simplement parce que c’est une élection sans enjeu. Il n’existe, à ce jour, aucun candidat capable de lui porter contradiction. Comme à son habitude, l’opposition y va en ordre dispersé, avec plusieurs candidats qui n’obtiendront à coup sûr que la portion congrue. Celui qui a les meilleures chances d’engranger le maximum de voix est incontestablement Biram, arrivé second en 2019. Pourra-t-il rééditer cet exploit ? Son électorat s’est-il érodé avec le départ de certains compagnons et les coups de butoir du pouvoir ? La candidature d’El Id Mohameden M’bareck ne va-t-elle pas lui ravir une partie de son exploit, surtout que le Front qui le présente a réalisé un score plus qu’honorable lors des dernières législatives, malgré son jeune âge ? Et que dire de l’opposition historique (RFD et UFP) qui ne s’est toujours pas prononcée, même si elle ne pèse plus lourd en termes d’électorat ? Dernière nouveauté : Des jeunes aux dents longues – Ahmed ould Haroun et Noureddine Mouhamedou – ont annoncé leur candidature et comptent beaucoup sur la jeunesse. Au Sénégal, disent-ils, c’est elle qui s’est battue et a fini par gagner. Pourquoi pas chez nous ? Pour une raison toute simple : le conglomérat – généraux, hommes d’affaires, chefs de tribu, notabilités, administration – qui nous dirige n’a pas dit son dernier mot et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Quitte à renouveler tous les cinq ans un cirque dont les résultats sont connus d’avance. L’alternance attendra. L’Arlésienne si désirée n’est pas à l’ordre du jour. Le sera-t-elle d’ailleurs un jour ? Ahmed ould Cheikh

jeudi 18 avril 2024

Editorial: Une réélection tranquille… et quoi, après ?

Comment ne pas faire, d’une réélection apparemment tranquille, les prémices d’une chute aussi brutale que désastreuse ? Se lever dès l’aube, descendre sur le terrain, déguisé et sans plus de cent MRU en poche, parcourir l’un ou l’autre des quartiers populaires, visiter telle ou telle école, service hospitalier d’urgences, entreprendre une quelconque démarche administrative, monter dans les taxis « tout droit », s’asseoir avec les ouvriers dans les ateliers, rencontrer de jeunes chômeurs errant dans les rues et écouter, partout, le bruit du peuple. Il souffre. La moitié de la population de la capitale ne dispose que de bidons d’eau pour ses besoins quotidiens. Il n'existe pratiquement aucun service de l’État qui fonctionne de manière régulière et efficace, il est presque impossible pour un citoyen lambda d'achever la moindre démarche administrative en une seule journée, exposé qu’il est au chantage et à l’avidité des fonctionnaires. La frustration et le mécontentement général ont atteint un rare degré de congestion et ce n’est pas peu dire que le citoyen a perdu espoir. Vu d’un palais entouré de dizaines de gardes, conseillers et chargés de mission, un tel tableau peut paraître d’autant plus irréel qu’il ne manquera jamais de citoyens sélectionnés à l’avance ni de dîners avec certaines élites courtisanes pour en nier l’existence, sinon l’édulcorer à outrance. À défaut de prendre son courage à deux mains et fort d’un pourcentage de voix adéquatement obtenu par ces acheteurs de conscience – mais quel marché de dupes ! – le réélu ira donc vers son très incertain destin… À moins qu’il n’entende, enfin, la vraie rumeur, celle de son peuple fatigué, et entreprenne, dans les réformes, le saut qualitatif qui les mènera à leur vrai bon port : la bonne santé du peuple. Ce jour-là, les citoyens sentiront qu'ils ont un président qui comprend leurs souffrances et se soucie de leurs aspirations. L’élu n'aura plus besoin de plaire aux notables et aux corrompus, par le biais de nominations et de marchés publics. Il aura enfin assumé son destin, porté par la confiance des gens ordinaires, ceux-là même qui forment la Nation. Ahmed ould Cheikh

vendredi 5 avril 2024

Editorial: Slogan creux?

Avis aux lanceurs d’alertes et à tous ceux qui dénoncent malversations, gabegie et corruption : ne faites plus de vagues ! Votre place est désormais la prison et devant les prétoires, non en plaideurs de ce que vous avez avancé contre les fraudeurs mais en accusés d’avoir divulgué ce que tout le monde sait déjà. Il est en effet de notoriété publique que les marchés – d’adduction d’eau potable, barrages ou routes… – donnent, comme ils ont toujours donné, lieu à toutes sortes de malversations, avec la complicité manifeste de l’Administration et parfois même du bailleur de fonds. Ould Ghadda n’a cité qu’un exemple parmi d’autres ; la justice devait s’en saisir et ordonner une enquête qui ne pouvait aboutir qu’à deux hypothèses : soit ce que l’ONG avance est vrai et les contrevenants doivent être sévèrement sanctionnés ; soit c’est faux et des poursuites seront alors engagées contre elle ; avec, dans les deux cas, application de la loi dans toute sa rigueur. Mais expédier l’ancien sénateur en prison avec une telle célérité ne grandit pas la justice. En agissant ainsi, ne prend-elle pas le risque d’écrouer un innocent avant qu’il ne soit jugé ? Des pratiques d’un autre âge dont elle n’arrive toujours pas à se départir. Qu’est-ce qui l’empêchait de commettre d’office une équipe d’experts et l’envoyer sur le terrain pour vérifier ce que l’ONG avance ? Ou n’a-t-elle fait qu’exécuter des ordres venus d’en haut pour réduire au silence un turbulent qui ne manquera de faire de nouvelles vagues ? Les coups tordus sont légion lorsqu’il s’agit de marchés publics et quand on commence à les éplucher de la sorte, cela risque de faire désordre. Pour peu, bien évidemment, que la lutte contre gabegie soit une réelle volonté politique et non pas un slogan creux… Ahmed ould Cheikh

vendredi 29 mars 2024

Editorial: Le calice jusqu’à la…Galice

Pourtant munis de visas en bonne et due forme, ils sont de plus en plus nombreux, les mauritaniens qui se font refouler à l’aéroport de Las Palmas, victimes du zèle de certains policiers. Les pandores exigent parfois un billet retour, une importante somme d’argent en liquides pour financer le séjour – les cartes de crédit ne sont pas acceptées – une réservation d’hôtel pour leur éviter sans doute de passer la nuit à la belle étoile ou, tenez-vous bien, un titre de propriété pour ceux qui se disent propriétaires d’appartements (comme s’il était d’usage de trimballer ce genre de documents d’un aéroport à l’autre) ! La situation a atteint un tel degré que la consule générale de Mauritanie aux Canaries a été obligée de s’en mêler. Mariem Aouffa a en effet exprimé son malaise face au traitement que reçoivent les ressortissants de notre pays à l'aéroport de Gran Canaria, en raison, s’est-elle émue, « du zèle excessif des agents frontaliers au moment d'autoriser l'entrée sur l'île ». L’organisation Hispafrica qui travaille à améliorer les relations entre l’Afrique et l’Espagne a elle-même qualifié ces pratiques d’« absurdes ». Que craignent donc nos amis espagnols pour faire preuve de si peu de courtoisie à notre égard ? Oublient-ils que leur île n’est pas une terre d’immigration et que les mauritaniens qui y viennent chaque année par milliers n’ont d’autres objectifs que de passer des vacances, dépenser leur argent, acheter des logements et se faire soigner ? Ont-ils la mémoire si courte pour ne pas se rappeler que lors de la dernière crise économique qu’a connue l’Espagne, ce sont nos concitoyens qui ont sauvé l’économie de l’île ? Il faudrait que les responsables espagnols expliquent à ces policiers que les Mauritaniens sont, parmi la communauté étrangère, ceux qui possèdent le plus de résidences à Las Palmas. Et leur rappeler surtout que leur Premier ministre est venu tout récemment à Nouakchott implorer le soutien de la Mauritanie dans la lutte contre l’immigration clandestine. Sans cet appui, il paraît évident que leurs îles seront envahies par des milliers d’immigrés sans papiers qui se dispensent, eux, de visas… en ignorant tout simplement les aéroports. Vous auriez donc tout intérêt, messieurs les policiers, à entendre que tous les étrangers, fussent-ils africains, ne sont pas tous des migrants et à mettre un peu d’eau dans votre vin, si vous ne voulez pas boire le calice… jusqu’à la Galice ! Ahmed ould Cheikh

jeudi 14 mars 2024

Editorial: Tracer l'argent, enfin...

Tout a une fin, comme on dit. Et parfois au moment où l’on s’y attend le moins, tant la situation s’est normalisée. Mais la Banque Centrale ne l’entendait pas de cette oreille. Elle vient de donner un énorme coup de pied dans la fourmilière en décrétant que les transactions financières à travers les applications mobiles seront strictement réglementées et plafonnées. Évoluant jusqu’alors dans un contexte marqué par l’anarchie et brassant des milliards dont une partie était sans doute d’origine douteuse, ces applications n’avaient jamais été encadrées par une quelconque loi. La Mauritanie est le seul pays au monde où, par un simple clic, on peut échanger des centaines de millions. Il suffit juste d’avoir un smartphone et, bien évidemment, un compte bien garni. Par qui, par quoi et comment ? Personne ne s’était jamais posé la question. On a ainsi vu des fortunes pousser comme des champignons et des anciens pauvres ne plus savoir où mettre l’argent, tant il coulait à flots. Ni les services anti-blanchiment ni le fisc n’avaient essayé de tracer ces montants faramineux. Les restrictions drastiques imposées aux applications, commencent déjà à faire grincer des dents, et pour cause. Elles rapportent de l’argent, et pas qu’un peu, aux banques et à certains usagers… Régleront-elles le problème pour autant ? Rien n’est moins sûr. Plus qu’une décision de la BCM, ce qu’il faut, c’est un ensemble de lois réglementant les flux financiers, à l’instar de ce qui se fait un peu partout dans le Monde. L’argent, dit l’adage, n’a pas d’odeur. Mais il est traçable. Il suffit juste d’un peu de volonté. Ahmed ould Cheikh

samedi 9 mars 2024

Editorial: Un défi à notre portée

On en parle, on en reparle et en on re-reparle encore… La Mauritanie et ses coutumes ancestrales d’hospitalité, aujourd’hui « pays de transit et, de plus en plus, de destination finale en matière de flux migratoires », selon les termes mêmes de la « note verbale » proposée au gouvernement mauritanien à la mi-Décembre 2023 par l’Union européenne, en exergue à la signature le 7 Mars prochain d’une déclaration conjointe sur la gestion des migrations… On en parle, on en reparle… et d’aucuns s’inquiètent. Notamment « en ce qui concerne l’inclusion des réfugiés dans le système national d’éducation et dans les dispositifs de protection sociale au même titre que les nationaux d'ici 2027 ». Certes, l’UE fait ici référence aux engagements déjà renouvelés de la Mauritanie dans le cadre du Forum Mondial des Réfugiés et celui de « l’Accord de Samoa pour un partenariat politique renforcé visant à produire des résultats mutuellement avantageux au regard d'intérêts communs et convergents ». De gros sous en perspective, donc. Des centaines de millions d’euros, ce n’est pas rien. Mais pour qui et, surtout, à quels prix ? Certes encore, l’approche de la nouvelle campagne électorale présidentielle est propice à toutes les alarmes et ce n’est guère étonnant d’entendre des rumeurs populistes se vêtir de « préférence nationale » et autres extrême-droitières considérations protectionnistes. Leur provenance, d’une Société civile et de partis réputés militants acharnés des droits de l’Homme, est cependant plus insolite. Il est vrai que le système en cours éprouve déjà des difficultés à intégrer tous nos concitoyens – nationaux ? La confusion des concepts ne l’aide guère à faire le tri… – et l’hypothèse d’un afflux massif de négro-africains a de quoi effrayer certains… À peine plus, toutefois, que celle de militants maghrébins ou arabes indésirables en Europe et dans leur pays d’origine. Et si nous regardions la situation sous un autre angle, à plus long terme ? La proposition de l’Union européenne, c’est d’abord l’aveu de son échec à organiser conjointement le séjour, la résidence, la citoyenneté et la nationalité sur son territoire. Son passé, sa complexité et ses lourdeurs administratives l’entravent. Elle a besoin d’exemples. Nous avons, pour notre part mauritanienne, tout-à-la fois la profondeur de nos valeurs ancestrales et la jeunesse de notre république. Serions-nous incapables de repenser celle-ci, avec l’aide financière d’une Union européenne consciente de ses limites ? Serions-nous si peu commerçants que nous ne sachions pas orchestrer, pour le bien de tous, la convergence de nos intérêts communs ? Le vrai pari, aujourd’hui, est d’assurer notre propre unité nationale, spécifique, en construisant une citoyenneté ouverte à tous. Ce n’est pas une utopie, c’est un défi désormais à notre portée ! Ahmed ould Cheikh

vendredi 1 mars 2024

Editorial: Une affaire de politesse

Notre arène politique serait-elle devenue un panier de crabes, une nouvelle écurie d’Augias qu’il serait urgent de nettoyer pour ne pas tomber encore plus bas dans la déchéance ? Quelques exemples triés sur le volet donnent une idée de l’ampleur du déclin : un député qui accuse, sans preuves, un homme politique d’avoir obtenu une importante somme d’argent généreusement octroyée par un riche homme d’affaires, pour financer sa campagne lors de la dernière présidentielle, et refuse obstinément de faire son mea culpa pour éviter un procès… Une activiste des réseaux sociaux, connue pour n’avoir pas sa langue dans sa poche, qui accuse ce même député d’être « les hémorroïdes du Parlement »… Une députée qui traite le Premier ministre et sa délégation de « chiens de garde » avant de se faire expulser manu militari de l’Hémicycle… Certes le phénomène n’est pas nouveau : Ould Abdel Aziz n’avait-il pas pris la mauvaise habitude de traiter les leaders de l’opposition de « vieux croulants », entre autres propos peu amènes ? Certains le lui rendaient bien mais il n’en avait cure, l’essentiel pour lui étant d’amasser une fortune – il y a d’ailleurs réussi au-delà de toute espérance – quitte à laisser la scène politique en lambeaux où tout un chacun peut se prévaloir de ce qu’il n’a jamais rêvé d’être. Faudrait-il ici rappeler que les principes du débat, dans un pays officiellement déclaré islamique, sont ceux de la Shûra ? Et il serait fort bon d’inscrire, aux portes de tous nos marchés – politiques y compris – la célèbre citation d’Eugène Chatelain : ‘’La politique est une affaire de politesse’’. Ahmed oud Cheikh

vendredi 23 février 2024

Editorial: Bonne chance, Président!

Voici de nouveau un mauritanien à la présidence de l’Union Africaine ! Après Mohamed ould Abdel Aziz en 2014, c’est en effet Mohamed ould Ghazwani qui a été choisi par ses pairs africains pour superviser les débats de leur Conférence durant une année. Un poste essentiellement honorifique, il faut d’emblée le signaler, puisque les décisions de cette assemblée se prennent à la majorité des deux tiers. Mais la recherche du consensus n’en est pas moins un objectif en filigrane et la personnalité de notre président de la République devrait s’y révéler précieuse. L’UA en a besoin, tant les problèmes s’accumulent devant, derrière, à gauche, à droite, au-dessus, en-dessous et à l’intérieur de l’organisation continentale fondée en 2002. Enfin un représentant de l’Afrique blanche vraiment consensuel ? Car il faut bien reconnaître que l’Afrique du Nord ne s’est guère signalée, à ce jour, par une telle qualité exemplaire, étalant sans vergogne ses propres divisions. Notamment entre le Maroc et l’Algérie dont l’incapacité à s’entendre leur interdisait de prétendre à la présidence de l’Union. C’est d’ailleurs à titre de compromis que Ghazwani a accepté de s’y présenter, alors que l’actualité mauritanienne – imminence de l’élection présidentielle… – lui aurait plutôt commandé de s’en abstenir. Il aura à ses côtés le tchadien Moussa Faki qui achèvera cette année son second mandat à la tête de la Commission de l’UA chargée de l’exécution des décisions de la Conférence. Ils se connaissent bien et ont en commun un sens aigu de la diplomatie. De quoi lancer un processus revivifiant pour l’Union du Continent ? Un an, c’est évidemment peu mais sait-on jamais ? L’Esprit souffle où Il veut et ne s’embarrasse pas du temps… Bonne chance, Président ! Ahmed ould Cheikh

vendredi 16 février 2024

Editorial: Merci Transparence Inclusive

Dans un rapport exhaustif publié récemment, l’ONG Transparence Inclusive a mis en lumière les graves dysfonctionnements et les soupçons de corruption entourant le projet Aftout Ech-Chargui, un ambitieux programme d’approvisionnement en eau potable destiné aux communautés rurales du Gorgol, de l’Assaba et du Brakna. Lancé sous l’égide du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, il visait à améliorer l’accès à l’eau potable pour 155 000 personnes, en construisant un réseau complexe de réservoirs, conduites et châteaux d’eau. Sa mise en œuvre était divisée en deux phases confiées respectivement à la société Arab Contractors qui a achevé sa tâche « de manière acceptable », souligne le rapport, et à un consortium dirigé par une société appartenant à Zein El Abidine, président de l’Union Nationale du Patronat mauritanien et dont les résultats sont beaucoup moins probants, selon les termes de l’enquête. Le rapport détaille les manquements en termes de quantité et de qualité des composants-clés du projet. Il pointe du doigt le non-respect des spécifications contractuelles, des matériaux de qualité inférieure, et une coordination déficiente entre les entités de supervision et l’entreprise en charge de la construction, entraînant une capacité hydrique nettement inférieure aux objectifs. De plus, une augmentation suspecte du budget a été accordée avant même l’achèvement des travaux, justifiée par des arguments fallacieux tels que l’extension des bénéfices à plus de villages, l’augmentation de la hauteur des châteaux d’eau et l’amélioration des capacités de pompage — des affirmations rapidement démenties par les faits : la majorité des installations ne fournissent pas d’eau de manière fiable, avec des coupures totales observées dans 20 % des cas et un approvisionnement intermittent et insuffisant dans 72 % des cas. Seulement 8 % des installations fonctionnaient correctement au terme de l’enquête de l’ONG. Le supplément susdit a été accordé avec la complicité de trois acteurs : la tutelle, représentée par monsieur Ahmed Zeidane ould Taleb Mokhtar, coordinateur du projet Aftout ech-Chargui, qui a signé le contrat d’annexe additionnelle et présidé le comité d’accueil ne faisant état d’aucune pénurie dans les quantités des composantes de l’accord malgré sa valeur élevée et se contentant de quelques observations formelles ; les bureaux des études de la SGIE, affilié à l’homme d’affaires Mohamed Lamine Ould Betah, et de l’ACEI, dirigé par Seydou Coulibaly, associés pour la circonstance, qui ont de concert produit des documents frauduleux pour justifier ladite augmentation, signant notamment les procès-verbaux de réception des quantités contrefaites ; et enfin les membres du comité d’accueil dont aucun ne s’est opposé à la non-exécution d’environ 23% des travaux programmés dans les trois composantes du projet. Vaste opération de détournement de fonds, conclut Transparence Inclusive qui appelle à une enquête immédiate pour élucider ces accusations graves et récupérer les fonds gaspillés, soulignant l’importance cruciale du projet pour les communautés-cibles et la nécessité de mettre fin à ces pratiques corruptibles qui entravent le développement et le bien-être des populations les plus vulnérables. Très précis et documenté, le rapport de l’ONG aura également eu le mérite de mettre en évidence les processus d’entente et de manipulation du projet et de ses objectifs, donnant ainsi aux (éventuels ?) enquêteurs ultérieurs de l’État mauritanien des outils sérieux pour s’attaquer aux arnaqueurs en col blanc… Merci, Transparence Inclusive ! Ahmed ould Cheikh

samedi 3 février 2024

Editorial: Socle assuré, fort à construire…

Le miracle tant attendu n’a finalement pas eu lieu. Nos vaillants Mourabitounes se sont arrêtés aux portes des quarts de finale de la CAN qui se joue actuellement en Côte d’Ivoire. Après deux premiers matchs catastrophiques contre la Burkina Faso et l’Angola, qu’ils ont perdus surtout par manque criant d’expérience et un match héroïque contre l’Algérie qu’ils ont éliminée sur le plus petit des scores, nos joueurs se sont mis à nous faire rêver. La liesse populaire qui a suivi cette première victoire en Coupe d’Afrique des Nations, synonyme de qualification pour les huitièmes de finale, a fait oublier à une foule en délire, le temps d’une soirée, ses difficultés du moment, ses misères et ses différences. Le peuple bigarré n’était plus qu’un, uni dans une allégresse que seul le football peut procurer. Après tant d’échecs, nous voilà désormais pourvus d’une équipe nationale capable de se donner corps et âme et de défendre nos couleurs nationales ! La Mauritanie n’est désormais plus le petit poucet que chaque équipe rêve de croiser pour s’assurer des trois points de la victoire. Le Cap-vert, qui avait battu au premier tour le Ghana et fait jeu égal avec l’Égypte, a éprouvé toutes les peines du monde pour se défaire d’une équipe combative. Et c’est sur un coup de dés, comme lors du premier match contre le Burkina, que nous avons concédé un penalty stupide. Manque de maturité, disais-je. Nous avons certes perdu une bataille ce lundi à Abidjan mais nous avons gagné une guerre. Notre équipe a désormais un socle : il lui reste à y construire un fort imprenable. Assuré, capable d’affronter toutes les bourrasques, conquérant. Nos Mourabitounes en ont le potentiel : la Mauritanie n’est-elle pas le pays de tous les vents ? Ahmed ould Cheikh

samedi 27 janvier 2024

Editorial: De l'eau dans l'gaz

La nouvelle n’a pas eu l’écho qu’elle mérite. Juste quelques entrefilets dans la presse et quelques échanges sur les réseaux sociaux. Elle est pourtant d’une extrême importance si elle est avérée… et il y a de fortes chances qu’elle le soit ! Elle aurait même provoqué un déplacement imprévu du président Macky Sall à Nouakchott pour s’entretenir avec son homologue mauritanien des conséquences pour les deux pays de la décision de BP – l’exploitant du champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim– de relever le Cost Oil qui passe de 3 à 9 milliards de dollars. Cost Oil veut dire toutes les dépenses correspondant aux coûts pétroliers réalisées avant la date d'entrée en vigueur du contrat et qui doivent être déduites progressivement des recettes. Ce qui risque de réduire à la portion congrue la part revenant aux deux États, au moins durant les premières années. Les deux présidents auraient opposé un niet catégorique aux nouvelles prétentions de BP mais les ponts ne sont pas rompus pour autant. Des délégations conjointes seraient actuellement en négociation avec le géant pétrolier pour baliser le terrain à une solution qui ne léserait pas les deux pays. Les énormes espoirs qu’on fondait sur cette rente gazière dont on parle depuis longtemps et qu’on attend toujours seront-ils déçus ? Cette hausse subite des coûts que BP aura du mal à justifier – c’est très « limite » de multiplier soudainement un devis par trois à deux pas du démarrage d’un chantier… – sonnera-t-elle le glas de l’entente qui a prévalu jusque-là entre les partenaires ? Bref, il y aurait-il vraiment de l’eau dans l’gaz ? Ahmed ould cheikh

samedi 20 janvier 2024

Editorial: Dommages collatéraux

Il y a une semaine, le président du RFD était évacué à Paris pour se faire soigner mais avait signé, avant de partir, une note de service désignant maître Yacoub Diallo pour assurer son intérim. Une décision qui n’a pas manqué de susciter des controverses au sein de ce parti de l’opposition historique et le moins qu’on puisse dire est que certains de ses dirigeants y sont désormais à couteaux tirés. En ces bisbilles qui ne datent apparemment pas de la semaine dernière et qu’ont exacerbé les candidatures lors des dernières élections législatives et municipales, ne faut-il pas voir une des causes des résultats catastrophiques du parti lors de ces scrutins locaux ? Faut-il y entendre la volonté des uns et des autres de se positionner pour une guerre de succession qui ne dit pas son nom ? D’où la question qui taraude tous les esprits : le RFD survivra-t-il à son président, si ce dernier – qu’Allah lui accorde encore une longue vie ! – se décide à passer la main ? Ce parti a-t-il encore un contenu idéologique assez pertinent – et, surtout, parlant au peuple mauritanien – pour fédérer un projet cohérent au-delà de la personnalité d’Ahmed ould Daddah ? La pantomime Droite-Gauche qui n’ont jamais été réellement distinctes dans notre paysage politique semble avoir été balayée par des considérations raciales et statutaires, toujours fermement ancrées dans la société mauritanienne. Ce qui explique en grande partie le recul des partis traditionnels, pas seulement en Mauritanie mais dans plusieurs autres pays de tradition pourtant démocratique. Si l’on y ajoute une guéguerre de leadership, la facture risque d’être salée, une page définitivement tournée et ce serait dommage… Ahmed ould Cheikh

samedi 13 janvier 2024

Editorial: Une bonne année à construire

2023 est enterré, 2024 débute..Timidement, comme engourdi par les fraîcheurs hivernales et les prévisions mi-figue mi-raisin des experts : récession par-ci, envolée de PIB par-là, mais réalités moroses pour tous les peuples, sur fond de repliement identitaire un peu partout… L’occasion n’en est que plus belle de souhaiter, comme de coutume, à tous une bonne et heureuse année ! À commencer par nos chers lecteurs et lectrices : santé, bonheur et prospérité, sinon à tout le moins courage et confiance en Dieu, Il est Grand et Capable de déjouer à tout instant les plus sombres pronostics ! À notre chère Mauritanie, ensuite, en lui espérant la plus heureuse réussite dans le démarrage de l’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et dans la répartition harmonieuse de ses dividendes, à commencer par les plus pauvres d’entre nous. Il est grand temps que la lutte contre la gabegie et le détournement des deniers publics se traduisent en réalités concrètes dans la vie des mauritaniens lambdas. Le peuple est las des applaudissements assourdissants des thuriféraires du système, alors que l’incertitude quant au contenu de la marmite reste le lot quotidien de tant de citoyens… À nos frères et sœurs musulmans, enfin, qui souffrent un peu partout dans le Monde, notamment en Palestine, au pays des Rohingyas (Birmanie) ou en celui des Ouïghours (Chine), sous les coups d’ennemis plus ou moins ouvertement soutenus par une Communauté internationale obnubilée par la seule sauvegarde de son système économique, en dépit de l’accumulation des injustices et des frustrations qu’il génère au sein de notre petite planète bleue. Et pas seulement parmi les humains, comme en témoignent les dérèglements climatiques et autres appauvrissements de la biodiversité. Alors 2024, glas de la vie sur terre ou réveil décisif de l’Humanité pour le bien de tous ? On veut tous croire au second terme de l’alternative : allons-y donc, confiants en nous-mêmes et en Dieu ! Ahmed ould Cheikh

jeudi 4 janvier 2024

EDitorial: Il ne faut jurer de rien

Ces histoires sont véridiques. Toute ressemblance avec des personnes qui existent ou ayant existé n’est évidemment pas fortuite. Il y a quelques mois, le ressortissant d’un pays voisin, gardien de son état, se faufile devant la maison de son ancien employeur, ouvre sa voiture le plus normalement du monde (dont il avait fait une copie des clés en l’absence de son patron) et dérobe 30.000 MRU. Manque de bol : les caméras de surveillance ont capturé son visage et il sera arrêté le même jour. Déféré et écroué, il écope de cinq ans de prison ferme. Un autre, mauritanien celui-là, est arrêté pour avoir volé un téléphone portable. Il sera condamné à deux ans de prison dont six mois fermes. Comparé aux verdicts du procès de la Décennie, on peut parler d’une justice à deux vitesses. Comment peut-on en effet engloutir des milliards, faire main basse sur le domaine public, blanchir des sommes faramineuses, détourner les deniers publics et se voir condamner à des peines insignifiantes au vu des charges qui pèsent sur vous ? Le procès de la Décennie, qui aura tenu en haleine l’opinion publique près de trois ans, aura finalement accouché de n’importe quoi. Certes, il y a encore l’appel qui peut alourdir la peine… tout comme il peut l’alléger ou même acquitter le seul prévenu encore en prison, à savoir l’ex-président Ould Abdel Aziz. En Mauritanie, « il ne faut jurer de rien » mais ce n’est pas rien que la célèbre œuvre d’Alfred de Musset fût... une pièce de théâtre. Ahmed ould Cheikh