dimanche 21 août 2022

Editorial: Juste un répit

 Ils étaient tous là, en ce vendredi 5 Août à l’ancien Palais des congrès. Parés de leurs plus beaux atours dans un spectacle déjà vu par le passé. Ils, c’est-à-dire les partis dits de la majorité présidentielle qui battaient le rappel de leurs troupes pour célébrer le troisième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président Ghazwani. Une arrivée, on s’en souvient tous, dans des conditions si chaotiques que le fils des marabouts pouvait symboliser l’espoir de rompre avec une période sombre de notre histoire. Son discours de campagne avait fini de convaincre les plus sceptiques que le profil de l’homme tranchait nettement avec celui qu’il allait remplacer à la tête du pays. Calme, pondéré, capable d’écoute, il était à mille lieues du caractère impulsif et fougueux de son ami de quarante ans. Sa nature l’a-t-elle desservi ? L’a-t-elle empêché, une fois aux affaires, de donner le coup de pied dans la fourmilière que tout le monde attendait ? Procédant par changements à doses homéopathiques, il n’a pas tardé à être confronté à d’innombrables difficultés. D’abord la situation économique difficile dont il avait hérité et qu’il fallait gérer au plus vite. Ensuite la crise du Covid 19, celle économique et tout aussi mondiale qui en a résulté et, enfin, les conséquences de la guerre en Ukraine. Faire face à tous ces défis en trois ans et s’en sortir sans sortir sans trop de casse est une gageure. Ghazwani l’a réussie. Il faut le lui reconnaître. Mais cela ne le disculpe pas pour autant. Il n’est donc question que de répit. Le peuple est à bout. Il est grand temps de s’occuper des grands dossiers, accomplir les profondes réformes dont le pays a besoin, choisir les hommes qu’il faut hors de toute autre considération que la compétence et l’intégrité…Oser enfin le changement.

 

                                          Ahmed Ould Cheikh

dimanche 7 août 2022

Editorial: Loups gras, faméliques dindons

 2 Août 2019- 2 Août 2022, voilà trois ans qu’une page sombre de notre histoire a été tournée avec le départ d’Ould Abdel Aziz et l’arrivée de Ghazwani au pouvoir. Après une décennie de gabegie, de prévarications et de détournements de deniers publics comme le pays n’en a jamais connus auparavant. Dix ans de népotisme, de pillage à ciel ouvert, de favoritisme à peine voilé. Une période qu’au  final personne n’a regrettée. Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire donnera d’ailleurs une idée – pas si approfondie que ça, disent certains – de l’ampleur du casse auquel ce pauvre pays a été soumis au cours de cette étape. Mais, trois ans plus tard et malgré les arrestations, les déclarations de bonnes intentions, les contrôles judiciaires, les milliers d’heures d’interrogatoires et les preuves, accablantes, aucun procès ne s’est encore tenu et le Trésor public n’a récupéré aucune ouguiya. Les liquidités, les biens, meubles et immeubles sont dit-on, sous séquestre… en attendant que la justice tranche. En tout état de cause, l’opinion semble se lasser d’un processus dont elle ne voit pas le bout et commence à craindre qu’elle ne se retrouve, une fois de plus, le dindon de la farce. Occupée qu’elle est par les soucis du quotidien – hausse des prix des produits alimentaires et du transport qui la saigne aux quatre veines – elle a sans doute d’autres chats à fouetter que de s’occuper de ces affaires de « grands » qui, comme beaucoup d’autres, finissent toujours en eau de boudin. Et certes : si les dindons picorent ce qu’ils peuvent, les loups ne se mangent pas entre eux.

                                                      Ahmed Ould Cheikh