dimanche 31 mars 2013

Editorial : Quel pays, Quelle armée !



Quatre cents dix millions d’ouguiyas. Vous avez bien entendu : quatre cent dix millions de nos rares ouguiyettes. Parties en fumée. Dilapidées. Jetées par la fenêtre. C’est quoi, toute cette histoire de gros sous, en période de disette ? Il se trouve qu’un de nos galonnés, gestionnaire de la Grande Muette, a cru tomber sur un filon. Il prenait la fâcheuse habitude de prêter l’argent destiné à la solde des militaires en vadrouille quelque part à l’Est ou au Nord, à un jeune cousin à lui, pour le fructifier. Un million au départ, puis deux  puis quelques dizaines et à chaque fois, notre Madoff national ramenait le pactole, agrémenté d’un pourcentage respectable qu’il se partageait avec son cousin idéalement placé pour piquer dans la caisse sans qu’on le remarque. Et la mise ne cessait de monter. Le commandant, gourmand, voulait toujours plus de bénéfices. Sa boulimie l’a perdu. Le jeune, fauché jusqu’alors, s’est subitement retrouvé à manipuler des dizaines de millions et s’est vu nabab. Il s’acheta des grosses cylindrées de luxe, renouvela sa garde-robe et exhiba signes sur signes extérieurs de richesse. L’argent facile, c’est connu, se dépense plus facilement que celui qu’on a gagné à la sueur de son front. Les remboursements se firent alors plus rares et le déficit ne cessait de se creuser. Tant et si bien que notre éphémère Crésus se retouva sur le carreau, fauché et endetté. Le commandant, incapable de faire face aux engagements de l’Armée – ne dit-on pas que « l’argent ne se mange pas deux fois ? » – fut dans l’obligation d’alerter sa hiérarchie et mis aux arrêts dans la minute qui suivit, tandis qu’une chasse à l’homme s’organisait pour mettre le grappin sur son associé indélicat. Le voici entre les mains de la Gendarmerie en moins de 24 heures. Pas pour autant déféré à un juge et ses parents n’ont aucune idée de ce qu’on lui reproche. D’autant moins que rien ne le lie, formellement, au militaire, sinon un vague lien de cousinage…  Le « propre » de ce genre d’affaires, basées sur la confiance – jusqu’à ce qu’elle s’effrite… – est qu’on n’y laisse aucune trace.
Sur quelle base va-t-on l’inculper, alors ?  S’il lui vient la malice de nier avoir reçu de l’argent ou de contester son montant, de quelles preuves dispose-t-on pour le confondre ? Et s’il reste, reconnaissant les faits, dans l’incapacité de rembourser, que faire ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que l’Armée va, encore une fois, trinquer. On la sait, depuis longtemps, loin d’être exempte de tout reproche mais aucun contrôle (IGE, Cour des comptes, police économique…) ne peut s’en approcher. Un général, un colonel ou un commandant, c’est du sérieux dont on ne peut pas tripatouiller les poches au seul motif qu’il les a remplies. Depuis 2008, avez-vous vu un militaire se faire prendre pour mauvaise gestion ou détournement de deniers publics ? Combien de civils ont-ils connu la prison, pour les mêmes motifs, au cours de ces quatre dernières années?
Pour en revenir à notre affaire qui n’a pas encore dit son dernier mot mais qui sera, sans doute, étouffée comme tant d’autres avant elle, il y a lieu de se poser un tas de questions. Comme peut-on disposer d’autant de liquidités en dehors du Trésor ou de la Banque centrale ? Comment l’argent est sorti ? Qui a recommandé le jeune homme pour qu’il puisse disposer de sommes aussi importantes ? Pourquoi les caisses ne sont-elles pas régulièrement contrôlées ?
Dans une armée normale, un scandale de cette nature aurait donné lieu à enquête approfondie, grand déballage, arrestations en série, peines de prison, fortes amendes, démissions et révocations. Dans la nôtre, ce sera, tout au plus, un pétard mouillé. Le Trésor public  se verra dans l’obligation de payer les soldes de la troupe. Et l’on tournera la page… en attendant la prochaine malversation.
                                                                                                                     Ahmed Ould Cheikh



dimanche 24 mars 2013

Editorial : Pour ne pas dire dictature…



Entre Mohamed Ould Bouamatou et le « pouvoir » (euphémisme utilisé par l’homme d’affaires pour ne pas nommer qui vous savez), la tension est à son comble. Sentant l’étau se resserrer autour de sa banque, désormais soumise à un pillage systématique de ses avoirs, par la Banque centrale, sous forme d’Avis à Tiers Détenteur  (les fameux ATD) en provenance du fisc et d’amendes venues de nulle part, Ould Bouamatou a décidé, la semaine dernière, de prendre les devants. En fermant unilatéralement les portes de son institution. N’ayant plus accès à ses dépôts, exclue du marché des changes, incapable de réaliser la moindre transaction, elle n’avait d’autre choix que de mettre la clé sous la porte. Un coup de maître réussi par le banquier qui, dans un communiqué au vitriol, sonne la résistance contre le pouvoir. Groggy, la Banque centrale reste quelques jours sans réagir, avant de contrecarrer en convoquant les responsables de la banque pour leur intimer l’ordre de rouvrir les guichets. Faute de quoi, des mesures seront prises « conformément à la loi bancaire » (ne pouffez pas de rire, SVP, on est en Mauritanie). Une loi sur laquelle cet institut d’émission s’est pourtant sciemment assis, au moment où il fallait porter tort à la GBM. Alors qu’il doit en être le garant. C’est aussi ça, la Mauritanie nouvelle.
Que va-t-il se passer à présent ? La BCM, s’étant subitement rappelée qu’il faut respecter ne serait-ce qu’un tout petit peu de forme, a décidé de prendre la voie « normale ». Elle vient d’adresser un blâme à la banque, en prélude à une série de mesures qui peuvent aller jusqu’au retrait de l’agrément. Mais ce qui s’est passé, avant ? On le passe par pertes et profits ? Les milliards soustraits des livres de la banque, en toute illégalité, ils sont où, monsieur le gouverneur ? Le fait qu’une banque soit dans la ligne de mire du pouvoir vous autorise-t-il à tripatouiller ses comptes ? N’est-il pas de votre devoir de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour éviter qu’une institution financière ne tombe en faillite, au risque d’entraîner tout le système financier dan son sillage ?
Il y a belle lurette que ce pays a perdu toute logique. On cherche noise à un homme d’affaires et, comme il n’est pas en place, on embastille son adjoint, pour des motifs totalement farfelus. Puis on arrête le président d’une initiative mise en place par ses soutiens. Parce qu’on a contesté le fait du Prince, on doit s’attendre à tout. Et il n’y aucun recours contre l’arbitraire. La police peut, aisément, trafiquer des procès-verbaux, la justice envoyer des innocents en prison, le fisc étrangler tout citoyen indocile et la Banque centrale faire ce qu’elle veut avec la loi.
Notre président ne manque pas pourtant une occasion de clamer que nous sommes un Etat de Droit, sans aucun prisonnier d’opinion. Certes, l’arbitraire s’est fait plus sélectif. S’ils avaient tiré sur une innocente ou dilapidé de l’argent public, Mohamed Ould Debagh et El Kory Ould Addad ne seraient certainement pas en prison à l’heure qu’il est. Toujours cette logique « proprement » militaire si spécifique à la Mauritanie où le champ de la plus extrême susceptibilité – celui des (très) gros sous – reste sous (très) sourcilleuse garde. Pour ne pas dire dictature…

                                                                                                                       Ahmed Ould Cheikh

dimanche 17 mars 2013

Editorial : On ne vous dit pas tout



L’affaire Bouamatou a pris, la semaine dernière, une nouvelle tournure, avec l’entrée en scène publique de l’homme d’affaires. Son communiqué de presse, présenté comme « une déclaration de résistance », est, en fait, une offensive tous azimuts, attaquant sur différents fronts. Mais pas sur tous. Et la lecture de ce qui est dit ne sera vraiment audible qu’en tenant compte de ce qui ne l’est pas. Vaste et complexe entreprise dont on ne cernera, cependant, jamais tous les tenants et aboutissants, tant ramifiées sont les implications de ce puissant homme discret, en Mauritanie, sur l’échiquier maghro-ouest-africain et bien au-delà du continent.
Au rayon de ce qui n’est pas dit, le nom de son adversaire, réduit à l’appellation «  pouvoir » qui utilise « la BCM pour régler leurs comptes aux banques et aux opérateurs qui refusent de se plier à l’arbitraire et à l’injustice ». Il est certes facile, dans le contexte d’hyper-personnalisation de cette affaire, dans la presse mauritanienne, depuis son déclenchement, de mettre un nom sur ce « pouvoir ». Mais les fils de « l’arbitraire et de l’injustice » passent, probablement, par des canevas beaucoup plus divers ; en tout cas : assez ; pour justifier l’usage lapidaire du terme « pouvoir ». Monsieur Bouamatou ne déballera donc pas son sac. On n’en attendait pas moins de cet homme très poli et cultivé.       
A défaut de nommer la tête, notre tenace compétiteur a, dans sa ligne de mire, le fusible en chef : le gouverneur de BCM. Le fait que celui-ci ne soit qu’un « instrument, entre les mains du pouvoir », ne l’excuse nullement de mépriser les règles de sa fonction et c’est bien lui que Bouamatou rend responsable de ce que « la BCM a décidé, en contradiction avec ses propres textes, de priver la GBM de l’accès aux devises, des dépôts des entreprises publiques, [etc.] » Et l’homme d’affaires d’enfoncer le clou : les « 18 milliards 123 millions d’ouguiyas » que la GBM détenait, « en ses comptes courants à la BCM », au déclenchement de l’affaire, « ont été virtuellement séquestrés par monsieur le gouverneur de la BCM […] au profit d’intérêts privés clairement identifiés » – on eût aimé plus de détails mais l’omerta est, ici, bombe à retardement – « […] au détriment de l’Economie nationale et des clients de la banque ». Une fois ce constat dressé qui décrit fort bien les éventuelles poursuites judiciaires internationales – en tout cas, au moins politiques internes – qui menacent le servile gouverneur, on voit bien comment s’organise la stratégie de Bouamatou qui précise, publiquement, les chiffres et distingue, clairement, les fronts.
S’attachant à défendre sa réputation et celle de sa banque, l’homme a pris, « personnellement, toutes les mesures propres à permettre la remise », à tous les clients de la GBM, « des « avoirs qu’ils ont confiés [à celle-ci]. » En séparant ceux de moins de dix millions d’ouguiyas – dont les propriétaires sont directement renvoyés à l’avocat de l’homme d’affaires, pour un règlement direct – de ceux supérieurs à ce plancher, amenés, quant à eux, à participer au bras de fer avec la BCM, Bouamatou organise la partie. Au-delà des stricts aspects techniques de ces dispositions, il s’attire, tout s’abord, la sympathie des petits clients, de loin les plus nombreux, et renforce, ensuite, ses capacités d’alliances objectives, dans son combat avec la BCM qui n’est pas sortie de l’auberge, si ces gros créanciers s’avisent de s’unir et de faire front avec la GBM.
D’autant plus que ce front pourrait être – le devrait même au plus haut point, suggère l’homme d’affaires – soutenu par l’Association Professionnelle des Banques de Mauritanie (APBM) qui « serait bien avisée de s’interroger sur le sens qu’elle donne à sa mission ». Soulignant que « personne n’est à l’abri », Bouamatou en appelle, tout bonnement, à une ligue du capital contre l’arbitraire et l’injustice, un concept formidable dont on aimerait bien voir, enfin, la matérialisation, après tant de siècles, disons, frileux. Nous n’avons aucun doute sur la capacité de celle-ci à modifier sensiblement la donne, en Mauritanie qui deviendrait, ainsi, un modèle pour le Monde. Merci, monsieur le banquier, de vous avancer à la pointe de ce noble combat.
En laissant, par ailleurs, « au Gouvernement la responsabilité de la déstabilisation de notre économie et de la destruction de centaines d’emplois qualifiés », Bouamatou s’adresse, indirectement, aux bailleurs institutionnels de l’Etat mauritanien. Les Aides Publiques au Développement (APD) rentrent pour plus de 20% dans le budget national et ces bailleurs ont largement les moyens de faire pression pour que, non seulement, la légalité financière internationale mais, aussi, la stabilité économique du pays ne soient pas inconsidérément remises en question. On notera, ici, combien l’argument laisse à penser qu’a contrario de ce nous suggérions plus haut, le « pouvoir » assaillant serait assez circonscrit…
Que dire, enfin, des comptes réglés, au passage, à la Star Oil et à la SOMELEC ? Péripéties tactiques, probablement. On y apprend que la GBM a des dossiers conséquents, sur un certain nombre de ses gros clients qui devraient éviter de trop se salir, dans cette affaire ; mieux, s’associer activement à la lutte menée par leur banque. On pressent, également, que beaucoup de choses n’ont pas été révélées. C’est, comme disait un célèbre joueur d’échecs, tourmenté à l’idée du coup terrible que son adversaire tenait en sa main, en le différant interminablement, que la menace est bien pire que l’exécution. Une société avertie en vaut donc deux, prévient, poliment encore, le pugnace banquier qui ne semble pas au bout du rouleau, en dépit de son obligée montée en première ligne… L’optimisme ne le quitte d’ailleurs pas. N’affirme-t-il pas qu’« un jour, certainement, cette affaire […] sera considérée comme la plus stupide, la plus folle et la plus injuste de notre histoire économique ? » Nous en sommes, nous, déjà persuadés.
Mais c’est probablement sur le plan de la respectabilité que ce communiqué de presse remet surtout les pendules à l’heure. Monsieur Bouamatou s’y distingue en dignité. Il était temps car si le pouvoir et l’administration se révèlent, en cette affaire, fort peu honorables, c’est encore pire pour la collectivité des deux principaux antagonistes (on est en Mauritanie, après tout), incapable, semble-t-il, de gérer un différend interne sans mettre en péril la Nation. C’est fort triste pour tous ceux de celle-là qui agissent pour le bien de celle-ci mais ça l’est encore plus, pour le quotidien de tous les Mauritaniens qui ont bon dos, certes, mais même bon, un dos a des limites… Il serait également temps que le « pouvoir » s’en souvienne.

Ahmed Ould Cheikh


dimanche 10 mars 2013

Editorial : Quels amis, à l’heure des comptes ?


L’enquête, munitieuse et bien fouillée, publiée en deux temps, la semaine dernière, par le site Afrik.com, sur le pillage organisé de la Mauritanie par une poignée d’individus, a jeté une ombre sur le pouvoir de Mohamed Ould Abdel  Aziz. Parangon auto-déclaré de vertu, champion détribalisé de la lutte contre la gabegie, celui qui se prétendait président des pauvres n’a, apparemment, excellé qu’en une seule chose : l’enrichissement ; mais seulement le sien – « charité bien ordonnée… » – et celui d’une parentèle. Qui, en quatre ans, a fait pire que tous les anciens pouvoirs réunis. Le BTP, les mines, les hydrocarbures, les assurances, les services, rien n’échappe à la boulimie de ce groupe de prévaricateurs new look, si l’on en croit le site en question. Même la SNIM, jadis fleuron de notre industrie minière et qui est toujours restée plus ou moins éloignée de la  médiocrité ambiante, est mise à contribution. Le beau-fils du président y a été recruté séance tenante, sans concours, sans stage, sans essai et envoyé, illico presto, en France, pour une mission de cinquante jours.  Jamais, depuis la fondation de cette société, on aura vu autant d’empressement dans le recrutement d’un employé. Ni aussi peu de finesse. Que représentent 13 500 euros (le montant des frais de mission du beau-fils chanceux), comparés aux retombées négatives que pourrait avoir un tel geste, sur la réputation de l’entreprise et sur l’œuvre du beau-père ? A moins de nous prendre pour des idiots, Ould Abdel Aziz ne pourra plus nous parler d’égalité des chances, d’enrichissement illicite ou de népotisme.
Quelques mois avant son arrivée au pouvoir, Macky Sall disait que le Sénégal avait atteint un tel degré de pourriture que le futur président sera dans l’obligation de faire un état des lieux et de demander des comptes. Une chose à laquelle il s’évertue, depuis qu’il a pris les rênes de ce pays. Les barons du régime de Wade tombent, comme des mouches, et tous ceux qui on profité de leur situation vont répondre de leurs actes devant la justice. Que dire de nous ?  Le Sénégal n’a eu de fâcheux que l’épisode Wade, alors que notre pays est soumis, sans interruption depuis 1978, à des pillards sans vergogne. Les plus naïfs ont cru qu’Ould Abdel Aziz pourrait ouvrir une éclaircie, dans ce ciel sombre mais ils n’ont pas tardé à revenir sur terre. La lutte contre la gabegie ne fut qu’un slogan galvaudé et le naturel n’a pas tardé à revenir au galop, sinon plus vite encore. Et on est allé à la soupe, une nouvelle fois. Mais pas tous, loin s’en faut.  Une dizaine de veinards entrés (pour combien de temps ?) dans les bonnes grâces du prince. Un bon conseil : profitez-en « bien » et assurez vos arrières, avant qu’il ne soit trop tard. Notre Poutine national a la mémoire courte et la reconnaissance n’est pas sa vertu cardinale. Mais, surtout, n’oubliez pas qu’un jour ou l’autre, il va falloir rendre des comptes. Pas bons, ils ne vous feront pas de bons amis…
Ahmed Ould Cheikh

dimanche 3 mars 2013

Editorial : Lourd, très lourd, le fond de l’air…



Les fracassantes révélations de l’ancien capitaine Ely Ould Krombelé sur son ancien compagnon devenu, très opportunément, président de notre République, éclaire d’un jour nouveau certaines facettes du personnage qui a la haute main sur notre destinée, depuis un certain 3 août 2005. Au-delà des accusations à caractère strictement privé et sur lesquelles nous ne reviendrons pas, une, au moins, trouve tout son sens dans le feuilleton qui l’oppose à son cousin et ancien bienfaiteur, Mohamed Oud Bouamatou : le manque de reconnaissance. Le capitaine la révèle en termes crus, sans utiliser les formules d’usage qui permettent, au détour d’une phrase, de dire tout, en peu de mots et en donnant l’impression de ne pas évoquer le sujet. Les deux hommes se connaissent bien. Ils ont été compagnons d’armes et se sont fréquentés pendant de longues années. Aussi le témoignage d’Ely peut-il servir à éclairer l’opinion, sur des aspects méconnus de la personnalité ou du cursus de son ancien camarade. Quand il affirme, par exemple, qu’Aziz ne recule devant rien, pour arriver à ses fins, on ne peut qu’être ‘’admiratif’’ devant la ténacité du personnage qui a tout mis en branle pour se hisser au firmament de la Nation. Alors que rien ne le prédestinait à une telle charge. Parmi la panoplie mise en œuvre pour prendre le pouvoir, s’y maintenir et faire plier ses adversaires, Aziz a, tour à tour, fait jouer la justice, les impôts, la prison, les promotions et les disgrâces, avant de sortir, ces derniers jours, dans son combat à mort contre le groupe BSA, l’artillerie lourde : la Banque centrale.
Jusqu’alors au-dessus de la mêlée et dirigée par un gouverneur censé naviguer hors des turbulences politiques, la Banque centrale n’est plus désormais qu’une arme, aux mains du prince du moment, pour anéantir ses adversaires. Il est vraiment loin le temps où des gouverneurs comme Ahmed Ould Daddah ou feu Ahmed Ould Zeïn donnaient, de la BCM, l’image d’une institution respectable et respectée, n’intervenant, dans le système monétaire qu’en cas de stricte nécessité et en respectant scrupuleusement la loi. De nos jours, c’est à tout le contraire qu’on assiste. Alors qu’elle devrait réguler et toujours chercher à stabiliser l’édifice financier national, en minimisant, notamment, le risque de faillite des banques, voilà que la BCM new-look est en train d’en pousser une au dépôt de bilan, en la harcelant quotidiennement, en l’empêchant d’accéder à ses dépôts, en violant, tous les jours, la loi bancaire dont elle doit être la garante.
Tu as raison capitaine, c’est ça la Mauritanie nouvelle ! Cependant, cette nouveauté commence sérieusement à nous pomper l’air ; non pas, seulement, celui de tel ou tel, faible ou puissant, riche ou pauvre. Mais un plus un, plus un plus un, et dix, et cent, et mille, et un million, ça fait, au bout du compte, beaucoup de monde ! Du coup, c’est dans toute la Mauritanie que le fond de l’air n’est plus frais. Plus frais du tout, de fait. Le climat s’alourdit, général, s’alourdit très fort : va falloir sérieusement songer à mettre de l’eau dans ton zrig et de la tenue dans tes engagements, si tu ne veux pas goûter à l’amertume, réunie, de tous ceux que tu as trompés…

                                                                                                                                 Ahmed Ould Cheikh