dimanche 26 septembre 2021

Editorial: Justice, tout simplement..........

 Deux anciens Premiers ministres, dont les noms figurent dans la liste des personnes poursuivies dans ce qu’il est convenu d’appeler le «Dossier de la Décennie », toucheront désormais la rente mensuelle que prévoit la loi pour les anciens chefs de gouvernement. Un juste retour des choses quand on sait que, même s’ils sont condamnés plus tard, cela n’enlève en rien leur droit à bénéficier de tels avantages. Les anciens sénateurs, dont Ould Abdel Aziz avait supprimé la chambre à la suite d’une procédure anticonstitutionnelle, toucheront leurs arriérés de salaires suspendus abusivement entre la période où ils votèrent contre les amendements constitutionnels et le referendum.  Ce n’est que justice, pourrait-on dire ici aussi. Mais les cas d’injustice et d’arbitraire, dont la dernière décennie se fit le champion, ne s’arrêtent pas là. Les ex-employés de la SONIMEX, de l’ENER et de l’Agence d’accès universel, pour ne citer qu’eux, continuent à battre le pavé pour réclamer justice. Jetés dans la rue, du jour au lendemain, par le seul fait du prince, des centaines de pères de famille se sont retrouvées subitement dans le dénuement. Les entreprises qui les employaient, au moins les deux premières, avaient pourtant suffisamment de ressources pour payer tous leurs droits. Mais personne ne s’en est vraiment préoccupé, nos responsables de l’époque ayant (beaucoup) d’autres chats, plus gras, à fouetter que de s’occuper de pauvres employés. Comment expliquer cette discrimination dans un pays qui se dit islamique où les droits sont censés sacrés ? Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?

                                          Ahmed Ould Cheikh

samedi 18 septembre 2021

Editorial: Changement?

Mohamed ould Ghazwani reçoit des députés français. C’est une Première pour lui, pas pour la Mauritanie qui avait inauguré le concept en 2009. Ould Abdel Aziz y avait englouti beaucoup d’argent, pressé qu’il était de se tailler une image de marque dans l’Hexagone. Mais pas plus qu’avec les journalistes et autres mercenaires de la plume chargés de l’impossible lobbying, les centaines de milliers d’euros dépensés n’avaient débouché qu’à un résultat… nul. Alors quoi d’autre, aujourd’hui ? Promotion des efforts de notre Assemblée nationale à assumer enfin sa fonction républicaine ? Du leadershipà tout le moins affiché de la Mauritanie au sein du G5 Sahel ? Du centre Zayed fondé par la Première dame ou de l’agence Taazour, nouvelles vitrines de la solidarité made in Mauritanie? Ou prévention d’éventuelles manœuvres de déstabilisation si coutumières à l’ex-puissance coloniale en son pré carré d’Afrique francophone, comme nous l’ont rappelé, il y a quelques années, les chars portant Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, plus récemment au Tchad et en Guinée ? Bref, le changement dans la stabilité rendu célèbre par Maaouya. À moins que ce ne soit, à la mode mauritano-mauritanienne, un bon coup de « changité dans le stabilement », notre sport national qu’identifia si bien le regretté Habib.

                                                                               Ahmed ould Cheikh

samedi 11 septembre 2021

Editorial: Ressuscitez la SONIMEX, vite !

 Cela  fait quelques mois – déjà trop… – que la valse des étiquettes fait crouler le père de la famille et la ménagère sous un poids de plus en plus insupportable. Il ne se passe pas un jour, en effet, sans que les prix des produits de première nécessité ne subissent une hausse injustifiée et même inexpliquée, en certains cas. Au niveau international, les prix sur les marchés et l’augmentation du coût du transport – parfois aussi des assurances – peuvent motiver la hausse des prix au niveau local, si l’on y ajoute les taxes que l’État impose et la marge des commerçants. Mais rien ne peut justifier la hausse des produits que nous produisons, comme le riz ou la viande, si ce n’est l’appât du gain, le laxisme de l’État et la passivité des citoyens. Quelle solution alors pour ce fardeau ? Il y a  quelques années, le pouvoir en place décida – ce n’est pas le moindre de ses crimes – de liquider la SONIMEX. Fondée au milieu des années 60, cette société jouait un rôle extrêmement important dans la stabilisation des prix (en important des produits comme le riz, le sucre et le thé, entre autres) et empêchait ainsi les citoyens d’être livrés à la voracité des commerçants. Ce qui ne disculpe pas le pouvoir actuel. L’État a une responsabilité dans la situation actuelle. Le Sénégal voisin vient d’annoncer la suppression d’une taxe sur les produits alimentaires importés qui fera perdre à l’État près de 47 milliards de FCFA. La seule façon de faire baisser les prix. Et nous, qu’avons-nous fait ? Cent boutiques témoins ouvertes par le patronat ? Une goutte d’eau dans un océan de besoins. Pourtant l’argent ne manque pas. Il suffit juste de l’utiliser à bon escient. A quoi donc – à qui ? – ont servi les quarante milliards déboursés chaque année à Taazour ? Tadamoune obtint, avec beaucoup moins, un bien meilleur bilan. Pourquoi ne pas ressusciter la SONIMEX avec une partie de cet argent dilapidé dans des études-bidons réalisées par des bureaux d’études tout aussi bidons ? Ce n’est déjà plus une idée, c’est une urgence.

                                                                       Ahmed ould Cheikh

dimanche 5 septembre 2021

Editorial: En toute sécurité?

 Quatre-vingt pages sur « Les causes profondes des violences et conflits communautaires dans l’espace du G5 Sahel » facturées à 250 000 € ! Presque une bagatelle cependant, au regard des  600 000 € concédées à trente-deux autres pages, rallongées, il est vrai, de diverses annexes et pompeusement intitulées : « Étude sur les dépenses de sécurité et leurs effets d’éviction sur le financement des dépenses de développement dans les pays du G5 Sahel»… Maman Sambo Sidikou, l‘ex-secrétaire exécutif nigérien du G5 Sahel, n’avait manifestement rien à refuser à ses proches, en dépit des difficultés financières de ladite organisation, chroniques depuis sa fondation en 2014.

Révélées conjointement par « Le Canard Enchaîné » et « Confidentiel Afrique », ces très généreuses amabilités font grand bruit. Notamment en ces pays sahéliens parmi les plus pauvres du Monde et d’autant plus que les travaux susdits ne sont, soulignent Hugues Desormaux et Ismaël Aïdara, les co-auteurs de l’article de Confidentiel Afrique, «ni spécialement bien rédigés, ni franchement remarquables par leur contenu ». En bref, des « études-bidons », selon les mots d’un chercheur fort respecté.

Bidons, on croit sur parole ce jugement d’expert. Mais ces études n’en sont pas moins fort instructives : Tertius Zongo, l’ex-Premier ministre du Burkina-Faso, avait à mesurer l’impact négatif des « dépenses de sécurité » sur le développement des pays du G5 ; Niagalé Bagayoko, l’ex-épouse d’un ambassadeur français, avait, elle, à documenter sur les causes profondes des violences au Sahel. Les trois cent quarante millions MRO empochées ont effectivement apporté une des plus pertinentes et lapidaires conclusions à ces recherches. Cinglante et méprisante, certes, pour les peuples sahéliens mais vraiment éloquente… Et, cerise sur le gâteau, suffisante pour hisser Maman Sambo Sidikou au poste plus prestigieux encore de Haut représentant de l’Union africaine au Sahel et au Mali. Il n’y a pas à dire : le Système vit toujours de beaux jours. En toute sécurité ? La question se pose… 

 

                                                                                       Ahmed ould Cheikh