Moins d’un an après ‘’sa’’ rencontre avec le (son ?)peuple,
en août dernier, à Néma, voilà Ould Abdel Aziz de nouveau face aux (à
ses ?) jeunes. Jeudi soir et vendredi soir, pas moins de deux shows ont
été organisés, à la Faculté de technologie et de médecine, pour le premier, et
au palais présidentiel, pour le second. Quatre cents jeunes ont été ainsi
sélectionnés (par qui ?), pour poser des questions au tout nouveau
« président des jeunes ». Entouré d’élèves du prytanée militaire et
du lycée d’excellence de Nouakchott, Ould Abdel Aziz s’est installé dans un des
amphis de la fac, attendant les questions de ladite jeunesse. Le décor était
planté, l’ambiance décontractée et, devant nos petits écrans, on s’impatientait
d’entendre ce qu’allaient produire nos jeunes. Nous n’avons pas tardé à être
déçus. A part deux ou trois qui ont fait preuve d’un tout petit peu de (im)pertinence,
les autres se sont révélés de dignes héritiers de la culture de la flagornerie qui
a encore apparemment de beaux jours devant elle. Spectacle désolant. Aucun
intervenant n’a évoqué l’état désastreux de nos structures de santé, la
situation incroyable de nos écoles, la crise politique que nous vivons depuis
2008, le blocage des salaires et la
hausse des prix, les marchés de complaisance, attribués à tour de bras (dont
celui de l’organisation de cette rencontre, attribuée à une veinarde, réputée
chômeuse mais bénéficiant manifestement d’appuis). Personne n’a essayé
d’analyser le profil parental ou tribal des bénéficiaires de ces marchés. On
croyait la jeunesse frondeuse et iconoclaste. On la découvre atone, insipide et
décevante. Peut-être parce qu’il n’y avait, là, qu’une certaine jeunesse, issue
de milieux favorisés et qui se complait dans le luxe et la belle vie. Pour s’en
convaincre, il suffisait de jeter un coup d’œil sur le nombre de voitures
garées, devant le Palais des congrès où se tenaient les ateliers, le vendredi.
Pourquoi n’a-t-on pas choisi des jeunes des quartiers périphériques, issus de
familles pauvres, au chômage et non pistonnés ? Ce sont eux qui allaient
poser les vrais problèmes. Mais personne ne pouvait se hasarder à donner la
parole à un pauvre. Un jeune sans perspective, défavorisé dès sa naissance et
qui voit ses proches souffrir, ne se complaira pas dans la bassesse. Il n’a,
déjà, rien à perdre. Alors, autant cracher la vérité, toute crue ! Ce que
n’apprécie que très modérément notre guide éclairé. Ne se crispe-t-il pas,
sitôt qu’un intervenant sort, à peine un chouïa, des sentiers battus ? Si
plusieurs l’avaient assailli de questions embarrassantes, il aurait bien pu ne
pas finir la soirée. C’est ce que les organisateurs voulaient éviter, à tout
prix, en triant les participants sur le volet et en écartant, systématiquement,
tout jeune ayant déjà flirté avec un parti d’opposition ou traînant la
réputation d’être un peu « dur d’oreille ».
Le lendemain soir, dîner à la Présidence et voilà
« notre » vaillante jeunesse à rendre ses (pâles) copies. On a lu les
recommandations des différents ateliers. Et écouté, religieusement, le
président déclarer qu’il en prendrait le plus grand soin. Tout comme avec ses
promesses de campagne dont plus personne, d’ailleurs, ne se souvient. Un
président en campagne ne promet pas seulement
aux jeunes mais à tout le monde. Ne dit-on pas, à juste titre, que les
promesses n’engagent que ceux qui y croient ?
Ahmed Ould Cheikh
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