samedi 22 mai 2021

Editorial: En l'attente des signes de l'Heure

 Ce qui se passe actuellement en Palestine occupée, principalement à Gaza, défie toutes les imaginations. Non content d’envahir le territoire, de bombarder ses populations et de les étouffer économiquement, la Sionie (1) s’entête à poursuivre sa politique d’expropriation des terres au profit des colons. Il ne se passe pratiquement pas un mois sans qu’une nouvelle colonie ne voie le jour à Gaza, Ramallah ou en Cisjordanie, réduisant à la portion congrue une Palestine fragmentée en « territoires » (2) déjà fortement surpeuplés. Il y a quelques jours, la tentative de faire main basse sur le quartier dit Cheikh Jarrah, non loin d’Al Aqsa, a mis le feu aux poudres. À la violence aveugle de l’État sioniste, bombardant des quartiers résidentiels et tuant des centaines de civils innocents, a vaillamment répondu la Résistance palestinienne. Un déluge de bombes s’abat quotidiennement sur les villes sionistes à commencer par Tel Aviv où les sirènes d’alarme ne cessent de retentir, suscitant une psychose que ce pays n’avait plus connue depuis le lancement, par Saddam Husseïn de ses missiles SCUD en 1991. Une situation nouvelle pour un pays surprotégé, surarmé et qui se croyait invincible. Quelques missiles ont pourtant suffi à casser ce mythe et sont en train de changer le rapport de force au profit d’une poignée de combattants aguerris et convaincus de la justesse de leur cause. Si bien que les Occidentaux ont fait savoir au Hamas qu’ils conditionnaient leur aide à la reconstruction de Gaza à l’arrêt des bombardements sur un allié dont ils n’ont à aucun moment condamné les crimes contre l’humanité qu’il ne cesse de commettre en Palestine occupée.

Le tout dans un silence de cathédrale de la majorité des pays réputés musulmans. Plus exactement, de leur gouvernement respectif. Car, en Mauritanie comme ailleurs, le peuple gronde. Patient et confiant en Dieu, il attend les signes de l’Heure. Soyez certains, Sionistes, qu’il y répondra, comme un seul homme, et que vos crimes, aujourd’hui, ne font que renforcer cette conviction.

 

                                                                              Ahmed Ould Cheikh

 

 

1.: Triste occasion de rappeler à nos lecteurs la position de notre journal à refuser de nommer l’entité sioniste par son usurpation du nom d’Israël, le doux prophète Yacoub (PBL), et nous incitons tous les musulmans et musulmanes sincères à faire de même. La Sionie ou Souhyouniya suffit amplement à distinguer la parodie d’État « démocratique » incrusté dans le terreau béni de tant de prophètes de Dieu.

2. : Selon l’expression consacrée par les Sionistes et significative de leur état d’esprit très inspiré des colons européens en Amérique du Nord et de leurs « réserves » indiennes.

vendredi 14 mai 2021

Editorial: En travers de la gorge

 Après une interview-fleuve à Jeune Afrique où il s’est attaqué, comme à son habitude, à tout ce qui ne bouge pas selon ses vues, pouvoir et opposition dans un même sac, Ould Abdel Aziz a remis le couvert mercredi dernier lors d’une nouvelle conférence de presse. Depuis son mariage contre-nature avec le parti de Saad ould Louleïd, l’ex-Président semble sur des charbons ardents. Fort significative, sa hâte à croiser le fer avec ceux qui, selon lui, sont en train de le diaboliser et de réduire « sa » décennie à une page sombre de notre histoire nationale. Et il ne s’est pas privé, notre ex-guide éclairé (à l’énergie solaire– of course ! – après avoir été pris en flagrant délit de fraude à l’électricité) : suffisant à souhait, impulsif, parfois colérique, il s’en est pris… à tout le monde !À ses interlocuteurs d’abord dont il a menacé de renvoyer la moitié « s’ils ne se calmaient pas » (sic !). Au pouvoir qu’il accuse de se détourner des problèmes essentiels du pays. À l’opposition qui a démissionné. Aux députés qui ont reçu, dit-il, trois cents millions d’anciennes ouguiyas pour approuver la fondation d’une commission d’enquête parlementaire et dont les salaires ont connu une augmentation sensible. Une requête que lui-même avait rejetée, menaçant de dissoudre l’Assemblée si le budget de l’État n’était pas approuvé dans les 48 heures. À la presse et aux bloggeurs que l’augmentation des budgets de fonctionnement des différentes structures de l’État permet, dit-il encore, de « calmer » dorénavant. À l’armée qui n’est pas exempte de mauvaise gestion, surtout du temps où il était aux affaires et malgré ses efforts à réduire son train de vie…

Malgré deux heures d’horloge et de logorrhée incoercible, le public est resté sur sa faim. L’homme qui promet à chaque fois des « révélations », se contente de s’écouter, ressassant la même litanie. Rien sur « la » question qui fâche et à laquelle tout le monde cherche une réponse : d’où provient l’immense fortune qu’il a accumulée en onze années de pouvoir ?Un nœud gordien qu’il faudra bien trancher un jour ou l’autre et qui lui semble toujours coincée en travers de la gorge. On comprend certes son angoisse et son besoin de se rassurer en hurlant désespérément au complot. Mais on n’en exigera pas moins l’extraction. C’est qu’il s’agit, mon bon monsieur si soucieux du bien commun, d’une affaire publique : ce n’était pas d’une société anonyme dont vous étiez le président…

                                          Ahmed Ould Cheikh

dimanche 2 mai 2021

Editorial: La gazra, comme naguère?

 Deux hommes poignardés à mort à Nouadhibou à quelques minutes d’intervalle ; une jeune fille égorgée à Nouakchott où il ne se passe pas une nuit sans qu’un meurtre ne soit signalé dans une des zones de non-droit où pullulent les gangs ; vols à main armée en plein jour, viols à répétition : l’insécurité atteint désormais des proportions inquiétantes. Malgré la multiplication des commissariats de police, les rondes nocturnes de la Garde et de la gendarmerie, les numéros d’urgence mis à la disposition des citoyens, rien n’y fait. La situation devient de plus en plus intolérable. Plus personne ne se sent en sécurité chez lui. C’est à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, qu’une bande armée, trop souvent sous l’emprise de psychotropes, peut débarquer dans un domicile, agresser ses occupants et les délester de leurs biens. S’il est vrai que la police obtient souvent de bons résultats lorsqu’il s’agit d’élucider des affaires de grand banditisme ou de meurtre, le ciel ne s’est pas éclairci pour autant. La faute à qui ? À une justice qu’on dit souvent complaisante et dont les peines ne sont pas appliquées avec toute la fermeté requise ? À une société qui a perdu ses valeurs et ses repères et n’a pas réussi à intégrer ses fils ? Aux familles qui ont échoué dans leur éducation ? Sans doute un peu de tout cela. Faut-il pour autant baisser les bras et dire que c’est une évolution « normale » ? Que la criminalité est le corollaire d’une urbanisation galopante ? Ou, plutôt, d’une paupérisation quasiment statutaire de trop de gens ? Où sont les perspectives de profit et d’avenir, pour notre jeunesse ? La gazra, comme naguère ?

                                                                                                  Ahmed ould Cheikh