samedi 27 janvier 2024

Editorial: De l'eau dans l'gaz

La nouvelle n’a pas eu l’écho qu’elle mérite. Juste quelques entrefilets dans la presse et quelques échanges sur les réseaux sociaux. Elle est pourtant d’une extrême importance si elle est avérée… et il y a de fortes chances qu’elle le soit ! Elle aurait même provoqué un déplacement imprévu du président Macky Sall à Nouakchott pour s’entretenir avec son homologue mauritanien des conséquences pour les deux pays de la décision de BP – l’exploitant du champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim– de relever le Cost Oil qui passe de 3 à 9 milliards de dollars. Cost Oil veut dire toutes les dépenses correspondant aux coûts pétroliers réalisées avant la date d'entrée en vigueur du contrat et qui doivent être déduites progressivement des recettes. Ce qui risque de réduire à la portion congrue la part revenant aux deux États, au moins durant les premières années. Les deux présidents auraient opposé un niet catégorique aux nouvelles prétentions de BP mais les ponts ne sont pas rompus pour autant. Des délégations conjointes seraient actuellement en négociation avec le géant pétrolier pour baliser le terrain à une solution qui ne léserait pas les deux pays. Les énormes espoirs qu’on fondait sur cette rente gazière dont on parle depuis longtemps et qu’on attend toujours seront-ils déçus ? Cette hausse subite des coûts que BP aura du mal à justifier – c’est très « limite » de multiplier soudainement un devis par trois à deux pas du démarrage d’un chantier… – sonnera-t-elle le glas de l’entente qui a prévalu jusque-là entre les partenaires ? Bref, il y aurait-il vraiment de l’eau dans l’gaz ? Ahmed ould cheikh

samedi 20 janvier 2024

Editorial: Dommages collatéraux

Il y a une semaine, le président du RFD était évacué à Paris pour se faire soigner mais avait signé, avant de partir, une note de service désignant maître Yacoub Diallo pour assurer son intérim. Une décision qui n’a pas manqué de susciter des controverses au sein de ce parti de l’opposition historique et le moins qu’on puisse dire est que certains de ses dirigeants y sont désormais à couteaux tirés. En ces bisbilles qui ne datent apparemment pas de la semaine dernière et qu’ont exacerbé les candidatures lors des dernières élections législatives et municipales, ne faut-il pas voir une des causes des résultats catastrophiques du parti lors de ces scrutins locaux ? Faut-il y entendre la volonté des uns et des autres de se positionner pour une guerre de succession qui ne dit pas son nom ? D’où la question qui taraude tous les esprits : le RFD survivra-t-il à son président, si ce dernier – qu’Allah lui accorde encore une longue vie ! – se décide à passer la main ? Ce parti a-t-il encore un contenu idéologique assez pertinent – et, surtout, parlant au peuple mauritanien – pour fédérer un projet cohérent au-delà de la personnalité d’Ahmed ould Daddah ? La pantomime Droite-Gauche qui n’ont jamais été réellement distinctes dans notre paysage politique semble avoir été balayée par des considérations raciales et statutaires, toujours fermement ancrées dans la société mauritanienne. Ce qui explique en grande partie le recul des partis traditionnels, pas seulement en Mauritanie mais dans plusieurs autres pays de tradition pourtant démocratique. Si l’on y ajoute une guéguerre de leadership, la facture risque d’être salée, une page définitivement tournée et ce serait dommage… Ahmed ould Cheikh

samedi 13 janvier 2024

Editorial: Une bonne année à construire

2023 est enterré, 2024 débute..Timidement, comme engourdi par les fraîcheurs hivernales et les prévisions mi-figue mi-raisin des experts : récession par-ci, envolée de PIB par-là, mais réalités moroses pour tous les peuples, sur fond de repliement identitaire un peu partout… L’occasion n’en est que plus belle de souhaiter, comme de coutume, à tous une bonne et heureuse année ! À commencer par nos chers lecteurs et lectrices : santé, bonheur et prospérité, sinon à tout le moins courage et confiance en Dieu, Il est Grand et Capable de déjouer à tout instant les plus sombres pronostics ! À notre chère Mauritanie, ensuite, en lui espérant la plus heureuse réussite dans le démarrage de l’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et dans la répartition harmonieuse de ses dividendes, à commencer par les plus pauvres d’entre nous. Il est grand temps que la lutte contre la gabegie et le détournement des deniers publics se traduisent en réalités concrètes dans la vie des mauritaniens lambdas. Le peuple est las des applaudissements assourdissants des thuriféraires du système, alors que l’incertitude quant au contenu de la marmite reste le lot quotidien de tant de citoyens… À nos frères et sœurs musulmans, enfin, qui souffrent un peu partout dans le Monde, notamment en Palestine, au pays des Rohingyas (Birmanie) ou en celui des Ouïghours (Chine), sous les coups d’ennemis plus ou moins ouvertement soutenus par une Communauté internationale obnubilée par la seule sauvegarde de son système économique, en dépit de l’accumulation des injustices et des frustrations qu’il génère au sein de notre petite planète bleue. Et pas seulement parmi les humains, comme en témoignent les dérèglements climatiques et autres appauvrissements de la biodiversité. Alors 2024, glas de la vie sur terre ou réveil décisif de l’Humanité pour le bien de tous ? On veut tous croire au second terme de l’alternative : allons-y donc, confiants en nous-mêmes et en Dieu ! Ahmed ould Cheikh

jeudi 4 janvier 2024

EDitorial: Il ne faut jurer de rien

Ces histoires sont véridiques. Toute ressemblance avec des personnes qui existent ou ayant existé n’est évidemment pas fortuite. Il y a quelques mois, le ressortissant d’un pays voisin, gardien de son état, se faufile devant la maison de son ancien employeur, ouvre sa voiture le plus normalement du monde (dont il avait fait une copie des clés en l’absence de son patron) et dérobe 30.000 MRU. Manque de bol : les caméras de surveillance ont capturé son visage et il sera arrêté le même jour. Déféré et écroué, il écope de cinq ans de prison ferme. Un autre, mauritanien celui-là, est arrêté pour avoir volé un téléphone portable. Il sera condamné à deux ans de prison dont six mois fermes. Comparé aux verdicts du procès de la Décennie, on peut parler d’une justice à deux vitesses. Comment peut-on en effet engloutir des milliards, faire main basse sur le domaine public, blanchir des sommes faramineuses, détourner les deniers publics et se voir condamner à des peines insignifiantes au vu des charges qui pèsent sur vous ? Le procès de la Décennie, qui aura tenu en haleine l’opinion publique près de trois ans, aura finalement accouché de n’importe quoi. Certes, il y a encore l’appel qui peut alourdir la peine… tout comme il peut l’alléger ou même acquitter le seul prévenu encore en prison, à savoir l’ex-président Ould Abdel Aziz. En Mauritanie, « il ne faut jurer de rien » mais ce n’est pas rien que la célèbre œuvre d’Alfred de Musset fût... une pièce de théâtre. Ahmed ould Cheikh