vendredi 23 février 2024

Editorial: Bonne chance, Président!

Voici de nouveau un mauritanien à la présidence de l’Union Africaine ! Après Mohamed ould Abdel Aziz en 2014, c’est en effet Mohamed ould Ghazwani qui a été choisi par ses pairs africains pour superviser les débats de leur Conférence durant une année. Un poste essentiellement honorifique, il faut d’emblée le signaler, puisque les décisions de cette assemblée se prennent à la majorité des deux tiers. Mais la recherche du consensus n’en est pas moins un objectif en filigrane et la personnalité de notre président de la République devrait s’y révéler précieuse. L’UA en a besoin, tant les problèmes s’accumulent devant, derrière, à gauche, à droite, au-dessus, en-dessous et à l’intérieur de l’organisation continentale fondée en 2002. Enfin un représentant de l’Afrique blanche vraiment consensuel ? Car il faut bien reconnaître que l’Afrique du Nord ne s’est guère signalée, à ce jour, par une telle qualité exemplaire, étalant sans vergogne ses propres divisions. Notamment entre le Maroc et l’Algérie dont l’incapacité à s’entendre leur interdisait de prétendre à la présidence de l’Union. C’est d’ailleurs à titre de compromis que Ghazwani a accepté de s’y présenter, alors que l’actualité mauritanienne – imminence de l’élection présidentielle… – lui aurait plutôt commandé de s’en abstenir. Il aura à ses côtés le tchadien Moussa Faki qui achèvera cette année son second mandat à la tête de la Commission de l’UA chargée de l’exécution des décisions de la Conférence. Ils se connaissent bien et ont en commun un sens aigu de la diplomatie. De quoi lancer un processus revivifiant pour l’Union du Continent ? Un an, c’est évidemment peu mais sait-on jamais ? L’Esprit souffle où Il veut et ne s’embarrasse pas du temps… Bonne chance, Président ! Ahmed ould Cheikh

vendredi 16 février 2024

Editorial: Merci Transparence Inclusive

Dans un rapport exhaustif publié récemment, l’ONG Transparence Inclusive a mis en lumière les graves dysfonctionnements et les soupçons de corruption entourant le projet Aftout Ech-Chargui, un ambitieux programme d’approvisionnement en eau potable destiné aux communautés rurales du Gorgol, de l’Assaba et du Brakna. Lancé sous l’égide du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, il visait à améliorer l’accès à l’eau potable pour 155 000 personnes, en construisant un réseau complexe de réservoirs, conduites et châteaux d’eau. Sa mise en œuvre était divisée en deux phases confiées respectivement à la société Arab Contractors qui a achevé sa tâche « de manière acceptable », souligne le rapport, et à un consortium dirigé par une société appartenant à Zein El Abidine, président de l’Union Nationale du Patronat mauritanien et dont les résultats sont beaucoup moins probants, selon les termes de l’enquête. Le rapport détaille les manquements en termes de quantité et de qualité des composants-clés du projet. Il pointe du doigt le non-respect des spécifications contractuelles, des matériaux de qualité inférieure, et une coordination déficiente entre les entités de supervision et l’entreprise en charge de la construction, entraînant une capacité hydrique nettement inférieure aux objectifs. De plus, une augmentation suspecte du budget a été accordée avant même l’achèvement des travaux, justifiée par des arguments fallacieux tels que l’extension des bénéfices à plus de villages, l’augmentation de la hauteur des châteaux d’eau et l’amélioration des capacités de pompage — des affirmations rapidement démenties par les faits : la majorité des installations ne fournissent pas d’eau de manière fiable, avec des coupures totales observées dans 20 % des cas et un approvisionnement intermittent et insuffisant dans 72 % des cas. Seulement 8 % des installations fonctionnaient correctement au terme de l’enquête de l’ONG. Le supplément susdit a été accordé avec la complicité de trois acteurs : la tutelle, représentée par monsieur Ahmed Zeidane ould Taleb Mokhtar, coordinateur du projet Aftout ech-Chargui, qui a signé le contrat d’annexe additionnelle et présidé le comité d’accueil ne faisant état d’aucune pénurie dans les quantités des composantes de l’accord malgré sa valeur élevée et se contentant de quelques observations formelles ; les bureaux des études de la SGIE, affilié à l’homme d’affaires Mohamed Lamine Ould Betah, et de l’ACEI, dirigé par Seydou Coulibaly, associés pour la circonstance, qui ont de concert produit des documents frauduleux pour justifier ladite augmentation, signant notamment les procès-verbaux de réception des quantités contrefaites ; et enfin les membres du comité d’accueil dont aucun ne s’est opposé à la non-exécution d’environ 23% des travaux programmés dans les trois composantes du projet. Vaste opération de détournement de fonds, conclut Transparence Inclusive qui appelle à une enquête immédiate pour élucider ces accusations graves et récupérer les fonds gaspillés, soulignant l’importance cruciale du projet pour les communautés-cibles et la nécessité de mettre fin à ces pratiques corruptibles qui entravent le développement et le bien-être des populations les plus vulnérables. Très précis et documenté, le rapport de l’ONG aura également eu le mérite de mettre en évidence les processus d’entente et de manipulation du projet et de ses objectifs, donnant ainsi aux (éventuels ?) enquêteurs ultérieurs de l’État mauritanien des outils sérieux pour s’attaquer aux arnaqueurs en col blanc… Merci, Transparence Inclusive ! Ahmed ould Cheikh

samedi 3 février 2024

Editorial: Socle assuré, fort à construire…

Le miracle tant attendu n’a finalement pas eu lieu. Nos vaillants Mourabitounes se sont arrêtés aux portes des quarts de finale de la CAN qui se joue actuellement en Côte d’Ivoire. Après deux premiers matchs catastrophiques contre la Burkina Faso et l’Angola, qu’ils ont perdus surtout par manque criant d’expérience et un match héroïque contre l’Algérie qu’ils ont éliminée sur le plus petit des scores, nos joueurs se sont mis à nous faire rêver. La liesse populaire qui a suivi cette première victoire en Coupe d’Afrique des Nations, synonyme de qualification pour les huitièmes de finale, a fait oublier à une foule en délire, le temps d’une soirée, ses difficultés du moment, ses misères et ses différences. Le peuple bigarré n’était plus qu’un, uni dans une allégresse que seul le football peut procurer. Après tant d’échecs, nous voilà désormais pourvus d’une équipe nationale capable de se donner corps et âme et de défendre nos couleurs nationales ! La Mauritanie n’est désormais plus le petit poucet que chaque équipe rêve de croiser pour s’assurer des trois points de la victoire. Le Cap-vert, qui avait battu au premier tour le Ghana et fait jeu égal avec l’Égypte, a éprouvé toutes les peines du monde pour se défaire d’une équipe combative. Et c’est sur un coup de dés, comme lors du premier match contre le Burkina, que nous avons concédé un penalty stupide. Manque de maturité, disais-je. Nous avons certes perdu une bataille ce lundi à Abidjan mais nous avons gagné une guerre. Notre équipe a désormais un socle : il lui reste à y construire un fort imprenable. Assuré, capable d’affronter toutes les bourrasques, conquérant. Nos Mourabitounes en ont le potentiel : la Mauritanie n’est-elle pas le pays de tous les vents ? Ahmed ould Cheikh