dimanche 28 février 2010

Messaoud Ould Boulkheir, président de la COD : ‘’Pourquoi Ould Abdel Aziz ne matérialise pas son programme ? Tout simplement parce qu’il n’en a pas’’

Le Calame: l’opposition vient d’achever sa restructuration ou sa réorganisation. Une coalition a été mise sur pied. Quelle est son ambition? En quoi la COD sera-t-elle différente du FNDD? Quels actes entend-elle poser pour infléchir le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz?
Messaoud Ould Boulkheir : Bien, d’abord, je vous remercie de m’interroger. La Coordination de l’Opposition Démocratique est différente du FNDD, en ce sens qu’elle est plus large, plus ouverte que le Front qui était un ensemble assez restreint de partis, actifs certes, mais il manquait certains, absents pour des raisons que vous n’ignorez pas. Aujourd’hui, la COD regroupe un panel de partis opposés au pouvoir d’Ould Abdel Aziz, qui ont décidé de mettre en place une telle coordination, plus large. Notre ambition, à travers ce cadre, est, d’abord, de rétablir l’unité de l’opposition car, lors qu’on est en face d’un pouvoir très peu démocratique, je le dis sans ambages, et qui, apparemment, est déterminé à faire de la politique, on est soumis à un rapport de forces où le plus fort écrase le plus faible. Cette situation nous contraint à rebâtir une opposition plus unie, mieux à même de fonder un nouveau rapport, pour inciter le pouvoir à beaucoup plus de compréhension et de retenue, dans la conduite des affaires de l’Etat. Nous avons donc mis en place cette coordination qui vient de se doter de structures appropriées et qui m’a fait l’honneur de la présider pour deux mois, c’est une présidence tournante. Une des conséquences de cet accord est que l’APP a décidé de mettre fin à sa réserve, vis-à-vis de l’institution de l’opposition démocratique, présidée par notre collègue Ahmed Ould Daddah. Jusque là, nous n’avions pas adhéré à cette structure mais, dans la dynamique de refonte de l’opposition et d’une structure unitaire plus solide, nous avons révisé notre position.
Quels actes entend poser la COD pour peser sur le pouvoir?
Très sincèrement, les actes que nous entendons poser ne seront pas plus que de mettre à nu les faiblesses du gouvernement. Il s’agit, comme vous le savez tous, des nombreux rendez-vous manqués du président, parce qu’en fait, le régime a développé, depuis sa prise de pouvoir, un discours tout à fait populiste, influençant le choix des populations qui n’ont jamais entendu de pareils propos de la part des gens qui les ont dirigés jusqu’ici. Cela va des promesses fallacieuses: distribution de terrains à usage d’habitation, satisfaction de tous les besoins «parce que le pays est riche, il a des moyens, il n’a pas besoin de l’aide des partenaires au développement», etc. Personne, avant Ould Abdel Aziz, n’avait jamais eu la maladresse de parler de la sorte aux citoyens. On peut développer un tel discours, pendant un bout de temps, mais ça finit, toujours, par s’estomper, on se rend à l’évidence qu’on est en train de tromper l’opinion, en lui donnant des rendez-vous qui ne seront jamais respectés. Et ça, ça use et déprime. Aujourd’hui, la grogne commence. En terme de distribution de terres, le problème reste entier, rien n’a été distribué aux nécessiteux. Moi, je fréquente le quartier Hay Saken dont Ould Abdel Aziz fait son cheval de bataille. La plupart de ceux qui ont obtenu des terrains n’en avaient pas du tout besoin. La preuve: ils sont en train de les vendre et la spéculation atteint des millions. L’injustice a été érigée en règle et il arrive qu’au sein d’une même famille, certains s’en sortent avec plusieurs lots, quand d’autres doivent se contenter de la portion congrue. J’ai discuté avec les gens: que d’injustices! Ceux qui avaient fermement soutenu Ould Abdel Aziz, président ou général, ça m’est égal, commencent à dénoncer les travers de son pouvoir. Ils dénoncent le manque d’équité et de transparence dans la distribution. Pour donner des terres aux proches du général, on a contraint d’autres à déguerpir.
En termes de pouvoir d’achat, la situation est loin d’être rose: les prix grimpent de façon exponentielle. Au lieu de réduire les charges des démunis, on en rajoute et je crains que le pays n’entre dans un cycle de d’émeutes, parce que tout devient trop cher, aujourd’hui. Trop de faux rendez-vous et de promesses mirobolantes, intenables, faites aux fonctionnaires de l’Etat et au peuple, alors qu’en réalité, la manne ne profite qu’à un cercle de proches. Les promesses de régler le problème des logements et de transport se sont révélées un fiasco, un coup fourré, une montagne accouchant d’une souris. Résultat, le front social bouge et se prépare à la grève, parce que ce qu’on leur propose ne correspond à rien du tout.
C’est comme la lutte contre la gabegie, contre les moufcidines, comme le général aime les appeler. Quand on observe de près, il n’est entouré, justement, que de moufcidines, c’est à se demander, même, s’il n’en fait pas partie. Je rappelle qu’il avait prétexté son coup d’Etat, en hurlant au retour des barons de l’ancien régime qui contribuait au retour de l’ancien président Maaouya. Mais tous ceux qui l’entourent, aujourd’hui, sont ceux-là mêmes qui entouraient, avec lui, Ould Taya. On ne voit donc aucun changement, ce sont les mêmes qu’on prend pour recommencer le même puzzle.
En matière de bonne gestion, on n’est pas, non plus, avancé. Lors de la déclaration de politique générale du PM, il a été exhibé une lettre, adressée au président de la commission nationale des marchés, l’enjoignant d’attribuer, de gré à gré, un marché de 7,2 millions de dollars, pour un investissement au niveau de l’hôpital national. Ce marché a ainsi été attribué à une société inconnue de la place, via un courtier proche du président ou du PM. Voilà les pratiques que le général dit combattre depuis son arrivée au pouvoir. Nous les dénonçons de façon démocratique et de manière suffisamment forte, pour montrer au peuple que le général est en train de le tromper. Il en va de même de son aversion au dialogue.
Lors de la conférence de presse marquant le lancement des activités de la COD que vous présidez, vous avez violemment critiqué le pouvoir d’Ould Abdel Aziz, alors qu’à l’ouverture de la session parlementaire 2009-2010, vous sembliez avoir tourné la page de la présidentielle. Certains y avaient vu, d’ailleurs, une main tendue au président Mohamed Ould Abdel Aziz, ce qui n’a pas manqué, naturellement, d’agacer vos partenaires de l’opposition, notant, par exemple, votre peu de cas de la détention arbitraire du journaliste Hanefi. Faut-il y voir une déception ou la volonté de l’opposition de marquer son territoire, au moment où le front social est en pleine ébullition: montée des prix et menace de grève?
Parfaitement. Il faut, cependant, faire la part des choses. Entre ma position, au perchoir de l’Assemblée nationale, et mon rôle de président d’un parti politique ou d’une coordination de partis politiques. En tant que président de la chambre la plus représentative de la République, je dois veiller et défendre les intérêts supérieurs de la nation, du pays; mes fonctions m’obligent, donc, je dois faire montre de modération, de retenue, pour ne pas être un pyromane. Effectivement, j’ai beaucoup dosé afin de montrer la voix à suivre pour solder, définitivement, la crise. Malheureusement, il n’y a pas eu de répondant, le président est resté sur sa position, celle de prendre le pouvoir par la force et de s’y maintenir par la force, auquel rien ne résiste. Il reste sur sa logique d’aplatir tout le monde; tout le monde doit venir faire des courbettes devant lui. Je trouve que ce n’est pas une bonne attitude. Bien que je ne regrette pas de m’être mis dans de telles bonnes dispositions, dans la peau qui est la mienne, celle de défendre les intérêts supérieurs du pays, j’ai tenu, dans les locaux de mon parti, radical et clair sur ses positions, à parler de façon tout à fait limpide. A l’APP, nous pensons que l’opposition n’a ménagé aucun effort pour faire montre de sa disposition au dialogue et sortir le pays de l’impasse politique mais, hélas, nous nous trouvons devant un mur et nous en tenons Ould Abdel Aziz pour responsable, puisqu’il est, ici, plus dans son rôle de général que de président de la République. Plutôt de choisir un clan ou de rester un dictateur, il devrait s’ouvrir beaucoup plus, parce qu’il préside un Etat, une nation. Nous avons besoin d’un chef vraiment impartial. Quant à nous, opposition, nous sommes, nous, dans notre rôle, nous critiquons toutes les tares, tout ce qui nous ramène en arrière, puisque c’est sur cette idée que le pouvoir a surfé pour justifier son coup d’Etat.
En terme de sécurité, nous avons enregistré plus de morts par faits terroristes, sous le règne d’Ould Abdel Aziz que sous celui du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. A l’époque, nous rappelions que c’était celui-là, le chef omnipotent, omniprésent, chef invincible de notre armée de terre, de l’air et de mer, des sous-marins, des souterrains, etc. On ne pouvait, à l’époque, procéder à une quelconque nomination ou affectation, sans son aval. Selon nos informations, il régentait tout, c’est donc Ould Abdel Aziz le responsable de ce qui est arrivé. S’il fut aussi remonté contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, lors de l’assassinat des quatre français ou des premières hausses des prix, il aurait dû, en suivant et en toute logique avec lui-même, démissionner, lors des autres rapts et massacres d’étrangers ou Mauritaniens, sans parler de la flambée interminable des prix. La différence entre nous, progressistes démocrates et lui, c’est que nous, nous croyons à ce que nous disons, si nous trouvons des solutions, nous allons les appliquer, tandis que son discours se contente d’endormir le peuple pour arriver à ses fins et quand il y arrive, il ne tient plus compte de rien.
Quelque sept mois après l’élection présidentielle, on ne note aucune amorce de dialogue entre le pouvoir et l’opposition, en dépit des accords de Dakar, ce qui n’a pas empêché les parrains desdits accords de reprendre leur coopération avec la Mauritanie. Aujourd’hui, avec un peu de recul, ne pensez-vous pas que l’opposition a été flouée par Mohamed Ould Abdel Aziz et la communauté internationale? Pourquoi avoir accepté d’aller à l’élection, alors que les dés étaient pipés?
Nous, nous sommes demandeurs de dialogue, parce que notre conviction est qu’il est l’ultime moyen de résoudre les problèmes du pays. Problèmes d’ordre politique, économique et sécuritaire. Mais, contrairement à ce que son entourage pense – le poussant à refuser tout dialogue, synonyme, pour eux, d’entrée de l’opposition au gouvernement, partage des responsabilités, réduction de leurs «parts de marché» – nous estimons que le dialogue ne signifie pas, nécessairement, la participation à la gestion des affaires de la République. L’objectif, pour nous, n’est pas d’entrer dans un quelconque gouvernement. Qu’ils se rassurent! Dialoguer signifie, pour nous, identifier, ensemble, les maux dont souffre le pays, afin d’y apporter des solutions, consensuelles, de s’entendre sur les modalités d’une cohabitation apaisée, entre l’opposition et le pouvoir, de se mettre d’accord, ensemble, sur les échéances électorales, sur les voix et les moyens de les organiser dans la transparence, sur les moyens adéquats pour éradiquer le terrorisme: en somme, comment faire fonctionner notre démocratie. A notre avis, pour juguler le terrorisme, par exemple, notre pays a besoin de l’apport de ses fils mais, aussi, de nos partenaires étrangers. Nous pensons que la voix suivie par le pouvoir n’est pas la meilleure parce que le chef de l’Etat est en train de mettre à mal plus puissants que nous, plus nantis que nous. Ce n’est pas en mettant, aux frontières, des forces armées sur le qui-vive ou en déployant nos maigres moyens qu’on arrivera à résoudre le problème terroriste; le terrorisme, il faut en prendre conscience et le partager avec tout le monde, majorité et opposition. Se donner la main pour défendre ce que nous avons de plus cher, de plus commun, à savoir notre pays.
A vous entendre, on a l’impression que le dialogue amorcé par le pouvoir et les islamistes de l’AQMI est inopportun?
Je ne le pense pas. On m’a posé cette question et j’ai donné mon avis. J’ai dit que je ne suis pas contre ce dialogue, je trouve même qu’il vaut mieux dialoguer que de rester sur des positions retranchées. Le dialogue est une bonne voie mais il ne doit pas rester exclusif, puisque c’est de l’intérêt national qu’il s’agit, ici. Les solutions au danger terroriste ne doivent pas sortir, exclusivement, du chapeau de celui qui a la charge des destinées du pays, il doit être le fruit d’une large concertation des partenaires nationaux, de tous ceux qui peuvent contribuer, de près ou de loin, à la recherche d’une solution durable. Mais décider, par soi-même, ou agir, sous la pression de tiers, ne résout pas le problème. S’il y a un reproche à faire, c’est sur le caractère unilatéral du décret de dialogue par le pouvoir, omettant d’y associer les autres acteurs politiques du pays, ceux de la société civile… Et tout de même: dialoguer avec des étrangers et des groupes qui ont dit non à la démocratie, et refuser de le faire avec des gens qui luttent pour celle-ci, la justice et l’égalité laisse perplexe.
D’où, peut-être, un accord au minima de cet amorce de dialogue?
Je ne suis pas un devin et loin de moi la volonté de spéculer là-dessus. Ce que je peux dire, c’est que, quel que soit le résultat auquel sont parvenus les protagonistes, ça ne peut pas résoudre le problème des otages, toujours aux mains de leurs ravisseurs qui demandent, en échange, la libération des détenus dans nos prisons. Au delà du problème des otages, il y a, aussi, celui des Mauritaniens massacrés, les gens décapités, les kamikazes, etc. Le dialogue ne doit pas passer en pertes et profits, pour libérer un ou deux otages. Ce qui ne veut pas dire, bien évidemment, que je suis contre leur libération. Ma compassion leur est toute acquise, je l’ai exprimée à l’Etat et au représentant de leur pays, que j’ai reçu, personnellement. Je lui ai dit, sans ambages, que nous sommes disposés à apporter notre appui pour contribuer à la libération des otages. Nous ne ménagerons pas nos efforts pour qu’ils puissent retrouver les leurs, dans les meilleurs délais. Mais, je le répète, l’erreur commise, c’est que le dialogue a été sélectif, suscitant des frustrations et donnant des ailes au terrorisme.
Pour en revenir à la question du dialogue prôné par les accords de Dakar, quel geste le pouvoir devra faire pour que l’opposition accepte de s’asseoir autour d’une table?
Ce n’est pas parce qu’on invite des gens d’autres formations politiques auxquelles rien ne me lie, à une cérémonie d’ouverture ou de fermeture d’un forum que j’organise, en tant que chef d’un parti politique, que je suis ouvert à eux. La réflexion est interne, elle concerne les cadres du parti, non les autres. S’agissant, maintenant, des conditions minimales pour un dialogue politique sincère et franc, nous estimons qu’il faudrait un geste, solennel et fort, de la part du chef de l’Etat, invitant les partis concernés à s’entendre sur quelque chose. Comme j’ai eu à le dire tantôt, nous sommes demandeurs mais cela ne signifie pas, comme j’ai entendu dire un homme respectable de son camp, «le dialogue c’est entre l’opposition et nous». En ce qui nous concerne, le dialogue doit concerner le chef de l’Etat qui a pris le pouvoir, qui a mis le pays dans une situation bien déterminée et nous, à qui nous sommes opposés. A la limite, nous pouvons accepter des gens qu’il délèguerait, pour discuter, en son nom, avec nous, mais ni son parti ni sa majorité ne peuvent se substituer à lui, pour nous demander de dialoguer. Nous n’avons pas à discuter avec l’UPR, nous avons à discuter avec le chef de l’Etat, général Mohamed Ould Abdel Aziz ou président de la République, autour d’une table. Ce que nous attendons, donc, de lui c’est qu’il fonde un environnement propice au dialogue. Le dialogue ne peut pas se faire à travers le parti qu’il préside, c’est anticonstitutionnel: le président de la République est au-dessus des partis. Si, demain, je l’invite à une manifestation organisée par l’APP, il doit honorer, de sa présence, la cérémonie d’ouverture, parce qu’il est président de tous les Mauritaniens.
Le fait que vous ne l’ayez pas reconnu en tant que président de la République ne constitue-t-il pas un obstacle au dialogue?
On ne l’a pas reconnu en tant que chef de l’Etat élu démocratiquement mais nous avons, quand même, pris acte de la décision du Conseil constitutionnel qui l’a déclaré élu. C’est sur cette base que j’ai, personnellement, décidé de reprendre mes activités à l’Assemblée nationale que je boudais, depuis longtemps. Il s’agit, donc, d’une reconnaissance de fait, n’est-ce pas? Maintenant, si lui ne demande qu’à ce qu’on vienne se prosterner à ses pieds, comme un roi ou un empereur, c’est sans nous car nous faisons de la politique où chacun a ses positions. Il doit accepter cela comme tel: nous ne sommes aux bottes de qui que ce soit. Nous sommes libres de nos opinions, avons le droit, tout en travaillant avec le président de la République, d’exprimer des réserves, quant à sa légitimité, ça n’a rien d’antidémocratique. Il ne s’agit donc pas, ici, d’une affaire personnelle mais d’une question de positionnement. Je pense qu’on cherche le mal là où il n’est pas.
Sept mois après son élection, le gouvernement du président Mohamed Ould Abdel Aziz peine, malgré ses intentions affichées, à matérialiser son programme électoral. Qu’est-ce qui explique cette espèce d’immobilisme?
Parce que, tout simplement, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas de programme électoral. Je pense que vous êtes en train de lui accorder des intentions qu’il n’a jamais eues. Son seul programme électoral consistait à se faire élire, d’une manière ou d’une autre. Son programme, c’était un discours populiste, dans lequel il a répété et répète encore que la Mauritanie n’existait pas, qu’il allait, qu’il est en train de la fondre, en revenant sur l’hymne national, le drapeau, les armoiries: bref, il veut une République azizienne. Il est même à craindre qu’il ne veuille la débaptiser. Si l’on peine à matérialiser quoique soit, c’est parce qu’aussi, il y a trop de promesses sans prise sur la réalité, raison pour laquelle personne ne sait pas par où commencer. Aux dernières nouvelles, les gens n’arrivent pas à travailler, si tant est qu’ils le veuillent réellement, parce que chacun attend les instructions du président qui, aussitôt que commence l’exécution, exige qu’on l’arrête. Résultat des courses: les responsables ne savent plus à quel saint se vouer. Je ne critique personne mais pour n’importe quel gouvernement, il faut un minimum de consensus, non la loi du plus fort. Il y a un général qui a obtenu, vrai ou faux, tel score et a été implanté, là, comme président, baguette magique soi-disant en main, afin de tout changer et réussir. Ce n’est pas de cette manière qu’on règle les problèmes. L’Etat se gère avec méthode, personne ne peut s’arroger le monopole de la vérité, il faut écouter les autres, se laisser conseiller par autrui, il y a tant de gens préoccupés par l’avenir de notre pays, ce ne sont pas tous qui courent derrière des portefeuilles, des avantages financiers ou électoraux. Il existe, aujourd’hui, une forte demande sociale et les gens s’impatientent, parce qu’ils espèrent voir leur pays se remettre sur les rails. Etre grand, c’est être large d’esprit, c’est accepter la différence.
Lors de l’ouverture de la session parlementaire, les journalistes ont été surpris que vous n’ayez pas dénoncé la détention arbitraire de leur confrère Hanefi Ould Dehah?
A l’Assemblée nationale, je traite les affaires de la République, non les questions de personne. Je ne suis l’avocat de personne, pas même de moi-même, mais, si je m’abuse, j’ai parlé d’un large éventail de problèmes liés à la justice et, dans mon discours de clôture de la session, je suis revenu sur la question, en disant que la démocratie suppose le respect des libertés et des décisions de justice. Je n’étais pas obligé de citer qui que soit, parce que je ne dois rien à personne. Personnellement, je suis contre l’arrestation arbitraire de Hanefi, comme je suis solidaire de toutes les victimes de l’arbitraire. On peut tout me coller sur le dos, sauf d’être un partisan de l’arbitraire, de la privation des libertés, etc. Mais, a contrario, je ne suis l’objet de qui que ça soit, personne ne m’a défendu, moi. En termes d’attaques ou de critiques des autorités et de la presse, je crois que je détiens le record et je n’ai jamais vu quelqu’un lever le petit doigt pour me défendre. Mais que Hanefi se rassure, que ses parents se rassurent, je pense à lui mais je ne suis pas obligé de le citer, dans mes discours, parce qu’il y a d’autres, comme lui, qui souffrent de l’arbitraire.
Depuis quelques mois, la question de l’esclavage réapparaît, de plus belle, à travers les sorties de Biram Ould Abeid, président de l’IRA, de l’ex-capitaine Breika Ould M’Bareck et la correspondance adressée par Samory Ould Bey à Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU. Vous venez, vous-même, d’en parler avec la délégation de l’UE et de la Commission africaine des droits de l’Homme. Pour certains, l’esclavage persiste dans le pays, pour d’autres, il s’agit de «séquelles». Que pensez-vous de ce sempiternel débat ?
L’esclavage est toujours un problème national et son débat demeure d’actualité, en Mauritanie. On n’a pas donné à ce problème l’importance qu’il mérite. La responsabilité incombe, entièrement, aux autorités. Sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, l’Etat a pris des décisions courageuses, pour la résolution de ce problème. Une loi incriminant l’esclavage a même été votée, par les deux chambres du Parlement. Des journées de sensibilisation ont été organisées. Je rappelle que j’avais émis des réserves sur la manière dont elles se sont déroulées, parce qu’on a voulu escamoter le problème, et j’ai même boudé la cérémonie d’ouverture à la maison des jeunes. En tous les cas, on était là, pour la première fois, face à un Etat décidé à résoudre le problème, par la mise en place d’instruments appropriés, et c’est le minimum qu’on puisse demander. Il y a, certes, des insuffisances et il fallait travailler à les combler, par des instructions, fermes, aux représentants de l’Etat, aux préfets, chefs d’arrondissements, walis, chefs de brigade, commissaires de police, cadis, juges, en contact direct avec les populations. Il faut les amener à comprendre que l’esclavage est une affaire très sérieuse qui mérite un traitement en conséquence. Hier, j’ai reçu, ici, une esclave, elle venait d’Atar, avec «SOS Esclaves», de Boubacar Ould Messaoud; le ministre de l’Intérieur est au courant. Sa fille est restée là-bas, parce que, m’a-t-on dit, elle est mariée. Avec qui? Mystère. Le fait de que le ministre de l’Intérieur, censé connaître les arcanes de l’Administration, nous dise qu’on lui a laissé entendre que la fille était mariée est très léger; il ne doit pas se contenter de ce qu’on lui dit ou laisse entendre. Même si la fille est mariée, cela ne l’empêche, nullement, de venir avec sa maman, surtout si c’est un mariage fictif, comme on en connaît; en tout cas, le ministre a, vraiment, la possibilité de tirer les choses au clair. Mariée ou pas mariée, ce sont des faux-fuyants, comme chaque fois qu’un cas est révélé: c’est un parent, ce n’est pas un ou une esclave, le juge n’a jamais condamné personne, le commissaire de police n’a jamais indexé quelqu’un pour pratique esclavagiste, il est même le premier à prendre la défense de l’esclavagiste, etc. Idem pour le commandant de brigade. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que ces tares disparaissent? Un pouvoir véritablement progressiste, soucieux de l’avenir de ce pays, doit œuvrer pour l’éradication réelle de telles pratiques. On ne peut pas continuer à tromper les gens. Personne n’est dupe. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour tomber dans la surenchère. Le combat a commencé en 1978, à la naissance d’El Hor, mais nous n’avons, jamais, cédé à la surenchère. Le premier responsable, c’est l’Etat qui n’a pas joué pleinement son rôle pour l’émancipation de cette couche de la population. Si l’Etat tape du poing sur la table et siffle la récréation, les choses vont rentrer dans l’ordre mais si c’est lui qui, par l’intermédiaire de ses représentants, se fait complaisant, ces pratiques persisteront. Nous ne sommes pas le seul pays où l’esclavage subsiste, mais le malheur des Mauritaniens c’est que les voies choisies, jusqu’à ces derniers temps, sont mauvaises et celles engagées sous Sidi Ould Cheikh Ould Abdallahi n’ont pas pu être concrétisées. Si l’on traduit en justice des esclavagistes, qu’on les condamne, fermement, cela servira de dissuasion, pour les autres. Mais je l’ai dit et je le répète: la solution passe par la voie pacifique, par l’éducation et la sensibilisation, non pas par l’hostilité des uns contre les autres ; nous n’avons jamais prôné cette solution, nous n’avons jamais prôné la division encore moins la vindicte ou la revanche. Cela n’a jamais été notre cas et cela ne le sera pas.
Ces messieurs vont plus loin que l’esclavage. Ils dénoncent ce qu’ils qualifient de «marginalisation des cadres Hartanis, dans l’administration, les forces armées et de sécurité», ce qui leur a valu de vives critiques et une espèce de droit de réponse de la part du gouvernement. Certains Mauritaniens seraient-ils insuffisamment mûrs pour accepter qu’on mette ce débat sur la place publique?
Le débat a toujours été posé, mais je pense qu’il ne faut pas l’exagérer, parce qu’il n’y a pas un lieu plus indiqué que l’enceinte de l’Assemblée nationale pour débattre de cette question. Maintenant, qu’il y ait des brebis galeuses, ici ou là, de la démagogie ou des blocages, au sein de ceux qui sont, en partie ou en tout, responsables de l’Etat, ce n’est pas exclu. Personnellement, j’ai lu des choses qui ne m’ont pas plu, comme j’ai vu des pratiques qui m’ont aussi déplu. L’Etat, comme je l’ai dit, doit assumer ses responsabilités régaliennes. Quant à la marginalisation des cadres Haratines, elle n’est un secret pour personne. De tout temps, cela a été dénoncé, je ne vois l’intérêt d’enfoncer une porte ouverte, d’autant plus que cela ne va pas se résoudre du jour au lendemain, c’est un combat de longue haleine. J’ai entendu, vu et lu des propos qui tendent à exacerber les tensions, mais, nous, à l’APP ou ailleurs, nous n’avons jamais tenus des propos de cette nature. Faire monter les enchères, attirer l’attention sur soi, ne produit aucun effet, ce nous cherchons, c’est le résultat, des avancées significatives sur la question, pas à saper les fondements d’une nation qui n’a que des choses en commun. En Mauritanie, d’ailleurs, les Haratines ne sont pas les seuls à être marginalisés. Faites le décompte, vous vous rendrez à l’évidence, c’est l’œuvre de clans, de gens qui se sont, jusqu’ici, partagé le pouvoir, cela continue à exister et cela continuera à exister, tant que les autres ne se seront éveillés, ne prendront pas conscience de leur pouvoir réel, de leur rôle et de leur place. Enfin, la marginalisation des Haratines n’est pas le seul fait de ceux qui ont intérêt à les marginaliser; ils sont, en partie, responsables de leur propre marginalisation, parce qu’ils n’ont que trop rarement confiance en leurs capacités, certains se conduisent en assimilés. Avant donc de jeter l’anathème sur les autres, il faut d’abord se remettre en cause. Cela a toujours été mon combat, personne ne m’a fait de faveurs pour que je devienne ce que je suis aujourd’hui. Il suffit de s’assumer, de s’imposer et de défendre ce qu’on croit juste, c’est tout.
L’opposition a organisé une marche pour soutenir les hommes d’affaires arrêtés dans le cadre de la lutte contre la gabegie. C’est quand même surprenant de la part d’une opposition qui prônait la lutte contre la gabegie et la corruption?
Qui les accuse de gabegie? C’est le pouvoir en place. Or, l’Etat ne doit pas s’ériger en juge et partie. Dans ce cas d’espèce, il s’agit d’un Etat dictatorial et, si nous nous sommes élevés contre lui, ce n’est pas pour défendre x ou y, mais pour dénoncer les dérives du pouvoir, défendre la justice et, ça, je l’ai dit au général Ould Abdel Aziz quand je suis venu le voir, à ce sujet, les yeux dans les yeux. Je pense que ceux qui étaient indexés constituent, pour l’essentiel, le tissu économique de ce pays. Les mettre dans une telle situation, c’est les mettre en mal avec leurs partenaires étrangers et porter préjudice à notre économie. J’ai aussi soutenu que, si ces gens ont profité des milliards de l’Etat, il fallait arrêter les responsables qui ont ordonné les virements, pas les bénéficiaires. Eux, à ce qu’on sache, n’ont pas perpétré de braquage à la BCM. C’est l’autorité de l’époque qui porte la responsabilité, pas eux. Ils n’ont rien à se reprocher, parce que, dans ce pays, chacun profite, à sa manière, de l’Etat et si l’on veut emprisonner tous ceux qui ont profité des largesses de l’Etat, rares sont ceux qui resteraient en liberté. Aussi considérons-nous que, si l’on doit lutter contre la gabegie, on doit l’étendre à tout le monde, pas s’y prendre de manière sélective. Voilà pourquoi nous avons manifesté, nous avons dit oui à la lutte contre la gabegie, mais non au règlement de comptes, c’est tout. Ce n’est pas en arrêtant deux ou trois personnes, aussi importantes qu’elles soient, qu’on combat un tel fléau. Je vous ai donné, tout de suite, un exemple avec les marchés de gré à gré. Il n’y a rien de plus «gabegique» que d’utiliser l’administration pour faire profiter ses proches; rien de plus «gabegique» que de nommer ou de démettre des gens sans expérience ni formation, simplement parce que ce sont des alliés politiques ou des parents; rien de plus «gabegique» que de dicter, à la Justice, la conduite à tenir. Nous n’avons aucune leçon à recevoir des auteurs de telles pratiques. Il faut atteindre un certain niveau de formation avant de prétendre donner des leçons aux autres. La politique, c’est notre job à nous, les partis politiques, pas celui d’un général qui gérait juste les comportements des hommes de son unité.
Que se passe-t-il dans les rangs de l’APP, pour que son président tape du poing sur la table, lors des journées de réflexion que le parti a organisées, il y a quelques mois?
Ce qui s’est passé, c’est que, comme ça arrive dans tous les partis, certains nagent à contre-courant des instructions ou tentent, même, de se substituer au président du parti où qui s’élèvent contre l’opposition de celui-ci au coup d’Etat. A un certain moment, quelques camarades et militants ont mal dirigé notre hostilité au coup d’Etat. Tout ce beau monde a voulu profiter des journées de réflexion pour semer la zizanie. On m’a mis la puce à l’oreille et j’en ai profité pour taper du poing sur la table, les rappeler à l’ordre. Je pense qu’aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. Je ne fais rien pour exacerber les tensions dans les rangs du parti mais à un moment ou un autre, il faut savoir assumer, c’est ce que nous avons fait.
Permettez-moi de reposer ma question sur les accords de Dakar et leurs conséquences. Avec le recul, n’éprouvez-vous pas le sentiment d’avoir été floués? Pourquoi avoir accepté d’aller aux élections alors que les dés étaient déjà pipés?
Effectivement, nous avons été floués. Nous l’avons accepté, consciemment, en partie, parce que nous avons senti que les gens étaient essoufflés, que la population avait besoin d’une sortie de crise et c’est pour cela que nous avons accepté de parapher l’accord de Dakar. Personnellement, l’idée de me retirer m’a effleuré, je pressentais que c’était perdu d’avance. Si j’avais été le candidat du seul APP, je me serais retiré, sans aucun doute. Mais comme ma candidature était le fruit d’un consensus de plusieurs partis, de plusieurs courants et d’une certaine opinion, j’ai voulu m’oublier, un peu, pour répondre à un appel pressant pour que nous prenions part à cette élection. Et personne, au FNDD, ne voulait renoncer. Nous étions conscients que notre retrait n’allait pas, forcément, entraîner celui des autres candidatures, nos concurrents, pour ne pas dire nos adversaires. Pour toutes ces raisons, donc, nous sommes allés jusqu’au bout et je vous avoue que nous ne regrettons pas d’avoir pris part à ce scrutin, parce qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un jugement. On ne regrette pas ce qu’on a fait pour l’intérêt général.
Propos recueillis par DL et Sneiba

mardi 23 février 2010

Prions pour le Niger

Jamais un coup d’Etat n’a été aussi salvateur que celui intervenu, au Niger, la semaine dernière. Les militaires, qui commencent, malheureusement, à être la dernière planche de salut pour des démocraties mises à mal par des apprentis-dictateurs, ont fini par bouter hors du pouvoir un président qui s’y accrochait par tous les moyens. Aussi stupide que cela puisse paraître, Tandja s’était donné, dès la fin de son deuxième mandat, trois années de plus, histoire d’achever, affirmait-il, l’œuvre de «construction nationale» qu’il avait entamée, et n’a pas hésité, pour cela, à faire feu de tout bois : emprisonnement de journalistes, dissolution du Parlement et du Conseil constitutionnel, referendum bidon, répression de toute manifestation. Fort du soutien de la France officielle, qui ne cesse et ne cessera, avant longtemps, de lorgner sur l’uranium dont le Niger regorge – ne recevait-elle pas Tandja, en grande pompe, l’année dernière? – et de la plus officieuse Françafrique, dont les affaires n’apprécient que très modérément l’alternance politique, le président nigérien se croyait intouchable. Las! Ses plans ont été déjoués par ses frères d’armes qu’il avait, pourtant, élevés dans les plus «excellentes conditions». Mais voilà: comme en Mauritanie en 2005, c’est pour éviter que la situation ne leur échappe, au profit de jeunes loups, que les hauts gradés ont décidé de prendre les devants. Et les voici inondant le pays de promesses de toutes sortes. Toute ressemblance avec nos putschistes n’est, évidemment pas, fortuite. Après avoir donné le mauvais exemple en août 2008, la Mauritanie deviendrait-elle un «modèle» exportable? Prions pour le Niger!
AOC

dimanche 21 février 2010

Autour d’un thé au Calame

La Mauritanie attend beaucoup de la dernière réunion des bailleurs de fonds. Six mois après le «retour à la constitutionnalité» dû aux accords de Dakar, le pays redevient fréquentable par une communauté internationale dont certaines institutions n’avaient jamais, réellement, rompu les amarres. Les nouvelles autorités sont, pourtant, loin d’avoir honoré les engagements sur la base desquels la communauté leur a permis de faire leur numéro. La liberté de la presse: zéro. Le dialogue inclusif: zéro. La bonne gouvernance: zéro. Ce ne sont pas là les propos de l’opposition car celle-ci hiberne, en l’attente de se faire rerouler dans la farine, à deux semaines des élections de 2014. Ses principaux responsables ont disparu de la circulation. Leur entourage entretiennent les plus fantaisistes supputations sur leurs «activités». Hé bien, bonnes longues vacances!
Le président de la République a reçu les cadres dirigeants de l’Union Pour La République (UPR). De source infiltrée, autant notre putschiste rectifié est satisfait de la prestation du gouvernement, autant il est déçu du mauvais travail du parti qui aurait, selon le boss, un véritable problème de communication. Pourtant, ce «grand» parti n’est composé que de «vieilles valeurs» qui possèdent le don, exceptionnel, de redorer les blasons les plus ternis. Certainement que les propos du président visaient, particulièrement, les députés de la majorité, ridiculisés par une poignée de leurs collègues de l’opposition, lors de la dernière session parlementaire.
Après six mois de règne, le président sait-il que les problèmes d’accès aux services de base se sont accentués? Selon une enquête d’une des agences des Nations-Unies, seuls 20% de Nouakchottois ont l’eau courante. Les autres boivent une eau insalubre, puisée dans des réserves peu hygiéniques et distribuées à l’aide de citernes et de charrettes tirées par des ânes. C’est vrai que nous avons une longue histoire avec les ânes. Mais il est temps d’en finir avec ces chers aimables baudets.
Quelle innovation! Le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation vient de limiter l’entrée en Mauritanie, à 35 points de passage, répartis sur tout le territoire national. Quel génie! Voilà l’intérêt de mettre les hommes qu’il faut à la place où il faut. Comment les dizaines de ministres de l’Intérieur et la huitaine de présidents qui se sont succédé, des indépendances à nos jours, n’ont-ils jamais pensé à une mesure si salutaire et si protectrice? Bravo, messieurs, finie la pagaille, vive le contrôle!
Décidément les primes de transport dont bénéficient tous les fonctionnaires font problème. Normal, c’est quand même d’argent qu’il s’agit, en une période de si vaches maigres. Alors que les «responsabilisés» se frottent les mains et attendent la fin du mois de février, les autres, plus nombreux, crient au scandale et en appellent à la magnanimité du président de la République. En attendant, toutes les centrales syndicales nationales se préparent à entreprendre un mouvement de grève, pour dénoncer l’injustice et appeler à une renégociation des formalités d’attribution de ces primes. L’esprit de ces indemnités était de réduire les écarts entre les traitements et restaurer la justice entre les fonctionnaires. Or, l’arrêté fixant ces augmentations a plutôt raffermi les disparités. Qui sont les responsables d’un tel sabotage? Quels qu’ils soient, ceux-ci devraient répondre de leurs actes. Attendons le prochain conseil des ministres. Amine.

mercredi 17 février 2010

Rapport des journées de réflexion sur le transport : Consternant !

Consternant, navrant, accablant. Les adjectifs ne manquent, malheureusement pas, pour qualifier le rapport final des journées de réflexion sur le sous-secteur des transports. Du point de vue de la forme, tout d’abord. Préfacé par le directeur général des transports terrestres, en personne, qui souligne avoir, lui-même, «procédé à une dernière lecture» – quel aveu, Seigneur des (in)compétences! – et «exploité toutes les notes de synthèses», le rapport énumère, sur dix pages, une litanie de vœux, à peine ordonnée par la répartition initiale des travaux sur trois ateliers et truffée de fautes de français: «notes de synthèses réalisés; véhicules à attraction animale; société de transports de personnes structurée; étendre les routes; empêcher les étrangers à; attribuer un cite au MET; assortir les de création de gares routières d’un cahier de charges», etc. On a honte de voir, ainsi, divulguée, à tout public, l’indigence linguistique de notre administration, incapable de se payer le concours, minimal, d’un correcteur…
Du point de vue du fond, ensuite. On cherche ainsi, désespérément, «le bilan, à mi-parcours, de la réforme», un des objectifs des journées pourtant claironné, haut et fort, par le ministre, à l’ouverture de celles-ci. On s’étonne, également, de la totale absence de recommandations concernant la circulation des poids lourds, de 7 heures du matin à 22 heures le soir – une des plaies, notoires, de la circulation en centre-ville – alors que douze de ces recommandations s’obnubilent sur la problématique des véhicules à traction animale. A la lecture de celles-ci, on comprend, aisément, que les charretiers, à contrario des gros commerçants, n’ont pas été invités à la démarche participative, tant claironnée, elle aussi, par les chantres de la Mauritanie rectifiée, ministre de l’Equipement et des Transports en tête. Aucune des ces «pertinentes» recommandations ne fait, en effet, état de l’inadaptation des structures routières à la circulation des véhicules à traction animale, insistant, lourdement, par contre, sur l’inadaptation des charretiers aux structures existantes. Président des pauvres, jetez un coup d’œil là-dessus: vous devriez être édifié sur la profondeur des déclarations populistes de votre administration. En tout cas, nous, nous le sommes…

lundi 15 février 2010

Dépités

Lors d’une réunion avec le comité exécutif de l’UPR, parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux, le président Ould Abdel Aziz a défendu le bilan de son gouvernement qui a, à son actif, de «grandes» réalisations. Une façon de couper court aux rumeurs, insistantes, de remaniement ministériel, qui couraient ces derniers jours. Il en a, aussi, profité pour adresser une pique à «ses» parlementaires, coupables, à ses yeux, de s’être fait voler la vedette par leurs homologues de l’opposition, lors des débats à l’Assemblée nationale. Il y a, certes, une part de vérité, dans ces propos, mais il serait injuste d’accabler ces «pauvres» députés à qui l’on a fait avaler trop de couleuvres, depuis leur élection. Ils ont, d’abord, été élus, sans savoir comment; ont été engagés, dans une fronde anti-Sidioca, sans raison objective; ont soutenu, à l’aveuglette, un putsch contre un président élu et ont passé leur temps à défendre, sur ordre, un bilan qui n’en est pas un. Si, en plus, on les accable, ils doivent se sentir bien mal à l’aise. Mais parions qu’aucun d’eux ne pipera mot. L’obéissance à l’Autorité, même si l’on est élu du peuple et qu’on ne lui – à celui-ci ou à celle-ci? That is the existential question – est redevable en rien, a encore de beaux jours devant elle…
AOC

vendredi 12 février 2010

Autour d’un thé au Calame

Le pays marque le pas. C’est l’avis, controversé, bien évidemment, d’un des convives du thé du Calame. Pourtant, lui répond son voisin de chaise, les gens travaillent. En quelques mois, la ville a été pourvue de plusieurs dizaines de kilomètres de voirie. Et puis, toi, ce n’est pas ce que tu disais, il y a quelques semaines, au siège de l’Union Pour la République, alors qu’on préparait les journées de la jeunesse du parti. Hé, sois cohérent! Ne suis pas les pas de ces éternels mécontents, jamais satisfaits, insatiables pourfendeurs des régimes en place! Le pays avance. Militairement, à pas cadencés. Tu verras, dans moins d’un an, le transport public sera organisé. Les recommandations des journées que les responsables de ce secteur ont initiées le garantissent. Selon le ministre de la Santé, les malades du cancer ne partiront plus se soigner à Pétaouchnock. Ils auront, juste, besoin de deux cents ouguiyas, pour se rendre en face de l’immeuble El Mamy où les attend un centre d’oncologie qui sera doté, dit notre enthousiaste, des dernières installations dont le coup d’envoi des travaux a été – tapageusement, maugrée son voisin – donné par le président de la République, «Hafiwahou Lahou Wara’ ahou»: que Dieu le garde et le protège de ses amis, ses ennemis il s’en charge.
Le pays marche. Sinon, il se serait arrêté. Que de voitures! Que de banques! Que de voyages! Partout, la Mauritanie marque des points. L’union Européenne est sur le point de rouvrir les robinets. L’Iran, la Turquie, le Venezuela ont, tour à tour, reçu, avec les honneurs, le président. Les conséquences suivront. Les fonctionnaires se frottent les mains et attendent la fin du mois de février, pour percevoir des indemnités nouvelles qui viendraient grossir leurs salaires et améliorer leurs conditions de vie. Le dialogue avec les présumés terroristes est sur le point de se terminer positivement. La paix reviendra. La hache de guerre sera enterrée. Le calumet de la paix fumé. Qui a dit qu’une seule main n’applaudit pas? Pourtant, malgré la carence du gouvernement, des hauts fonctionnaires, des walis, des hakems et autres, le grand chef fait marcher la lourde machine, seul. Emprisonne, seul. Libère, seul. Casse les décisions de justice, seul. Remets, seul, en cause les accords passés à son insu. Nomme et dénomme, seul. Mais ça marche. Regardez du côté du centre international des conférences de Nouakchott, dit palais des congrès. Rencontre des oulémas, sur la modération en islam. Journées portes ouvertes sur le secteur des transports. Journées de la vieillesse UPR. Journées de la jeunesse UPR. Journées des femmes UPR. Suivront, certainement, celles des proxenètes et entremetteurs UPR. Plus de quelques centaines de millions pour toutes ces manifestations. Au frais de qui?
Ould Nagi et Ould Oumarou, enfin libres. Le premier ne payera rien, le second remboursera un peu moins de 300.000 dollars. Les deux hommes se prépareraient à rentrer dans une certaine bonne grâce. Alors, Hanefi, bon courage. Tu es tombé sur plus fort que toi. Les juges, les avocats, un ministre et un palais de la Justice, un procureur et trois ratons-laveurs. La démocratie. La communauté internationale. La France, patrie des Droits de l’Homme. Les accords de Dakar. La liberté de la presse. La Commission africaine. Jean Ping. Ban Kimoon. Barak Obama. Que d’injustices! Que de mépris! Que de petitesse! Bon courage, Hanefi. Tiens bon, l’obscurité s’estompera. La lumière de la vérité et de la justice jaillira, inéluctablement, et expédiera loin, très loin, dans les profondeurs de l’oubli, les tyrans et leurs collabos.

mercredi 10 février 2010

Affaires canariennes

Vous êtes commerçant mauritanien? Vous faites des affaires avec l’Espagne? A Las Palmas? Aïe, aïe, aïe, pauvre de vous, les temps ne sont plus ce qu’ils étaient! Au consulat, à Nouakchott, inutile d’envoyer votre agent pour suivre le dossier de votre visa. On veut vous voir, monsieur, vous mesurer, vous anthropomorphiser, avez-vous votre réservation d’hôtel, où comptez-vous vous rendre, par quel chemin, selon quelle, peut-être louche, procédure? Vous avez de l’argent, frais, à mettre sur la table? Sous la table? Dans les encoignures du bureau?
Admettons que vous retrouviez, enfin, le doux climat des Canaries, qui vous enchantaient, il y a une décennie ou deux, à peine. Vous n’êtes pas, pour autant, entré dans l’auberge espagnole. Vexations et brimades, contrôles intempestifs d’identité, vérification de chambres d’hôtel, bref, délit de sale gueule d’immigré, vous attendent, au quotidien. Alors, por favor, dépensez votre argent, rapidos, et fissa, retour à Nouakchott! Sans coup de pied au cul, notez bien, si vous ne dépassez pas les délais prescrits!
Pensez, à votre retour, à vous plaindre auprès de monsieur l’ambassadeur. Il vous expliquera, peut-être, qu’avec les vagues, déferlantes, des immigrés clandestins, le discernement et la politesse ne sont plus, tout-à-fait – hélas, mon bon monsieur – à l’ordre du jour. Mais tout de même: «les Canaries ne cessent de nous séduire par leurs paysages, contrastés [c’est le moins qu’on puisse dire, effectivement] et par leur exotisme à la portée de plus d’une bourse. Là, à trois heures des principales capitales européennes…» Soudain, monsieur l’ambassadeur s’est tu. La brochure touristique ne parle pas de l’éventuelle proximité de capitales africaines. La dérive des continents, je présume… En tout cas, souriez, en quittant l’ambassade, vous êtes, très probablement, filmés…

lundi 8 février 2010

L’épée azizienne

Notre confrère Hanevy Ould Dehah vient d’être, à nouveau, condamné: deux ans de prison ferme! Après avoir purgé une première peine de six mois, pour «atteinte aux bonnes mœurs» – ça ne s’invente pas, ce genre d’accusations sauf en Mauritanie nouvelle, peut-être – c’était, pour notre confrère, «l’oral de rattrapage», devant une cour d’appel composée de juges ramassés par ci et par là, pour la «bonne cause». Des juges ayant tellement à cœur de remplir la mission pour laquelle ils ont été choisis qu’ils n’ont même pas pris la peine d’écouter les plaidoiries de la défense. Plongés dans leurs remords ou de peur de se laisser convaincre? Le risque était, pourtant, apparemment minime, avec un seul argument susceptible de les faire douter: comment peut-on juger et condamner quelqu’un sur la base d’une loi qui n’existe pas, la Mauritanie n’ayant pas encore légiféré dans le domaine de la presse électronique? Un célèbre adage ne dit-il pas qu’il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre?
En tout état de cause, cette lourde condamnation n’augure rien de bon pour la Justice, plus que jamais aux mains de l’exécutif, pour la Presse, en général, et la liberté d’expression, en particulier. C’est pourquoi est-il impératif de se battre contre l’arbitraire. Avec le soutien des organisations nationales et internationales, des partis politiques, des journalistes, des syndicats et de tous les hommes épris de justice. Faites gaffe, les amis! Ne dites plus un mot plus haut qu’un autre! Vous êtes tous des Hanevy potentiels. Une épée azizienne trône, désormais, au dessus de vos têtes.

AOC

mardi 2 février 2010

Editorial : Influences espagnoles

L’Union européenne a décidé, la semaine dernière, de reprendre sa coopération, pleine et entière, avec la Mauritanie. Ainsi a décidé son conseil, réuni à Bruxelles. Que deviennent, donc, Hanevy Ould Dehah, en particulier; la liberté d’expression, en général; et, accessoirement, le dialogue inclusif, tel que recommandé par l’Accord de Dakar? Pourtant, le 20 décembre dernier, avait été signée, à Nouakchott, par le directeur général de la Commission européenne, Stefano Manservisi, et Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, une déclaration d‘intentions qui disposait, en tête des engagements pris par le gouvernement mauritanien actuel, ceux concernant les «droits de l’Homme, les libertés et droits fondamentaux, la poursuite de l’ouverture des médias et l’amélioration du cadre légal, assurant une plus grande liberté d’association, et la dépénalisation des délits de presse».Qu’a-t-on fait, de tout cela, pour mériter l’ouverture des vannes financières? Les médias officiels se sont-ils ouverts à l’opposition? A quel niveau se situe la loi libéralisant les ondes? A-t-on jamais évoqué la dépénalisation des délits de presse? Hanevy ne croupit-il pas, toujours, en prison, malgré l’expiration de sa peine? Où en est le dialogue entre le pouvoir et l’opposition?
Certes, le gouvernement a entamé un dialogue mais avec les islamistes emprisonnés et pour des raisons encore inavouées. Incontestablement, les vertus du dialogue sont incommensurables mais comment expliquer qu’on puisse s’asseoir autour d’une table et discuter avec des gens qui ont tué des innocents, terni l’image du pays et dont le repentir est loin d’être évident, convaincus qu’ils sont sur le «bon chemin»? Et, en même temps, refuser, obstinément, de discuter avec des hommes comme Ould Daddah, Messaoud ou Ould Maouloud qui n’ont, pourtant, jamais tué personne? La raison en est toute simple: qu’ils mettent le pays à feu et à sang, les terroristes ont l’incomparable avantage de ne pas rechercher le pouvoir, contrairement à ceux qui se battent, depuis de longues années, pour une vraie Mauritanie nouvelle.
Sans présumer des «efforts» de la France dont les intérêts ne sont, certes pas, moindres, c’est bien l’Espagne qui semble mener la danse, dans le tintamarre médiatique émanant du Palais ocre. L’Espagne qui, après avoir, très tôt, milité contre les sanctions, puis pesé, de tout son poids, pour que l’UE reprenne sa coopération avec la Mauritanie, parrainera, en avril prochain, une réunion des donateurs pour aider le pays. Faisant du contrôle des flux migratoires vers les Canaries une priorité «sécuritaire», Ould Abdel Aziz ne manquera pas, en retour, d’accorder toutes les facilités aux bateaux espagnols, lorsque l’accord de pêche avec l’UE arrivera à expiration. On se souvient, en outre, que c’était, précisément, l’argument sécuritaire, l’enrobage espagnol pour faire avaler le coup six-aoûtard, à ses partenaires de l’UE. C’est pourquoi l’enlèvement, le mois dernier, de trois humanitaires espagnols, sur la route Nouakchott-Nouadhibou, est venu, un peu, comme un cheveu sur la soupe. C’est ce qui explique que Ould Abdel Aziz fait tout son possible pour obtenir la libération de ceux-ci, avec grand bruit autour de négociations qui aboutiront, à terme, à la libération d’hommes qu’AQMI ou assimilés réclame, en échange des espagnols. La boucle est bouclée: les affaires sont les affaires…
Ahmed Ould Cheikh

lundi 1 février 2010

Autour d’un thé au Calame

Ce mardi, au siège du Calame, c’est le calme plat. Pourtant, il y a du monde. Le thé est abondamment servi. Mais c’est, curieusement, sans éclat ni relief. Dans la grande salle de rédaction, Cheikh et Mansour s’affairent, devant leur machine. Exceptionnellement, tous les journalistes sont présents, en même temps. Mais le patron est absent. Normal. Les charges du journal sont lourdes. Salaires, factures, eau, électricité, Internet, carburant, loyer, dépenses diverses et imprévues. Alors, il faut bien courir. Un bon patron, c’est ça. Surtout que les temps ne sont plus comme avant. Peu de vente. Peu de publicité. Pas de subventions. Surtout pour une «mauvaise presse» comme le Calame, «calomniateur», opposant, «ennemi» du système.
Le président est revenu de son voyage. Mais, il n’est pas revenu bredouille, comme certains. C’est un adepte du concret. Plusieurs centaines de voitures données par la République Islamique d’Iran à la République Islamique de la Mauritanie. Que va-t-on faire de toute cette ferraille? Plusieurs éventualités. En un: recruter des samsaras spécialisés qui vont aller vendre les voitures dans un pays voisin. L’argent de la vente ira renflouer les caisses de l’Etat. En deux: aménager un vaste terrain, de plusieurs hectares, et y implanter une bourse de voitures dont la gestion sera confiée à des personnes de bonne moralité. L’argent, cette fois, servira à construire dispensaires, écoles et autres services de base, dans les adwabas, villages et campements les plus pauvres du pays. En trois: démonter tous les véhicules et ouvrir de grands magasins de pièces détachées, qui seront confiés à des gens en qui le président de la République aura particulièrement confiance. Comme quoi, il est bon de voyager, contrairement à ce que pensaient les Six-Aoûtards. Sinon, nous n’aurions pas reçu toute cette manne. Alors, à quand le prochain voyage pour la Chine, l’Australie, la Suède ou la Russie?
Selon une certaine presse, Birame Ould Dah Ould Abeid, activiste des droits de l’Homme, Hartani révolté, président de l’IRA, est un danger public qui risque de provoquer la guerre civile, par ses déclarations incendiaires et dangereuses. Selon lui, le pays a besoin d’un choc brutal, pour changer des mentalités trop ancrées, fondées sur un référentiel moral qui accentue les inégalités entre les différentes composantes populaires. Birame, sois sage, sois modéré! S’il te plaît, ne mets pas notre pays à feu et à sang! Si tu ne t’y plais pas, allez, oust, émigre! Pars en Haiti, en Guadeloupe ou en Afghanistan, ou même tout près, au Sahara ou à Tamanrasset! Jamais personne, avant toi, n’a jamais demandé l’instauration de la justice ni l’éradication véritable d’un phénomène si abject que celui de l’esclavage. Tu es le premier à vouloir le mal pour le pays. Les événements de 1966, c’est toi. L’épuration de 1989, c’est encore toi. Les tentatives de coup d’Etat, c’est toujours toi. Les FLAM? Tes idées, bien sûr! Tous les putchs qui ont failli faire sombrer le pays, les organisations nasséristes, bathistes et nationalistes de tout bord, c’est de ta faute. Sans toi, les gens vivront en paix. Tu es comme l’âne de la Fontaine, dans sa célèbre fable «les animaux malades de la peste». Tais-toi, tu n’as pas le droit de dire comme tout un chacun, ce que tu penses. C’est la pire des restrictions.
Désormais, Nouakchott a son lycée militaire. Plus d’une centaine de petits élèves en treillis suivent les cours de cet établissement qui accueille, théoriquement, les meilleurs élèves, suite à un concours d’accès. Pour cette fois, seuls les fils des hauts gradés des corps constitués auraient, «brillamment», réussi à y entrer. A cette fin, le concours d’entrée aura dû, tout de même, être reconduit, au moins, trois fois. Le confort, les conditions idéales d’études et les bons professeurs, ça se mérite. Un petit dosage ethnico-social qui ne trompe personne et, hop! Le tour est joué. L’école française, le petit centre, les méharées, la Fontaine et autres très bonnes écoles, pour certains, contre des établissements délabrés et sans formateurs, pour d’autres, c’est ça, le partage de «ce qu’il y a de justice», que Mohamed Ould Abdel Aziz, alors putchiste aux abois, avait promis aux populations venues l’applaudir, au pied de la présidence un certain 7 août 2008.