jeudi 20 octobre 2022

Editorial: On peut s’attendre à tout ?

 Le contrat Mohamed ould Abdel Aziz et « Jeune Afrique » semble bel et bien toujours de mise. La dernière interview concoctée le 11 Octobre par l’hebdomadaire franco-tunisien en témoigne. MOAA s’y présente, avec l’aide de questions posées « à bon escient », victime du système mauritanien. Dès son arrivée au pouvoir, suggère-t-il, avec des aigrefins qui auraient outrepassé ses consignes, sinon des incompétents et des ignorants. Un système toujours aussi virulent, sinon plus, qui s’apprêterait, cette fois avec la bénédiction du nouveau chef de l’État, à trafiquer les prochains scrutins et à le condamner, lui, l’homme intègre sans « aucun problème avec l’opinion » ni moindre tache durant ses deux mandats. Et « Jeune Afrique » de proposer en en-tête de l’exercice : « Mohamed Ould Abdelaziz : « Je suis prêt à être injustement condamné et emprisonné».

Un impressionnant sens du sacrifice et de vertu civique dont d’aucuns ne manqueront pas de souligner au moins deux tares. En un, le refus toujours réitéré d’informer un tant soit peu sur l’origine de la fortune de l’ex-« président des pauvres ». Certes, il ne la qualifie plus lui-même d’immense et affirme même qu’elle a été « surévaluée » par ses auditeurs. Aussi tardive qu’elle soit, c’est une modestie tout-à-fait de nature à faciliter la tâche de ses défenseurs… La seconde faiblesse tout aussi de taille le voit, lui, l’homme aux deux coups d’État, « ne pas exclure » l’existence d’un Goïta, Doumbouya ou Traoré au sein de l’armée mauritanienne. « On peut s’attendre à tout », prévient-il. Heureusement pour lui, « Jeune Afrique » a eu la présence d’esprit de ne pas le laisser conclure sur cette trouble menace mais l’ultime question-écran sur le groupe Wagner, qui pouvait être très bien posée juste avant cette saillie, est loin d’avoir levé le malaise…

                                                                                       Ahmed ould Cheikh

vendredi 7 octobre 2022

Editorial: Sous les pavés

 Après s’être envolé vers la France pour raisons médicales dès la fin du contrôle judiciaire qui l’avait emmuré dans un silence guère à son habitude, Ould Abdel Aziz s’est essayé à reprendre du poil de la bête. Invité par une fantomatique association dénommée « les Amis de la Mauritanie »qui organisait à Bordeaux une conférence sur les perspectives économiques de notre pays, MOAA s’y est avancé à donner un cours magistral sur notre situation, le pourquoi de ses deux coups d’État, sa gestion de la transition 2005/2007 et le bilan de la « sinistre décennie » comme il l’a lui-même appelée, non sans une pointe d’humour. Après son intervention, la salle qui était loin de lui être acquise a commencé à « chauffer ». Plusieurs intervenants l’ont attaqué frontalement, la tension est montée rapidement et à tel point que les organisateurs furent obligés de l’exfiltrer après l’intervention de la police.

Quelle mouche a-t-elle donc piqué Ould Abdel Aziz pour le tenter de se muer en conférencier ? Pourquoi Bordeaux et non Paris où la diaspora mauritanienne est beaucoup plus importante ? Un coup d’essai ? Ce fut en tout cas loin d’être un coup de maitre… Qui l’empêchait de tenir une conférence de presse à Nouakchott ?

Convaincu qu’il jouit d’une popularité certaine, l’Ex n’a en tout cas manifestement pas dit son dernier mot.  En agissant ainsi lors de ce séjour à l’étranger, sans doute cherche-t-il à politiser son dossier.  Ce que ses défenseurs s’évertuent à répéter, sans beaucoup de succès jusqu’à présent. Mais l’important, pour cet homme, n’est-il pas de faire du bruit ? Assez suffisamment en surface, pour couvrir, en dessous, de plus juteuses combines ? Il s’agirait donc de rester très vigilant : s’il est assez probable qu’en ses plans, il y a toujours quelques pavés à balancer, dessous, ce n’est certainement pas la plage qu’il entend ouvrir à ses ex-sujets…

 

Ahmed ould Cheikh

dimanche 2 octobre 2022

Editorial: Au gré de nos maîtres

 Elles auront lieu en Octobre 2023. Du moins si l’on respecte les délais normaux d’une législature. Pourtant on en parle déjà comme si elles pointaient à l’horizon. Le ministère de l’Intérieur a déjà tenu plusieurs réunions avec les partis politiques et un consensus, que certains n’hésitent pas à qualifier de précaire, a déjà été trouvé. L’état de grâce, dont a bénéficié Ghazwani depuis son arrivée au pouvoir, a encore de beaux jours devant lui. Mais les élections législatives, municipales et régionales, première épreuve grandeur nature à laquelle il est confronté, risque de ne pas être de tout repos. Il a certes envoyé au front son homme à tout faire, celui qui avait supervisé les élections sanctionnant la transition 2005/2007 et s’en était plutôt bien sorti, un ministre qu’on dit à poigne et qui a, en tout cas, déjà réussi son premier examen de passage : une feuille de route conclue avec les partis pour l’organisation des futures élections. Son document final a d’ailleurs été signé le lundi passé (26 Septembre). Loin de cerner tous les contours d’une élection « parfaite », il n’en constitue pas moins une avancée notable… au moins sur le chemin de la concertation. En attendant que d’autres thèmes autrement plus sensibles soient abordés par ce pouvoir ou par un autre, contentons-nous de ce que nos « maîtres » nous proposent. Avons-nous d’ailleurs le choix ? 

 

                                                                        Ahmed ould Cheikh