vendredi 25 février 2022

Editorial: Le choix du laxisme?

 La fuite, la semaine dernière de deux personnes arrêtées pour trafic de drogue et incarcérées à la maison d’arrêt « COVID »  – séjour temporaire, pendant deux semaines, des nouveaux prisonniers pour s’assurer qu’ils ne sont malades – pose le  lancinant problème de l’impunité et des complicités à tous les niveaux dont jouissent ces Pablo Escobar locaux. Foultitude de questions : comment expliquer qu’au lieu d’aller directement en prison, après les deux semaines obligatoires de confinement, ces deux veinards soient restés six mois à se la couler douce dans une villa bien aménagée avant de prendre la poudre d’escampette ? Qui a protégé ces deux lascars ? Jusqu’à quel niveau ont-ils bénéficié de complicités ? Pourquoi ne mène-t-on pas une enquête approfondie pour sanctionner les fautifs, quels qu’ils soient, pour que ne se reproduise plus jamais ce genre d’« évasion » rocambolesque ? Au cours de la dernière décennie, la Mauritanie était déjà devenue championne du monde de l‘élargissement sans frais de trafiquants en tout genre. Plusieurs opérations d’envergure au cours desquelles de grandes quantités de drogue avaient été saisies et des trafiquants arrêtés finirent en eau de boudin. Épinglés après plusieurs mois de traque, de célèbres noms n’ont pas fait de vieux os en prison. Cherchez l’erreur.

Ce n’est pas un hasard si l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime cite notre pays parmi ceux par lesquels transite la drogue en provenance du Maroc pour être acheminée en Europe. Cité par le journal français « La Croix », Amado Philip de Andrès, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale de l’ONUDC, tire la sonnette d’alarme :« La situation est hors de contrôle. Profitant de l’effondrement du Sahel, la circulation de la drogue n’a jamais été aussi dynamique sur le continent ». Faut-il s’en inquiéter ou au contraire continuer à faire preuve de laxisme ? Le choix est apparemment fait…

                                        Ahmed Ould Cheikh

dimanche 20 février 2022

Editorial: Un esprit sain....

 Le limogeage la semaine dernière d’une dizaine de fonctionnaires, dont certains haut placés, aux ministères des Finances et de l’Habitat, suite à un scandale lié, comme toujours, à des lots d’habitation, éclaire d’un jour nouveau des pratiques qui ont toujours eu court en ces deux départements ministériels. Il ne se passe pas un an sans que des opérations douteuses ou des malversations foncières n’éclatent au grand jour. C’est à croire que ces mafias qui ont fait de l’arnaque leur sport favori ne dorment que d’un œil. Et, à chaque fois que l’occasion se présente, n’hésitent pas à frapper de grands coups. Dont les victimes sont soit l’État soit de pauvres citoyens qui se retrouvent dépossédés du jour au lendemain de terrains achetés au prix fort. La dernière opération en date n’a pas dérogé à la règle. La coalition « bandits de grand chemin-fonctionnaires » a fait des étincelles. Avec, cette fois, une technique beaucoup plus perfectionnée. Toute une machinerie de fraude où rien n’a été laissé au hasard. Frisant la perfection, le procédé a pourtant fini par être découvert. Mais combien d’autres ont échappé aux mailles du filet ? C’est pourquoi l’État doit sévir. La loi dans toute sa rigueur doit être appliquée et pas pour ce cas seulement. L’impunité ne doit plus être la règle. Elle encourage ceux qui ont vu d’autres s’en sortir sans trop de dégâts, après avoir été pris la main dans le sac, à se dire : « pourquoi pas moi » ? Avec le résultat qu’on est en train de vivre. Aux oubliettes, les nominations de complaisance, le recyclage des symboles de la gabegie et l’absence de méritocratie ! Renforçons nos défenses immunitaires ! Un esprit sain dans un corps sain, telle doit être notre devise et notre conduite ! Au quotidien, chacun de nous et tous ensemble. Ainsi prospère la République… 

                                                                                                           Ahmed ould Cheikh

dimanche 13 février 2022

Editorial: Tolérance zéro

 Trois directeurs centraux (deux au ministère des Finances et un à celui de l’Habitat) ont été démis de leurs fonctions la semaine dernière à l’issue du Conseil des ministres. Une rumeur, qui n’avait cessé d’enfler ces derniers mois, faisait état d’un scandale dont les « héros » seraient de « haut placés » qui auraient fait main basse sur des dizaines de lots fonciers par divers subterfuges. Le limogeage, coup sur coup, de ces trois directeurs l’a confirmée : il y a bien eu du grabuge aux Domaines. L’enquête, nous dit-on, se poursuit encore et ses conclusions seront transmises à la Justice. Bravo ! Mais est-ce suffisant ? Pourquoi eux et pas d’autres ? Il est à fort à craindre que ces limogés (dont la responsabilité dans ce qui s’est passé ne fait apparemment aucun doute) ne soient l’arbre qui cache une immense  forêt de faux et d’usage de faux dont ils ne sont qu’un maillon. Le plus faible ? En cette affaire comme en d’autres, l’opinion publique est aux aguets. Après avoir été roulée dans la farine et ayant vu ses maigres ressources spoliées par un clan vorace pendant une décennie, elle ne peut plus se contenter de slogans. Tolérance zéro : toute affaire doit désormais aller à son terme, ses auteurs, quels qu’ils soient, sévèrement sanctionnés et les sommes détournées revenir au Trésor public. Il n’est pas normal qu’en deux ans et demi, aucun procès pour gabegie n’ait été intenté et personne n’est encore allé en prison pour détournement. Ce ne sont pourtant pas les affaires qui manquent…

                                                              Ahmed ould Cheikh

samedi 5 février 2022

Editorial: Pas de quartiers!

 Un directeur d’établissement public a été relevé de ses fonctions la semaine dernière ; un autre limogé ; le coordinateur d’un grand projet, qui a pris ses aises avec la gestion, devrait suivre sous peu. Plusieurs entreprises sont dans le viseur de l’Inspection générale de l’État qui ne va pas tarder à rendre ses rapports ; accablants pour certains, si l’on en croit diverses confidences. La lutte contre la gabegie serait-elle en train de prendre un nouveau tournant ? Le président de la République serait-il désormais plus enclin à sévir contre les prévaricateurs, après avoir donné l’impression, surtout après certaines nominations et le recyclage de certains symboles de la décennie azizienne, que la lutte contre la gabegie ne faisait pas partie de ses priorités. Contrairement à son prédécesseur qui la chantait sur tous les toits. Avec les résultats que l’on sait : « le » Casse du siècle.  Depuis le rattachement de l’IGE à la Présidence et la nomination à sa tête d’un technocrate dont tout le monde salue la compétence et l’intégrité, la grande lessive de printemps est enfin en route. Comme dit tantôt, des têtes sont déjà tombées, d’autres suivront dans les semaines à venir. Mais le travail ne doit pas s’arrêter là.   L’utilisation à des fins personnelles du bien public est devenu tellement banal dans ce pays qu’il serait illusoire d’y mettre fin du jour au lendemain. La bataille risque d’être de longue haleine mais elle mérite d’être menée. D’une main de fer et non pas dans un gant de velours mais d’acier. Il faut frapper tellement fort que plus personne ne songera désormais à tendre la main vers les ressources d’un peuple dont le principal ennemi a toujours été son gouvernement, comme disait Saint Just. S’il vous plait, monsieur le Président, pas de quartiers ! Dieu reconnaîtra les siens.

                                       Ahmed ould Cheikh