samedi 29 mars 2014

Editorial : Président des jeunes, beaux et… riches



Moins d’un an après ‘’sa’’ rencontre avec le (son ?)peuple, en août dernier, à Néma, voilà Ould Abdel Aziz de nouveau face aux (à ses ?) jeunes. Jeudi soir et vendredi soir, pas moins de deux shows ont été organisés, à la Faculté de technologie et de médecine, pour le premier, et au palais présidentiel, pour le second. Quatre cents jeunes ont été ainsi sélectionnés (par qui ?), pour poser des questions au tout nouveau « président des jeunes ». Entouré d’élèves du prytanée militaire et du lycée d’excellence de Nouakchott, Ould Abdel Aziz s’est installé dans un des amphis de la fac, attendant les questions de ladite jeunesse. Le décor était planté, l’ambiance décontractée et, devant nos petits écrans, on s’impatientait d’entendre ce qu’allaient produire nos jeunes. Nous n’avons pas tardé à être déçus. A part deux ou trois qui ont fait preuve d’un tout petit peu de (im)pertinence, les autres se sont révélés de dignes héritiers de la culture de la flagornerie qui a encore apparemment de beaux jours devant elle. Spectacle désolant. Aucun intervenant n’a évoqué l’état désastreux de nos structures de santé, la situation incroyable de nos écoles, la crise politique que nous vivons depuis 2008,  le blocage des salaires et la hausse des prix, les marchés de complaisance, attribués à tour de bras (dont celui de l’organisation de cette rencontre, attribuée à une veinarde, réputée chômeuse mais bénéficiant manifestement d’appuis). Personne n’a essayé d’analyser le profil parental ou tribal des bénéficiaires de ces marchés. On croyait la jeunesse frondeuse et iconoclaste. On la découvre atone, insipide et décevante. Peut-être parce qu’il n’y avait, là, qu’une certaine jeunesse, issue de milieux favorisés et qui se complait dans le luxe et la belle vie. Pour s’en convaincre, il suffisait de jeter un coup d’œil sur le nombre de voitures garées, devant le Palais des congrès où se tenaient les ateliers, le vendredi. Pourquoi n’a-t-on pas choisi des jeunes des quartiers périphériques, issus de familles pauvres, au chômage et non pistonnés ? Ce sont eux qui allaient poser les vrais problèmes. Mais personne ne pouvait se hasarder à donner la parole à un pauvre. Un jeune sans perspective, défavorisé dès sa naissance et qui voit ses proches souffrir, ne se complaira pas dans la bassesse. Il n’a, déjà, rien à perdre. Alors, autant cracher la vérité, toute crue ! Ce que n’apprécie que très modérément notre guide éclairé. Ne se crispe-t-il pas, sitôt qu’un intervenant sort, à peine un chouïa, des sentiers battus ? Si plusieurs l’avaient assailli de questions embarrassantes, il aurait bien pu ne pas finir la soirée. C’est ce que les organisateurs voulaient éviter, à tout prix, en triant les participants sur le volet et en écartant, systématiquement, tout jeune ayant déjà flirté avec un parti d’opposition ou traînant la réputation d’être un peu « dur d’oreille ».
Le lendemain soir, dîner à la Présidence et voilà « notre » vaillante jeunesse à rendre ses (pâles) copies. On a lu les recommandations des différents ateliers. Et écouté, religieusement, le président déclarer qu’il en prendrait le plus grand soin. Tout comme avec ses promesses de campagne dont plus personne, d’ailleurs, ne se souvient. Un président en campagne ne promet pas seulement  aux jeunes mais à tout le monde. Ne dit-on pas, à juste titre, que les promesses n’engagent que ceux qui y croient ?
                                                                                               Ahmed Ould Cheikh

samedi 22 mars 2014

Editorial : Pastiche de civilisation



Le Conseil des ministres a décidé, lors de sa dernière, de fixer la convocation du collège électoral au 31 mai prochain, pour le premier tour de la présidentielle. Sans autre forme de procès ni concertation avec quiconque. Pas plus la COD, qui vient d’achever un forum à l’issue duquel ont été posées les conditions préalables à tout dialogue avec le pouvoir, pour cette élection ; que l’opposition dite dialoguiste, dont un des leaders vient de se faire coopter, par le gouvernement, pour le poste, très honorifique, de président d’une coquille vide, dénommée « Conseil économique et social » ; ni, moins encore, la CENI, censée fixer, elle, la date et organiser le scrutin ; n’ont été, semble-t-il, averties de cette décision gouvernementale pourtant lourde de sens. Puisqu’elle permettra, aux citoyens, de choisir celui censé présider aux débats de leur république et conduire l’Etat gestionnaire du territoire de leur nation, au cours des cinq prochaines années. Mais pourquoi s’embarrasser de formalisme, quand notre guide éclairé, à l’image d’un Kim Jong-Un de Corée du Nord, semble faire sienne la devise « j’y suis, j’y reste » ? Au risque de se voir ridiculisé, en l’absence de challengers sérieux et crédibles, par un score identique à celui de cet enfant dictateur.
Sachant pertinemment que nul, nanti d’un minimum de bon sens, n’acceptera de se mesurer à lui, alors que les dés sont pipés et qu’il détient tous les leviers de commande, c’est au pas de charge que notre général défroqué n’entend plus perdre de temps. Il avait reculé les élections municipales et législatives de plus de deux ans, histoire de creuser, un peu plus, le fossé qui le sépare de l’opposition et mettre celle-ci à hue et à dia. Le voici, donc, poussé par les vents et marées qu’il s’est, si habilement, ingénié à diviser, prêt à se battre, tel Don Quichotte, contre quelques moulins à vent. Qu’on postera, ici et là, pour faire pots-de-fleurs… Tant « pis » si l’opposition, ce « tigre en papier », pour reprendre l’expression du nouveau et bouillonnant ministre de la Communication qui n’en rate pas une, ne veut pas descendre dans l’arène et refuse de voir les « grandioses réalisations ». Les partenaires au développement incitent au dialogue et à l’ouverture ? La situation intérieure est de plus en plus tendue, du fait de la hausse des prix, du blocage des salaires et du chômage galopant ? Broutilles, tout cela. Allez, allez, trouvez-moi ces moulins et en avant, marche, en rang par deux !
Notre bien aimé guide ne voit que le bon côté des choses. C’est une bénédiction qu’Allah nous a envoyée et nous n’avons pas le droit de ne pas en profiter. D’ailleurs, s’il pouvait se passer de cette foutue élection, le pays ne s’en porterait que mieux. Quatre milliards, au bas mot, partiront en fumée. Aïe ! Pourquoi ne pas les économiser avec les autres milliards qui dorment dans les caisses de la Banque Centrale ? Notre président a une relation particulière à l’argent : il n’aime pas que les autres y touchent. Proposons-lui donc de garder nos (ses) ouguiyettes et de nous faire l’économie d’une élection qui ne servira qu’à les dépenser. D’ailleurs, pourquoi ne pas lui signer un nouveau bail de cinq ans en des lieux qu’il s’est appropriés depuis belle lurette ? Je vous le demande. Est-il même jamais sorti par la fenêtre pour revenir par la porte ? Le 6 août était la démonstration, éclatante, qu’il n’avait jamais eu l’intention de laisser le pouvoir aux civils, qu’il ne leur avait jamais laissé, en fait. C’était pour du beurre. Mais il a, cependant, consenti à s’habiller comme eux. Ah, quand même… Donner, au pouvoir, une apparence de civilité, c’est déjà beaucoup ! La question n’est donc, évidemment pas, de construire une démocratie. Pas encore. Puisque nous en sommes, toujours, à seulement singer une civilisation. 
                                                                                                   Ahmed Ould Cheikh

samedi 15 mars 2014

Editorial : Ça sent le roussi !



La profanation, la semaine dernière, d’un ou de plusieurs exemplaires du Saint Coran – on ne sait toujours pas qui croire dans cette affaire – et les manifestations qui s’en sont suivies a mis, en quelques heures, Nouakchott à feu et à sang. Au soir du dimanche 2 mars, des protestataires, venus de divers quartiers de la ville, ont afflué vers la Présidence où les attendaient, de pied ferme, plusieurs compagnies de police. Courses-poursuites, pluies de grenades lacrymogènes, bastonnades, toute la panoplie de l’anti-émeute au rendez-vous. Jusque tard dans la soirée, les abords du Palais gris ressemblaient à un champ de bataille. Le lendemain, rebelote ! Mais cette fois, patatras ! Un jeune étudiant fait les frais de la répression. Asphyxié par les gaz, il décède avant qu’on puisse lui porter la moindre assistance. D’autres sont grièvement blessés. Tout le centre-ville gagné par la fronde. On dirait Tunis ou Le Caire, au plus fort du printemps arabe. Sauf que, chez nous, les révolutions ne durent qu’une journée. Mais le pouvoir a, tout de même, senti le vent du boulet. Ou saisi son opportunité. Car le voilà à entreprendre un sérieux tour de vis. Premiers vis(s)és : les islamistes de Tawassoul, désignés comme les animateurs de cette mini-révolte. Leur principale ONG, celle qui leur permettait, selon le pouvoir, de drainer des financements, est interdite et ses biens, saisis. Le point de santé, où ils dispensaient, à prix symbolique, des soins aux indigents, est fermé quelques heures, avant d’être autorisé à rouvrir ses portes. Le nouveau ministre de la Communication, qui a retrouvé sa verve – il était le porte-voix du bataillon de députés frondeurs contre Sidioca – après l’avoir momentanément perdue, monte au créneau. Il accuse, en termes à peine voilés, les islamistes d’avoir organisé les derniers mouvements de rue. Prélude à la dissolution de Tawassoul ? L’hypothèse était envisagée, depuis quelques temps déjà, mais on ne savait pas comment la mettre en pratique.
Cascade d’interrogations, donc. Qui a intérêt à ce que le Saint Coran soit profané, en ce moment précis ? Et si tout ceci n’était qu’un montage ? Les émeutes de la semaine dernière, un vulgaire prétexte pour se débarrasser d’un parti devenu gênant, à la veille de la présidentielle, et qui milite pour un candidat unique de l’opposition ? Une hypothèse qui doit donner des frissons dans le dos de certains : devant un tel adversaire réunissant tous les mécontents, Ould Abdel Aziz ne serait même pas assuré de sortir en tête du premier tour…
Certes la confrontation, entre les régimes, monarchiques ou militaires, et les Frères musulmans est aussi dans l’air du temps et Ould Abdel Aziz ne veut pas rater ce train-là. Ne serait-ce que pour rentrer dans les bonnes grâces de l’Arabie Saoudite. Qui lui a dépêché son ministre des Finances, lors du Forum des investisseurs arabes, et obligé le président de la BID à passer, en coup de vent, à Nouakchott, pour démentir l’information selon laquelle son institution renonçait au financement de l’extension de la nouvelle centrale dual de la capitale. De petits gestes qui ne s’oublient pas. Cette même Arabie qui vient de déclarer les Frères musulmans organisation terroriste, en rappelant son ambassadeur au Qatar, considéré, par Riyadh, comme le principal bailleur de ce mouvement. Serions-nous à ce point suivistes ? La Mauritanie, le pays du million de moutons ?
En tout cas, l’atmosphère actuelle n’augure rien de bon. Elle rappelle, étrangement, les dernières années d’Ould Taya, lorsque la guerre était ouvertement déclarée aux islamistes et leurs leaders jetés en prison, sans autre forme de procès. Mais elle indique, très précisément, la route à suivre pour l’opposition : refuser la dichotomie – une de plus – que le pouvoir, selon un plan prémédité ou opportunément conjoncturel, peu importe, entend imposer au peuple mauritanien, entre islamistes et non-islamistes. Si, comme tous les indices objectifs semblent le démontrer, le pouvoir – ou tel ou tel de ses supporters – est le véritable chef d’orchestre des derniers événements, il a peut-être justement commis, à si brève échéance de l’élection présidentielle, l’erreur, fatale, qui va liguer jusqu’aux plus inliguables derrière un, ou plusieurs, candidat(s) de l’opposition. Et l’on n’a pas fini, probablement, d’entendre hurler les sirènes policières, d’ici l’élection. A moins que ce ne soit celles des pompiers : vous ne trouverez que ça sent drôlement le roussi, du côté de la Présidence ?
                                                                                                                                Ahmed Ould Cheikh

samedi 8 mars 2014

Editorial : Être ou ne pas être…



Le Forum pour la Démocratie et l’Unité (FDU) s’est ouvert le vendredi 28 février, non sans quelques soubresauts, le RFD menaçant de ne pas y prendre part. Après avoir senti le vent du boulet, les organisateurs s’en sortent avec plus de peur que de mal. Il aurait été, en effet, inconcevable qu’une manifestation de cette envergure et sur laquelle beaucoup d’espoirs sont fondés, se tienne sans le plus grand parti d’opposition. Mais cette éventualité, annoncée deux jours avant le début des travaux, n’était, en fait, qu’une manœuvre destinée à rendre à César ce qui lui appartient. Autrement dit, un peu plus de considération pour le poids de ce parti et une reconnaissance, pour son parcours dans l’opposition. Bref, il a fini par obtenir gain de cause, quelques heures avant l’ouverture de la grande messe, à l’issue d’une réunion-marathon de son bureau exécutif. Ould Daddah pouvait, désormais, présider la cérémonie d’ouverture et prononcer le discours annonçant le début du conclave. La face était sauve.
Les participants se sont, en suivant, répartis entre plusieurs ateliers, pour plancher sur la situation du pays et définir les voies et moyens d’en sortir, avant qu’il ne soit trop tard. A quoi faut-il donc s’attendre, après trois jours de palabres non-stop ? Une feuille de route pour dépasser la crise où nous débattons depuis 2008 ? Un manuel de procédures, pour des élections consensuelles et transparentes ? Un canevas de mesures urgentes, pour faire, de notre pays, un État « normal » ? Tout cela est bien beau et tout citoyen, un tant soit peu honnête, ne peut rêver mieux pour sa Nation. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Comment le pouvoir réagira-t-il aux propositions concrètes qui ne manqueront pas d’émaner du Forum ? De quels moyens disposent l’opposition, la société civile et les autres participants au FDU, pour amener celui-là à s’asseoir autour d’une table et discuter ? Pourquoi devrait-il lâcher du lest, alors qu’il a toutes les cartes en main ? Et, si jamais il faisait preuve d’un peu de volonté contraire, qui pourrait l’obliger à céder ? Certes, l’intérêt du pays est en jeu et tout le monde tirera le plus grand bénéfice à dépasser la crise qui nous plombe, depuis quelques années, mais il faut, d’abord, lever la barrière psychologique sur laquelle se brisent les meilleures volontés du monde.
Ould Abdel Aziz doit tout faire, lui, pour se départir d’un des plus pénibles défauts qui lui collent aux pieds, depuis les accords de Dakar : ne pas faire grand cas de ses engagements. Mohamed Ould Maouloud disait, récemment, dans une comparaison peu flatteuse, que Maaouya était dur en négociations mais qu’avec lui, on pouvait considérer, quand il cédait sur un point précis, que c’était acquis. Ould Abdel Aziz semble, au contraire, tout accepter d’emblée, mais au moment de passer aux actes, c’est une toute autre paire de manches… Et ce d’autant plus facilement qu’en face, son opposition s’acharne, obstinément, à ne jamais se mettre d’accord. On comprend qu’il dorme, le béat, très paisiblement sur ses deux oreilles. Faut-il donc s’apprêter, dès maintenant, à rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans, avec ce président qui n’aura cessé de nous promettre la lune, durant six ans, pour mieux nous asservir à ses étoiles et celles de ses collègues galonnés ? C’est maintenant, à quelque quatre mois de la présidentielle, que l’opposition doit nous montrer autre chose qu’un grouillement de crabes.  Le temps presse. Chaque jour qui passe dans le combat des chefs consolide le pouvoir en place. Ce n’est pas, seulement, qu’on ne peut pas être et avoir été, c’est, très concrètement aujourd’hui, qu’il s’agit de choisir, entre être… et ne pas être.

Ahmed Ould Cheikh

dimanche 2 mars 2014

Editorial: Tournis

Cette semaine a eu lieu un événement totalement inédit, une première dans l’histoire politique de notre pays ; un scoop, comme diraient les journalistes en mal de sensations, une rencontre qui va décrisper, définitivement, la scène politique : le Premier ministre a reçu Ould Maouloud, le président de l’UFP. Au menu des discussions, la future élection présidentielle et les voies et moyens de la rendre consensuelle et transparente. Comme si les deux hommes ne s’étaient jamais rencontrés par le passé. Comme si le pouvoir n’a jamais exprimé, du bout des lèvres, il est vrai, son désir d’associer toutes les parties à la préparation des élections. Comme si Messaoud et Boydiel, les maîtres d’œuvre du dialogue de 2011, ne s’étaient jamais fendus de déclarations sur les bonnes intentions de ce pouvoir. Comme s’il n’y a jamais eu d’accords de Dakar, paraphés devant la Communauté internationale. On veut, à présent, nous faire croire que le président est animé de la meilleure volonté du monde pour que l’élection présidentielle soit incontestable et incontestée. A présent qu’il a organisé « ses » élections municipales et législatives, gagnées haut la main, en l’absence de challengers sérieux et crédibles, et qu’il dispose d’une confortable majorité à l’Assemblée, il peut voir venir. A ce rythme, la présidentielle ne devrait lui être qu’une simple formalité. Mais pourra-t-il continuer sur cette voie sans casse ? Certes les principaux partenaires du pays, notamment les Occidentaux, pour qui Aziz paraît la meilleure garantie contre le terrorisme et l’immigration, se complaisent encore dans cette situation. Mais pour combien de temps ? La France, notre principal allié, se sent de plus en plus gênée par le soutien apporté, ouvertement, à un régime d’essence putschiste. D’où son appui, encore discret, certes, mais déjà bien réel, au forum que l’opposition organisera, dans les prochains jours, pour débattre de la prochaine présidentielle. De là à dire qu’elle commence à lâcher Ould Abdel Aziz, il n’y a qu’un pas que personne ne se hasarde, encore, à franchir.
Désormais, plus personne n’est dupe. Tout le monde s’est rendu compte que les dernières élections n’étaient qu’une mascarade, organisée par entêtement. Et qu’elles ne reflètent, en rien, la véritable carte politique du pays. Pire, elles ont aggravé la crise que nous vivons depuis 2009 et accentué le fossé entre le pouvoir et l’opposition radicale. Qu’on ne s’y trompe donc pas. Dans ces conditions, une présidentielle ne servira pas à grand-chose. Ould Abdel Aziz en est déjà conscient. D’où les appels du pied de son Premier ministre, qui a déjà rencontré Ould Maouloud et demandé à voir Ould Daddah. Qui lui a opposé une fin de non-recevoir. Déjà échaudée par les expériences passées, l’opposition refuse, à présent, de jouer les faire-valoir. Et d’être utilisée pour crédibiliser une élection sur laquelle elle n’a aucune prise. Commission électorale, administration, fichier électoral, tout est entre les mains du pouvoir. Comme si, dans un match, l’arbitre, censé être neutre, appartenait, ouvertement, à un camp. C’est ce que l’opposition a compris, en 2013, rejetant le processus dans son ensemble. Il est peu probable qu’elle ne se fasse prendre, cette fois.
Quand et comment prendra fin le tourne-en-rond qui fige notre pays ? Plus exactement, qui ne cesse de l’enfoncer, chaque jour un peu plus, dans un système pervers où la flagornerie, le passe-droit et la concussion font office de compétences, sont les seules susceptibles de mener aux postes de « responsabilité ». C’est dire que l’incompétence et l’irresponsabilité sont de règle. Une pourriture que seule une réelle démocratie, assurant de vraies possibilités d’alternance, est à même de nettoyer. En exigeant, des gouvernants, autres résultats que de la poudre aux yeux. Et encore, cela prendra du temps, au prix de probables convulsions, dangereuses, certes, pour une nation aussi jeune que la nôtre. Alors, il ne nous reste plus qu’à tournicoter, en attendant le prochain coup d’Etat ? J’en ai le tournis…
                                                                                                       Ahmed Ould Cheikh