vendredi 17 novembre 2023

Editorial: Massacre : dix, cinquante ou cent pour un ?

« Dix innocents exécutés au hasard pour chaque colon tué » : tel n’a jamais cessé d’être le châtiment infligé aux peuples résistants à leurs envahisseurs : nazis en France, japonais en Chine, français en Algérie, américains au Vietnam, sionistes aujourd’hui en Palestine… C’est ainsi, citoyen de ce monde, qu’on écrase les rébellions. Et s’il le faut, âme sensible aux droits de l’Homme, ce sera même vingt, cinquante ou cent pour un, si les gouvernements des pays musulmans continuent à laisser la main libre au massacre perpétré à Gaza ! Ainsi en ont décidé les dirigeants de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) réunis le samedi 11 Novembre à Riyad. Oh certes, des « condamnations » de la Sionie, des « exigences » auprès des Nations-Unies, des blablateries en veux-tu en voilà, il n’en a pas manqué, entre verres de thé et plus discrètes coupes d’autre chose en aparté ! Car il fallait bien fêter ça : on avait réussi à éviter le pire, en s’abstenant d’énoncer, tous ensemble et d’un seul bloc, des mesures économiques et politiques punitives à l’encontre du démoniaque oppresseur… mais tout de même obligé partenaire économique et financier, à la tienne ! Soyons donc sages et laissons le boycott des produits sionistes au populo… s’il arrive à se défaire de ses addictions à Coca-cola, Sprite, Fanta et consorts, Danone, Nestlé, Nescafé, Intel et ses Pentium, L’Oréal et Lancôme, Levi Strauss Jeans et Timberland, Mc Donald’s et Burger King, Kleneex… voire, ce serait un comble, à Apple et ses si jolis petits i-pads ; j’en passe et probablement des pires encore… La liste des soutiens à la Sionie est en effet très longue ; mais certainement beaucoup, beaucoup moins que celle du milliard et demi de musulmans… s’ils se décident enfin d’agir, chacun dans sa casbah, dans le bon sens de leur histoire commune. Enfin au secours de nos frères et sœurs palestiniens ! Ahmed ould Cheikh

samedi 11 novembre 2023

Editorial: Une probité mauritanienne à retrouver

Après une décennie de malheurs conclus par le procès pour détournement des biens publics, blanchiment et malversations de tout ordre, la gabegie a-t-elle pour autant reculé dans notre pays ? On serait tenté de répondre par la négative à la lecture du dernier rapport de la Cour des Comptes pour les trois dernières années (2019, 2020 et 2021) qui a révélé d’innombrables cas de mauvaise gestion et de prévarication dans plusieurs départements ministériels. Aussitôt remis au président de la République, il a fait ses premières victimes. En attendant d’autres ? Deux secrétaires généraux de ministère et un haut fonctionnaire ont été sommés de faire leurs bagages. C’est bien peu, serait-on tenté de dire, mais il paraît que beaucoup d’autres ont été priés de rembourser et ne se sont pas fait prier pour s’exécuter. Est-ce suffisant ? Doit-on continuer à limoger à tout bout de champ ceux dont les noms sont cités dans des malversations ? Ou fermer les yeux lorsqu’il s’agit de délits mineurs, exiger de leurs auteurs de passer à la caisse et les maintenir en fonction ? Ce faisant, on fait mine d’oublier le célèbre proverbe français selon lequel « qui vole un œuf, volera un bœuf ». A contrario, une opération « mains propres » ne risque-t-elle pas de dégarnir la haute fonction publique tant la prévarication y est devenue un sport national ? Personne n’aimerait être à la place de Ghazwani. Comment en effet diriger un pays où l’on confond, depuis plus de quarante ans, si aisément deniers publics et deniers privés ? On l’attend avec impatience, cette éducation républicaine et civique où la probité sera réellement ramenée aux nues. Car elle était bel et bien de rigueur, il y a encore à peine cinquante ans… Ahmed ould Cheikh

samedi 4 novembre 2023

Editorial: Grandeur, déchéance… et élévation

Qui aurait pu imaginer que l’homme le plus puissant de Mauritanie pendant plus d’une décennie finirait dans le box des accusés comme un vulgaire voleur de portables ? Qu’après avoir nargué tout le monde avec condescendance, majorité comme opposition, il ne susciterait plus aujourd’hui que compassion ? Comment comprendre la déchéance d’un homme qui n’aura cessé de claironner qu’il ne perdait jamais ? Le procès de l’ex-Président qui se tient depuis quelques mois nous a rappelé au moins deux choses : rien n’est éternel ici-bas et il faut savoir garder les pieds sur terre. Ould Abdel Aziz est en train de l’apprendre à ses dépens. Celui dont le règne fut marqué par une gabegie sans nom s’est sans doute rendu compte que l’argent n’est pas tout et que, lorsque cesse l’impunité, le château de cartes bâti à coups de milliards mal acquis ne peut résister à la première inspection sérieuse. Voilà comment l’on[p1] se retrouve nu, du jour au lendemain, tiraillé entre les commissions d’enquête, les commissariats de police, le procureur et le juge… avant de rejoindre la case prison. Un scénario dont Ould Abdel Aziz aurait bien pu se passer s’il n’avait pas été atteint par ce mal incurable qu’est la boulimie dévastatrice. Enfin bref, les jeux sont faits. Il fallait nécessairement un avant et un après procès de la décennie pour qu’on puisse dire « plus jamais ça ! ». Certes il y en aura encore des prétendants à tenter le contraire – il y en a déjà et tous ne sont pas (encore ?) dans le collimateur des enquêteurs – mais les vingt ans de prison ferme requis par le ministère public devraient en faire réfléchir plus d’un. Le temps s’est rafraîchi. La Mauritanie va-t-elle enfin respirer et se développer à la mesure de ses nombreuses richesses ? C’est au final beaucoup plus à cette ordalie qu’a une sentence répressive qu’on espère voir aboutir le procès de la Décennie. Une ascension, donc, bien plus qu’une déchéance… Ahmed ould Cheikh