dimanche 9 août 2020

Editorial: Épouvantable, l’épouvantail ?

 La Commission d’enquête parlementaire a enfin rendu son rapport. Six mois, jour pour jour, après avoir commencé ses investigations. Un rapport digne des pires républiques bananières tellement la gabegie, la prévarication, les entorses aux procédures et autres malversations y sont légion. Les marchés publics sont devenus au cours de la dernière décennie de véritables écuries d’Augias. Plus de quatre cent milliards d’anciennes ouguiyas se sont ainsi évaporés entre marchés fictifs ou de complaisance, surfacturations et/ou surévaluations. Le rapport (bien) ficelé, la balle est à présent dans le camp de la Justice. L’opération « mains propres » qui verra l’ex-Président et une sacrée brochette de (hauts) fonctionnaires passer sous les fourches caudines d’un pouvoir judiciaire indépendant ne sera bientôt plus une vue de l’esprit. À coup sûr, le plus grand déballage qu’aura connu le pays depuis son indépendance, au risque de voir un ex-Président passer quelques années en prison, après avoir restitué tout ou partie de la fortune colossale amassée en onze années de pouvoir. Jamais, en soixante ans d’existence, la Mauritanie n’aura connu un régime aussi boulimique et une équipe dirigeante aussi peu regardante à faire main basse sur les maigres ressources de notre pauvre et sous-développé pays. Il fallait, pour espérer y mettre fin, une première fois. C’est fait. La commission d’enquête parlementaire se dresse désormais en épouvantail dans le champ visuel des prédateurs de la Nation. Il reste certes à la Justice de lui donner assez vigoureuse animation pour en susciter durable épouvante. Mais il est bel et bien planté, le peuple en est informé… et attend la suite.

                                                                                                                                                                     AOC