samedi 25 mars 2023

Editorial: Miracle

 Depuis quelques semaines on ne parle plus que de ça, faisant passer au second plan le procès de l’ancien président qui s’est réouvert ce lundi 20 mars. Alors qu’il tenait l’opinion en haleine avec ses multiples rebondissements et recours introduits par ses avocats pour empêcher la Cour de statuer enfin sur le fond de l’affaire, il est subitement passé au second plan. Les investitures des candidats au parti au pouvoir aux futures élections législatives, régionales et municipales lui ont subitement ravi la vedette. Jamais dans la courte histoire de notre démocratie, des candidatures n’ont suscité autant d’intérêt et donné lieu à tant de rumeurs, de contre-rumeurs et d’intox. Il faut dire que la discrétion absolue qui a entouré la confection des listes de la part d’Insav n’a pas aidé les colporteurs d’infos et autres racoleurs à vendre la mèche. Ce qui n’a pas empêché certains, ‘’de sources fiables’’, de jurer la main sur le cœur, que tel ou tel bénéficiera de la confiance du parti. Résultat des courses après près de 24 heures d’attente : des reconduits, des éconduits, des nouveaux investis et des mécontents à la pelle. La confection de la liste nationale, celles des jeunes et des femmes permettra sans doute de résorber certains mécontentements mais il serait illusoire de contenter tout le monde. Ce qui nous réservera sans doute de futures empoignades entre ceux qui étaient hier ‘’frères’’ et qu’une ambition dévorante a jetés dans les bras d’autres partis.  Certains enjeux locaux expliquent en partie cette course folle contre la montre et dont le parti ne semble pas avoir pris toute la mesure. Dans certaines localités en tout cas où les élections risquent de ne pas être de tout repos pour un parti au pouvoir assez mal en point mais qui réussit toujours, comme par miracle, à tirer son épingle du jeu.

                                                                                                            Ahmed Ould cheikh 

dimanche 19 mars 2023

Editorial: Coup de semonce?

 L’évènement a tenu toute la Mauritanie en haleine pendant près de deux semaines. Quatre (prétendus) djihadistes se sont enfuis de la prison civile de Nouakchott, tuant deux gardes lors de leur retraite et mettant à nu les défaillances sécuritaires du système carcéral. Depuis, c’est le branle-bas de combat. Tout le pays est en alerte. L’évasion de « salafistes », dont deux condamnés à mort, risque d’être du plus mauvais effet pour un pays jusqu’alors à l’abri d’attaques terroristes. Surtout que la facilité avec laquelle ils ont pris la poudre d’escampette n’augure pas d’un système de surveillance à toute épreuve. C’était une nécessité pour le pouvoir de régler ce « problème » au plus vite. Dès l’alerte lancée, tous les services se sont donc mobilisés. Le danger pouvait venir de partout et les fuyards frapper n’importe où. L’exception mauritanienne, tant vantée par les Occidentaux, à échapper aux attaques terroristes risquait de prendre un sérieux coup. Finalement tout est bien qui finit bien. Les fugitifs sont interceptés dans une zone montagneuse de l’Adrar, grâce au signalement d’un chauffeur croisé dans leur fuite. Et après un accrochage avec une unité d’élite de la gendarmerie, trois d’entre eux sont abattus avant que le quatrième ne rende les armes. Non sans avoir fait une troisième victime, un gendarme de l’unité qui les avait pris en chasse. Passée l’épreuve, plusieurs questions restent en suspens. Comment l’arme qui a permis de neutraliser les grades fut-elle introduite en prison ? Ont-ils bénéficié de complicités à l’extérieur pour couvrir leur fuite et leur offrir un gite, des armes et une voiture pour sortir de la ville ? Existe-t-il des cellules dormantes d’organisations terroristes capables de planifier une telle évasion ? Bref, accident de parcours ou coup de semonce ?

                                                                               Ahmed Ould Cheikh 

dimanche 5 mars 2023

Editorial: Dans les règles de l'art, enfin!

 Dans quelques semaines, les Mauritaniens seront appelés aux urnes. Pour la première fois depuis 2019, date de la dernière élection présidentielle qui les vit tourner la page d’une décennie qui les avait tant fait souffrir, théâtre qu’elle fut d’une des plus grandes opérations de détournement de leurs maigres ressources. Fruit d’un accord entre le ministère de l‘Intérieur et les partis politiques, la CENI est déjà à pied d’œuvre. Le recensement électoral a été lancé. L’atmosphère rappelle étrangement l’ambiance qui prévalait lors de la Transition 2005-2007, marquée par un apaisement inédit de notre scène politique. Avant que les militaires ne viennent la polluer, en encourageant le mouvement dit des « indépendants » et en soutenant « leur » candidat à la présidentielle. La suite, on la connaît.  Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Va-t-on assister pour une fois à des élections « normales » ? Il y a de quoi en douter quand on voit l’affluence que génèrent les missions du parti au pouvoir où chacun veut tirer la couverture à soi pour montrer un poids électoral très souvent factice. Si l’on y ajoute la faiblesse de l’opposition et ses divisions, on peut facilement imaginer les résultats de l’exercice ;du moins à l’intérieur du pays où le poids des chefferies et des notabilités peut faire pencher la balance. Le seul espoir de celle-là reste les grandes villes, habituellement frondeuses, où elle a par le passé réussi à tirer son épingle du jeu. La donne va-t-elle changer ? Réponse dans quelques mois… à condition que tout se passe dans les règles de l’art.

 

                                                                              Ahmed ould Cheikh