Le Forum pour la Démocratie et l’Unité (FDU) s’est
ouvert le vendredi 28 février, non sans quelques soubresauts, le RFD menaçant de
ne pas y prendre part. Après avoir senti le vent du boulet, les organisateurs s’en
sortent avec plus de peur que de mal. Il aurait été, en effet, inconcevable
qu’une manifestation de cette envergure et sur laquelle beaucoup d’espoirs sont
fondés, se tienne sans le plus grand parti d’opposition. Mais cette éventualité,
annoncée deux jours avant le début des travaux, n’était, en fait, qu’une
manœuvre destinée à rendre à César ce qui lui appartient. Autrement dit, un peu
plus de considération pour le poids de ce parti et une reconnaissance, pour son
parcours dans l’opposition. Bref, il a fini par obtenir gain de cause, quelques
heures avant l’ouverture de la grande messe, à l’issue d’une réunion-marathon
de son bureau exécutif. Ould Daddah pouvait, désormais, présider la cérémonie
d’ouverture et prononcer le discours annonçant le début du conclave. La face
était sauve.
Les participants se sont, en suivant, répartis entre
plusieurs ateliers, pour plancher sur la situation du pays et définir les voies
et moyens d’en sortir, avant qu’il ne soit trop tard. A quoi faut-il donc
s’attendre, après trois jours de palabres non-stop ? Une feuille de route
pour dépasser la crise où nous débattons depuis 2008 ? Un manuel de
procédures, pour des élections consensuelles et transparentes ? Un canevas
de mesures urgentes, pour faire, de notre pays, un État « normal » ?
Tout cela est bien beau et tout citoyen, un tant soit peu honnête, ne peut
rêver mieux pour sa Nation. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Comment le
pouvoir réagira-t-il aux propositions concrètes qui ne manqueront pas d’émaner
du Forum ? De quels moyens disposent l’opposition, la société civile et
les autres participants au FDU, pour amener celui-là à s’asseoir autour d’une
table et discuter ? Pourquoi devrait-il lâcher du lest, alors qu’il a
toutes les cartes en main ? Et, si jamais il faisait preuve d’un peu de volonté
contraire, qui pourrait l’obliger à céder ? Certes, l’intérêt du pays est
en jeu et tout le monde tirera le plus grand bénéfice à dépasser la crise qui
nous plombe, depuis quelques années, mais il faut, d’abord, lever la barrière
psychologique sur laquelle se brisent les meilleures volontés du monde.
Ould Abdel Aziz doit tout faire, lui, pour se
départir d’un des plus pénibles défauts qui lui collent aux pieds, depuis les
accords de Dakar : ne pas faire grand cas de ses engagements. Mohamed Ould
Maouloud disait, récemment, dans une comparaison peu flatteuse, que Maaouya
était dur en négociations mais qu’avec lui, on pouvait considérer, quand il cédait
sur un point précis, que c’était acquis. Ould Abdel Aziz semble, au contraire,
tout accepter d’emblée, mais au moment de passer aux actes, c’est une toute
autre paire de manches… Et ce d’autant plus facilement qu’en face, son
opposition s’acharne, obstinément, à ne jamais se mettre d’accord. On comprend
qu’il dorme, le béat, très paisiblement sur ses deux oreilles. Faut-il donc
s’apprêter, dès maintenant, à rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans, avec
ce président qui n’aura cessé de nous promettre la lune, durant six ans, pour
mieux nous asservir à ses étoiles et celles de ses collègues galonnés ? C’est
maintenant, à quelque quatre mois de la présidentielle, que l’opposition doit
nous montrer autre chose qu’un grouillement de crabes. Le temps presse. Chaque jour qui passe dans
le combat des chefs consolide le pouvoir en place. Ce n’est pas, seulement,
qu’on ne peut pas être et avoir été, c’est, très concrètement aujourd’hui,
qu’il s’agit de choisir, entre être… et ne pas être.
Ahmed
Ould Cheikh
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