Hassan
II avait le sens de la formule. « Conférences tam-tam » : c’est ainsi
qu’il n’hésita pas à qualifier, au plus fort de leur vogue, les
conférences nationales, devenues mode en Afrique, au début des années
90, en prélude à une démocratisation forcée et imposée par l’ancienne
métropole. Il ne croyait pas si bien dire : toutes finirent en fiasco.
En Mauritanie, nous n’avons pas eu notre conférence nationale mais ce
qui s‘est déroulé, ce dernier lundi, au Palais des congrès, y ressemble
étrangement. Une pièce de mauvais goût, flanquée de troubadours, ça
donne quoi, selon vous ? Les « Rencontres consultatives préliminaires au
dialogue national inclusif » – ça ne s’invente pas – n’ont été qu’une
outrageuse exhibition. En l’absence du FNDU et de la CUPAD, pourtant
opposition dite « modérée et participante », et en présence des
formations politiques dites de la « Majorité », de quelques dissidents
de l’opposition et autres partillons-cartables, la messe ne pouvait être
dite. Pour dialoguer, il faut être deux et l’entêtement s’est toujours
révélé mauvais conseiller. A quoi serviront des recommandations
approuvées par un seul camp ? Où nous mènera cet unilatéralisme ? En
quoi de nouvelles élections aideront-elles le pays à sortir de la crise,
si l’opposition continue à être exclue du jeu politique ? Ce ne sont
pas quelques débauchés, en mal de promotion et juste avides de soupe,
qui donneront de la crédibilité à des rencontres sur lesquelles
personnne ne pariera un ouguiya.
Pour leur donner un cachet populaire – méthode Kagamé ? – l’UPR, PRDS
version Aziz, a battu le rappel de ses troupes. Des cars ont été loués,
pour transporter des militants ; une tente dressée, devant le Palais
des Congrès, pour les abriter. Des centaines d’entre eux ont même eu
droit à des cartons d’invitation, pour meubler la salle et combler le
vide – béant – laissé par les boycottistes. Sachant pertinemment que
l’opposition n’acceptera jamais de participer à un dialogue sans
garanties écrites, le pouvoir s’est pourtant entêté à tenir ces assises,
coûte que coûte. Pour un résultat nul. Citoyens et partenaires au
développement restent persuadés qu’un dialogue inclusif ne peut se tenir
sans la participation de tous.
Un autre tam-tam, autrement plus conséquent et lourd de
significations, nous parvient de l’autre côté de l’Océan. Du Guatemala,
plus précisément, dont le président de la République dort, depuis quatre
jours, en prison, suite à un énorme scandale de corruption. Sous la
pression de centaines de milliers de citoyens descendus dans la rue, à
l’appel de la Société civile, le Parlement a dû lever l’immunité du chef
de l’Etat et le procureur signer son ordre d’écrou, tandis qu’était
avancée, dans la hâte, la date de l’élection présidentielle.
C’est un humoriste célèbre, version Dieudonné guatémaltèque, qui se
retrouve largement en tête du premier tour organisé dimanche. Les
citoyens sud-américains ont donc compris qu’il valait mieux en rire
qu’en pleurer. Un fol espoir que les soutiens militaires dudit comique
se chargeront, peut-être, de réduire à néant. Mais, tout de même, un
sacré tam-tam dont nous ferions bien, Mauritaniens, de méditer le sens.
Tant qu’il nous reste une bouche, pour dénoncer ou rire, avant de
n’avoir plus que nos yeux, pour pleurer…
Ahmed ould Cheikh