lundi 26 janvier 2015
lundi 19 janvier 2015
Editorial: Mouvements bancaires
a nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Vendredi, en fin de matinée,
les administrations venaient de fermer. Soudain, un communiqué laconique
de la présidence de la République annonçait la nomination d’un nouveau
gouverneur de la Banque Centrale et, donc, le limogeage de celui dont le
mandat avait été pourtant renouvelé, il y a à peine quelques mois.
Autre singularité : c’était de tradition que tout haut cadre sous mandat
dont on voulait libérer le poste soit, tout simplement, nommé à une
autre fonction, mais, apparemment, cela n’a pas été le cas pour Ould
Raïss. Aurait-il été « démissionné » ? On susurre, en effet, qu’Ould
Abdel Aziz aurait très mal pris l‘anarchie régnant en notre système
bancaire et dont la crise, à la Maurisbank, n’est que la pointe émergée.
Une façon comme une autre de noyer le poisson et de jeter l’opprobre
sur des responsables qui le sont si peu. Notre rectificateur en chef
nous a-t-il a dit et répété que c’est lui qui supervise tout, gère tout
et garde un œil sur tout ce qui bouge ? N’est-ce pas lui qui délivre les
(dés)agréments bancaires ? A tel point qu’on dispose, désormais, d’une
vingtaine de banques, pour un pays de trois millions d’habitants, doté
d’un très faible taux de bancarisation. Si l’on compte les
établissements de micro-crédit et de leasing, neuf nouvelles ont été
autorisées à exercer depuis 2008. Qui dit mieux ? Peut-on imaginer, un
seul instant, Ould Raïss prendre l’initiative de délivrer le moindre
agrément, sans le feu vert d’« En haut » ? Et, a contrario, avait-il la
moindre latitude d’en retirer un seul ? Pouvait-il permettre, à la
Maurisbank, d’initier ses activités, alors qu’elle n’avait pas libéré la
majeure partie de son capital ? Comment expliquer qu’il l’ait laissée
continuer à les exercer, alors qu’elle était exclue de la compensation
depuis près de dix mois ? La réponse coule de source. Dans un pays comme
le nôtre où le Président est omnipotent et le gouverneur de la BCM,
même fort d’un mandat, n’est qu’un simple exécutant, certaines
interrogations n’ont aucunement lieu d’être.
Il ne s’agit nullement de disculper l’ancien gouverneur dont la gestion fut loin d’être exempte de reproche. Dans l’affaire de la Maurisbank, il a laissé pourrir la situation, sans tirer les signaux d’alarme. Il aurait alors mis le Président devant ses responsabilités et, sait-on jamais, évité que des milliards partent en fumée, après la saignée qu’a connue le Trésor public. Il aurait pu faire preuve d’un tout petit peu de zèle, comme celui qu’il avait mis à tenter de mettre la GBM à genoux, faisant tout pour lui porter l’estocade. Avec, pour seul résultat, de donner l’impression qu’il s’acharnait contre un établissement dont le principal actionnaire n’était pas en odeur de sainteté avec « En-haut ».
La deuxième véritable crise qu’il eût à affronter l’a donc emporté. Responsable ou bouc émissaire ? On ne saura jamais. Comme leurs frères d’alcôve, les secrets bancaires ne sont dévoilés que lorsqu’une des parties s’estime trahie ou trompée. Ould Raïss aura-t-il le courage de franchir le Rubicon ? Sachant qu’un train peut en cacher un autre, on ne peut que lui conseiller de faire très attention, avant de traverser la voie. Mais il est probable que ce conseil lui soit inutile : non seulement, il est trop poli pour cracher dans la soupe mais il doit en avoir conservé quelques soupières, sinon containers, en quelque réserve privée… Il y a bel et bien des limites, aux mouvements bancaires.
Il ne s’agit nullement de disculper l’ancien gouverneur dont la gestion fut loin d’être exempte de reproche. Dans l’affaire de la Maurisbank, il a laissé pourrir la situation, sans tirer les signaux d’alarme. Il aurait alors mis le Président devant ses responsabilités et, sait-on jamais, évité que des milliards partent en fumée, après la saignée qu’a connue le Trésor public. Il aurait pu faire preuve d’un tout petit peu de zèle, comme celui qu’il avait mis à tenter de mettre la GBM à genoux, faisant tout pour lui porter l’estocade. Avec, pour seul résultat, de donner l’impression qu’il s’acharnait contre un établissement dont le principal actionnaire n’était pas en odeur de sainteté avec « En-haut ».
La deuxième véritable crise qu’il eût à affronter l’a donc emporté. Responsable ou bouc émissaire ? On ne saura jamais. Comme leurs frères d’alcôve, les secrets bancaires ne sont dévoilés que lorsqu’une des parties s’estime trahie ou trompée. Ould Raïss aura-t-il le courage de franchir le Rubicon ? Sachant qu’un train peut en cacher un autre, on ne peut que lui conseiller de faire très attention, avant de traverser la voie. Mais il est probable que ce conseil lui soit inutile : non seulement, il est trop poli pour cracher dans la soupe mais il doit en avoir conservé quelques soupières, sinon containers, en quelque réserve privée… Il y a bel et bien des limites, aux mouvements bancaires.
Ahmed Ould Cheikh
lundi 12 janvier 2015
Editorial: Voeux pieux
Une
année s’achève, une autre commence. Souhaitons-nous la donc bonne et
faisons des vœux. Espérons, d’abord, que 2015 ne sera pas comme 2014.
Qu’il y aura plus de pluie au cours du prochain hivernage. Que le
pouvoir fera preuve d’un peu plus de sérieux, dans sa volonté d’entamer
un dialogue franc et sincère avec l’opposition. Que cette dernière
acceptera la main, si elle est sérieusement tendue, du pouvoir. Qu’il y
aura des élections législatives et municipales véritablement
transparentes qui verront la participation de tous les partis. Que la
crise politique ne sera plus qu’un lointain souvenir. Que les prix du
fer monteront et que Tasiast et MCM daigneront nous donner, ne serait-ce
qu’une portion congrue de nos richesses qu’elles exploitent. Qu’il n’y
aura plus ni marché de complaisance ni marché de gré à gré. Que le
secteur bancaire et la presse seront assainis. Que notre guide éclairé
voyagera moins, qu’il comprendra qu’il n’a pas que des ennemis et qu’il
ne peut pas tout faire tout seul. Que les rapports de l’IGE seront
suivis d’effet. Que le Sénat disparaîtra à jamais. Que la Banque
centrale retrouvera sa vocation de régulation et de supervision du
système bancaire. Que la pêche disposera d’un plan de sauvetage. Que le
pouvoir arrêtera de fonder des sociétés nationales et assimilera le
fait qu’on ne peut assurer le développement sans un secteur privé
dynamique. Que le riz mauritanien sera meilleur. Qu’il y aura moins de
meurtres et de viols, dans nos grandes villes. Que la police sera
réhabilitée, pour mieux lutter contre la criminalité. Qu’il y aura un
grand débat national sur l’esclavage, ses séquelles, le passif
humanitaire et la cohabitation entre nos différentes communautés, pour
s’attaquer, enfin, aux vrais problèmes de notre pays. Qu’il n’y aura
plus ni procès politique, ni arrestations arbitraires, ni tortures, dans
les commissariats et les prisons. Que nos ministres seront de vrais
ministres, ayant leur mot à dire et non de petits exécutants frileux.
Qu’il y aura des ambassadeurs dignes de ce nom, et non pas des
parachutés n’ayant rien à voir dans la diplomatie et plus enclins à se
servir qu’à servir leur pays. Que les promotions et les nominations ne
seront plus de népotisme. Que le système sanitaire sera plus performant.
Que l’Education arrêtera de former des cancres et des illettrés. Qu’il y
aura moins d’accident sur nos routes. Que le prix des hydrocarbures
baissera, comme dans les pays voisins. N’en jetez plus, la cour est
pleine ? Mais je n’ai qu’à peine entamé la liste des urgences ! Ah,
c’est trop tard, on est le 7 Janvier ? Alors, ce ne seront que des vœux
pieux ? Voilà au moins de quoi réjouir notre république islamique…
Ahmed Ould Cheikh
Ahmed Ould Cheikh
dimanche 4 janvier 2015
Editorial: Comme de nuit noire
Alors que 2014 tire à sa fin, la nouvelle année ne commence pas, c’est le moins qu’on puisse dire, sous les meilleurs auspices. Quand l’improvisation tient lieu de feuille de route, où peut-on aller ? Rien qu’à voir le tableau général qu’offre notre pays, sous la direction éclairée de son rectificateur en chef, on a des sueurs froides. A vous de juger et la liste, hélas, n’est pas exhaustive. Notre démocratie balbutie : le processus dit de Nouakchott, qui devait accueillir onze chefs d’Etat, n’en reçoit, finalement, que quatre ; les relations, tendues, avec l’Union européenne, avec qui les négociations, pour le renouvellement de l’accord de pêche, sont suspendues et qui condamne, ouvertement, l’arrestation de Biram et de ses amis ; le Quai d’Orsay qui prête, désormais, une oreille plus attentive à la question de l’esclavage.
Notre situation économique n’est guère plus florissante : scandales financiers qui se multiplient, mal gouvernance de plus en plus pointée du doigt, fortunes qui s’accumulent en un clin d’œil, revenus de nos principales exportations qui baissent drastiquement. La scène politique ? Bloquée : la crise couve toujours, depuis 2008, aucun dialogue ne pointe à l’horizon, les acteurs ne s’accordent aucune confiance et le législatif, censé organe de contrôle, est, plus que jamais, aux mains de l’exécutif. La situation sociale ? Explosive : question de l’esclavage et de ses séquelles toujours pas réglée, relents communautaristes de plus en plus présents, tandis qu’un concert de voix s’élève, pour demander plus de justice sociale et une redistribution des richesses, après des décennies de privations. La sécurité ? Inexistante : le viol et le meurtre odieux de la petite Zeineb, après celui de Penda Sogue (et beaucoup d’autres encore) en disent long sur l’incapacité de l’Etat à assurer la quiétude à ses citoyens.
Tableau pas vraiment idyllique, donc. Que faire alors ? Gouverner, dit-on, c’est prévoir. Malheureusement, notre point fort, à nous Z’autres les Rimiens, comme dirait Marien Derwich, est de ne rien prévoir mais de vivre au jour le jour. On aurait pu, par exemple, prévoir la chute, inévitable, des cours des matières premières et ne pas tout dilapider. On aurait dû, aussi, prévoir une foultitude d’autres choses, pour ne pas en arriver là. Mais de ce pays, personne ne se soucie vraiment. On ira donc à 2015 comme de nuit noire, en quête d’un puits. A tâtons. En priant Dieu de nous le mettre en chemin… et de nous éviter d’y tomber
Ahmed Ould Cheikh
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