dimanche 25 septembre 2022

Editorial: Normalité démocratique à l’horizon ?

 Après une série de réunions avec le ministre de l’Intérieur, dont le coup d’envoi fut boycotté par le RFD et l’UFP – avant qu’ils ne reviennent à de meilleurs sentiments – jamais un consensus sur les futures élections, législatives, régionales et municipales n’a été obtenu avec autant de facilité. Deux ou trois tours de table et c’est parti pour un nouveau round ! Les députés passent de 157 à 167 dont 50% élus à la proportionnelle (contre 55,41% lors de la dernière législature). Clap, clap ! Une nouvelle liste nationale de onze membres est réservée aux jeunes ; Nouakchott aura désormais vingt-et-un députés ; l’élection des conseils municipaux et régionaux se fera en un seul tour ; re-clap ! Sans trop de tractations, un accord a été trouvé. Même si ces changements ne sont pas mauvais en soi, puisqu’ils améliorent le cadre électoral – si l’on excepte le nombre de députés pour une population d’à peine 4 millions d’habitants… – d’autres aspects non moins importants auraient dû être traités. Le choix des candidats et leur niveau d’études, le financement des campagnes électorales, le seuil électoral pour éliminer les petits partis et éviter l’émiettement de l’électorat, la fraude électorale et autres points qui, une fois traités, permettront à notre pays de rentrer dans la normalité démocratique. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui avec le vote ethnique, tribal et régional, l’achat des consciences, l’interférence de l’État et de ses démembrements dans le processus, et tutti quanti… On se prend à espérer, encore… Certes, il faut lever haut le regard pour apercevoir l’horizon où semble pointer enfin le jour attendu. Attention donc à baisser assez souvent les yeux sur ce qui pourrait flanquer tout par terre ! Cela va sans dire mais cela ira certainement mieux en le disant.

                                                                     Ahmed ould Cheikh

samedi 17 septembre 2022

Editorial: Jusqu'au bout, président!

 Après un an de contrôle judiciaire strict, au cours duquel il n’a pas fait beaucoup de bruit et après avoir été dispensé de venir signer à la direction de la Sûreté, l’ex-président Ould Abdel Aziz a retrouvé la liberté. En attendant son procès. Faut-il se réjouir que la justice ait suivi son cours normal sans intervention de l’Exécutif – contrairement à ce qui avait cours sous son magistère – ou déplorer, au contraire, sa lenteur dans un dossier vieux de plus de deux ans et commencer à douter qu’il ne finisse en eau de boudin ? Les avis sont partagés. Et ils ne seront départagés qu’après un procès public et un grand déballage que seuls peuvent craindre ceux qui ne sont pas blancs come neige. Ils sont nombreux, Aziz et sa bande pouvant entraîner dans leur sillage du beau monde. Et ils s’en vantent, paraît-il. D’où le risque de voir l’affaire traîner en longueur, s’éterniser jusqu’à devenir banale…et finir aux oubliettes. L’argent (des milliards sonnants et trébuchants), des terrains, des biens et immeubles ont été saisis mais est-ce suffisant ? Pour une ouguiya saisie, combien d’autres ont échappé aux mailles du filet ? Et le magot planqué à l’étranger ? Le « Casse du Siècle » est loin d’avoir révélé tous ses secrets et, si, de surcroît, ses auteurs continuent à se la couler douce, l’impunité risque de voir encore de beaux jours devant elle. D’où l’urgence pour le pouvoir actuel qui a ouvert cette boîte de Pandore d’aller jusqu’au bout. Laisser la justice faire son travail ne signifie pas fermer les yeux sur ses éventuels manquements. L’enjeu de ce quinquennat, c’est bel et bien l’enracinement d’une démocratie réelle, bien appuyée sur des bases solides. À bon entendeur, salut, Président !

 

                                                                           Ahmed ould Cheikh

samedi 10 septembre 2022

Editorial: L’hypocrisie, tare nationale ?

 N’a-t-on pas encore fini avec la gabegie, les détournements des deniers publics et la prévarication ? Apparemment non ! La preuve vient de nous être donnée par l’Inspecteur général d’État himself. Lors de sa dernière sortie face à la presse, Hacen ould Zeïne a donné le bilan du premier semestre de l’année 2022 et, tenez-vous bien, les chiffres donnent le tournis : 19 missions d’inspection ont contrôlé 180 projets et infrastructures dans 178 communes. 13,8 milliards d’ouguiyas ont été dépensées de manière « inappropriée ». 2,7 milliards d’ouguiyas sont en cours de restitution par des gestionnaires indélicats dont certains (vingt personnes) ont été envoyés directement en prison. Ces détournements sont, pour l’essentiel, des fausses factures (8 milliards d’ouguiyas) dont un montant de 2,4 milliards a été annulé.

On ne peut que rester béat devant une telle situation. Malgré la volonté politique et tout un arsenal dissuasif, le détournement reste le sport favori de trop de nos fonctionnaires. Que faire ? Publier les noms et les photos de ces aigrefins ainsi que les montants détournés, les condamner à de fortes amendes et à des peines de prison incompressibles ; en un mot, les vouer aux gémonies pour que plus personne ne songe à détourner la moindre ouguiya ? Cela les dissuadera-t-il pour autant ? Rien n’est moins sûr dans un pays où le voleur est célébré comme un héros. Il suffit de voir les accueils qui leur sont réservés une fois sortis de prison pour se rendre compte du poids que notre nation doit supporter : celui d’une une société prétendument musulmane mais réellement hypocrite…

 

                                                                        Ahmed ould Cheikh

dimanche 4 septembre 2022

Editorial: Assainir, assainir

 Les mêmes scènes se répètent chaque hivernage. Invariablement. À chaque pluie qui s’abat sur la capitale, les rues se gorgent d’eau qui finit par s’infiltrer jusque dans les maisons, rendant chaotique le déplacement des voitures et des piétons. Des mares se forment un peu partout, lies nauséabondes, lits de moustiques et autres bestioles tout aussi nuisibles...Avec les fortes précipitations successives qu’a connues Nouakchott cette année, la situation est plus que jamais invivable, particulièrement à Dar Naïm, Sebkha et El Mina où, délogées par les eaux, des familles entières sont obligées de quitter leur maison. Même Tevragh Zeïna, le quartier chic où une société chinoise avait installé, il y a quelques années, un système d’évacuation des eaux de pluie, n’a pas été épargné. Ses rues sont gavées d’eau et, en dehors des axes principaux, il est impossible de s’y déplacer.

Jusqu’à quand continuerons-nous à vivre un tel calvaire ? Jusqu’à quand la pluie, ailleurs bénédiction, restera-t-elle malédiction pour nous ?Est-il quelque part écrit que Nouakchott ne sera jamais une ville ordinaire dotée d’un système ordinaire d’évacuation des eaux usées ? Pourtant l’ancien Nouakchott, celui que les fondateurs avaient construit, était doté d’égouts. Mais l’improvisation et l’anarchie qui ont prévalu après 1978 ont fait pousser les nouvelles habitations comme des champignons sans le minimum d’infrastructures. Avec le résultat qu’on vit actuellement. Prix d’une viscérale inconséquence nationale, boulet du chacun pour soi, avec le bout du nez en seul horizon ? Si l’on veut vraiment assainir nos rues, commençons donc par assainir nos neurones…

                                                                   Ahmed ould Cheikh