dimanche 30 avril 2023

Editorial: Sous la contrainte de quel (dé)sordre ?

 Des plus poissonneuses du monde, nos côtes deviendront-elles dans si peu de temps les moins riches en ressources halieutiques et les plus polluées de la planète ? Des vidéos qui circulent depuis quelques jours sur Internet, montrant des bateaux turcs et chinois utilisant des filets tournants pour racler les fonds marins, font froid dans le dos. On les voit lancer leurs filets géants sur des bancs de poisson et tout rafler sans aucun respect ni pour la ressource ni pour les zones de pêche. Le problème est que le phénomène n’est pas nouveau et aucun gouvernement n’a accepté de prendre son courage à deux mains pour y mettre fin. Les Chinois et les Turcs sont bien protégés, semble-t-il. Quand on ajoute à cette situation déjà catastrophique, les dizaines d’usines de poisson installées à Nouadhibou – Aziz avait, en son temps, délivré au moins quarante agréments – qui polluent non seulement l’air mais aussi la mer en y déversant directement leurs déchets non traités, il y a de quoi craindre pour la baie de cette ville. Pas plus tard que la semaine dernière, des milliers de poissons ont été retrouvés morts sur ses côtes : pollution, sans aucun doute. Sombre tableau à tous les niveaux. Pourtant les acteurs de la Société civile, notamment les ONG internationales, les media et les chercheurs n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme mais elle est tombée dans des oreilles de sourds. Affichant haut et fort ses bonnes intentions, chaque nouveau ministre promet de s’attaquer aux problèmes du secteur mais – rappelé à quel (dés)ordresi puissamment incrusté en hauts lieux ? –ne tarde pas à revenir sur terre. Le voilà donc à gérer les affaires courantes jusqu’à son départ et son remplacement. Tournez, tournez, petits navires, il ne nous suffisait pas d’un désert de sable, tuez-nous donc aussi nos eaux !

                                                                           Ahmed ould Cheikh

samedi 15 avril 2023

Editorial: Remise en cause après les élections ?

 Que se passe-t-il au RFD et à l’UFP, les deux partis qui ont toujours représenté l’opposition et passé des décennies à combattre l’arbitraire et l’injustice ? Les dissensions qui les minent auront-elles raison d’eux ? Après l’UFP qui a vu le départ de la député Kadiata Malick Diallo et plusieurs membres de son directoire, c’est au tour du RFD de poursuivre la saignée. Me El Id ould Mohameden, député sortant, a choisi de défendre les couleurs de la coalition Espoir, tandis qu’une de ses figures de proue, Mouna mint Dey, préfère claquer la porte. Dénoncer en suivant la mainmise d’un clan sur le parti et qui empêche son président de voir la réalité. Pressentie pour diriger la liste nationale des femmes, elle a été écartée à la dernière minute. Ce qu’elle n’a visiblement pas apprécié. Elle se présentera sous les couleurs du parti El Vadhila de la majorité présidentielle. Et l’on risque ne pas s’arrêter là. La publication des listes candidates fera certainement de nouveaux mécontents. Déjà que le score réalisé par ces deux partis, lors de la dernière présidentielle, fut très en-deçà de ce qu’ils représentaient sur l’échiquier politique il y a quelques années. La « démocratisation » des moyens de contestation avec l’éclosion des réseaux sociaux et l’apparition de nouveaux opposants beaucoup plus virulents et aux discours accrocheurs, érodera encore plus leur base. Sera-ce enfin l’occasion de se remettre en cause ? Revoir leurs méthodes ? Réponse au lendemain des résultats de Mai prochain…

                                                                  Ahmed ould Cheikh

dimanche 2 avril 2023

Editorial: Empoignades évidentes mais… en quelle transparence ?

 es Mauritaniens n’ont pas fait dans la dentelle : 1329 listes pour 238 communes, 146 pour13 conseils régionaux, les vingt-cinq partis reconnus ont bouclé leurs discussions dans les temps. En attendant les listes nationales mixtes et celles des jeunes et des femmes qui battront elles aussi des records, le combat risque d’être ardu. L’INSAF a certes investi des candidats dans tous les coins du pays mais il aura fort à faire pour obtenir une majorité, tant ses investitures ont suscité de mécontentements. Certains de ses candidats ont même désisté, sous pression de leurs tendances considérant que ses choix ne reflètent pas la réalité du terrain ; d’autres pour ne pas essuyer de revers. C’est la première fois en tout cas qu’un parti-État se retrouve en aussi mauvaise posture. Signe de vitalité démocratique ou… mauvais choix assumés ? Malgré les mises en garde répétées qui lui ont été adressées, l’INSAF n’a pas misé sur les bons chevaux en plusieurs localités du pays. Et risque d’en payer les frais, bien qu’il ait mis les choses au point : ceux qui ne respecteront pas les choix du parti en subiront les conséquences. Mais les mécontents n’en ont eu cure et les voilà accourus aux « partis-cartables » pour confectionner leurs propres listes, comptant bien tailler des croupières à un INSAF qui se refuse à regarder la réalité en face. De belles empoignades en perspective donc…à condition que tout se passe dans la transparence ! Ce qui est loin d’être gagné d’avance.

                                                                         Ahmed ould Cheikh