Le Forum pour la Démocratie et l’Unité
(FDU), qui s’était tenu, à Nouakchott, à la fin du mois de février et dont les
recommandations sont un véritable programme politique, éclipsé, cependant, par
l’affaire de la profanation du Saint Coran, fait, de nouveau, parler de lui. Le
président de la commission, chargée du suivi de ses recommandations et d’éventuels
contacts avec le pouvoir, a été reçu, la semaine dernière, par le Premier
ministre. Ultime tentative du pouvoir d’amener la Coordination de
l’opposition à accepter le principe du dialogue, avant la prochaine
présidentielle, fixée, unilatéralement hélas, le 7 juin prochain ? Mais
c’était bien avant cette rencontre que le ministre de la Communication, qui
fait feu de tout bois (contrairement à son prédécesseur qui ne parlait que
contraint et forcé), avait déjà fixé les règles du jeu. Le gouvernement d’union
nationale et le report de l’élection, avait ainsi déclaré la voix de son
maître, n’étaient pas négociables. On se demande, alors, que fait le président
du Forum avec le Premier ministre. Que reste-t-il donc à discuter ? Sauf à
vouloir donner l’impression que c’est lui qui tend la main à ceux qui la
refusent, on peut difficilement s’expliquer l’attitude d’un pouvoir qui a toutes les cartes en main. Et refuse de
lâcher du lest. On se rappelle, encore, du mini-dialogue qui avait eu lieu,
juste avant les élections législatives et municipales de novembre dernier,
lorsque la COD
voulait discuter des conditions pouvant garantir un scrutin libre et
transparent. Les représentants de la majorité n’avaient accepté de concéder
qu’un report de deux semaines, tout au plus. Et la réunion avait tourné court.
L’opposition maintenant, en conséquence, son mot d’ordre de boycott et le
gouvernement s’entêtant à organiser un pastiche d’élections. Qui ont donné
cette assemblée dont la qualité des membres tranche nettement avec celle qui
l’a précédée.
A quoi faut-il s’attendre, maintenant, d’une élection
qui s’annonce sans enjeu, en l’absence de challengers sérieux ? Comment
peut-on se mesurer à un président en campagne depuis six ans et dont la
parentèle a fait main basse sur le pays, ses marchés et ses ressources ? N’y
a-t-il pas un risque, comme en 2009, de crédibiliser un processus sur lequel on
n’a aucune prise ?
Si un véritable dialogue est amorcé, par quel
miracle l’opposition pourra-t-elle influer sur le cours des choses, à deux mois
du scrutin ? Avec quels moyens va-t-elle se lancer dans la bataille ?
Et nous voici revenus à la même rengaine qui fonde notre pesant et archaïque
mode de dévolution du pouvoir : il est illusoire de prétendre battre, par
les urnes, le candidat du pouvoir. Le président dispose de tous les pouvoirs,
civils et militaires, pour nommer, corrompre, limoger, promettre, etc. Dispose
des marchés publics qu’il distribue à sa convenance. Recrute fonctionnaires,
notables et chefs de tribu, tous à hue et à dia pour offrir, au candidat-maître
de cérémonie, le meilleur score plébiscitaire, chacun dans sa localité.
Camoufle, ainsi, son coup d’Etat permanent en campagne électorale continue, ne
ratant aucune occasion de descendre sur le terrain… Je nous le recommandais,
déjà, la semaine dernière : signons-lui, tout de suite et en blanc – il en
fera, de toute façon, strictement à sa guise – son chèque pour un nouveau
mandat. On aura au moins fait l’économie d’une élection jouée d’avance… et
attendons le prochain providentiel rectificateur de notre démogâchis…
Ahmed Ould Cheikh
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