Permettez tout d’abord, messieurs de
la COD, de la CAP et de la Majorité, d’attirer votre attention sur un
fait qui vous échappe, peut-être, et qui, pourtant, aurait dû guider
votre action : tous les regards sont braqués sur vous. Le pays tout
entier vous observe, vous n’avez pas le droit de le décevoir. Vous devez
vous surpasser, pour que la crise politique que nous vivons, depuis
2008, soit, enfin, derrière nous. Certes, les écueils, surtout
psychologiques, sont nombreux et la confiance n’est guère au
rendez-vous. Mais il y va du cheminement normal de ce pays et, même, de
son avenir. Les difficultés ne manqueront pas et la moindre saute
d’humeur risque de tout faire foirer. Tenez bon. Faites preuve de bonne
volonté. Le reste viendra. Comme lorsque la COD avait exigé – à raison,
d’ailleurs – que l’ouverture du Dialogue soit entouré d’un minimum de
solennité et que le gouvernement y soit représenté par des ministres et
non par élus, fussent-ils de la majorité. Ce premier obstacle fut,
finalement, dépassé. D’autres ont surgi, en cours de route. Faites-y
face ou contournez-les, en attendant que le ciel s’éclaircisse. Mais,
surtout, ne baissez pas les bras, quelle que soit l’ampleur des défis à
relever. Mettez vos intérêts personnels et ceux de vos partis au second
plan. Pensez à nous et dites-vous qu’on commence à en avoir assez de vos
querelles partisanes qui n’en finissent pas de nous empoisonner la vie
politique et, même, la vie tout court.
Faites preuve de bonne volonté, discutez
de tout, jouez franc jeu, si ce n’est trop vous demander. Surtout, ne
sortez pas de votre conclave sans un accord en bonne et due forme. Que
la présidentielle soit organisée en juin, juillet ou août, qu’il y ait
ou non un gouvernement d’union nationale, que la CENI soit remodelée ou
non, qu’il y ait ou pas des observateurs internationaux, l’essentiel est
que cette Assemblée nationale, incolore et inodore, soit dissoute et
que vous vous mettiez d’accord sur une feuille de route qui nous fera,
enfin, goûter aux joies de la normalité démocratique.
Il est inconcevable que vous continuiez à
vous observer, indéfiniment, en chiens de faïence. Il est temps de
prouver votre capacité à faire de la politique : c’est-à-dire, négocier,
faire des choix, ordonner les priorités. Il est temps de briser la
glace et de passer aux choses sérieuses. Ould Abdel Aziz gagnant la
prochaine présidentielle ? Le contraire serait plus qu’étonnant. Mais
qu’il le soit sans avoir rien concédé, pour notre démocratie, serait,
vraiment, désespérant. Il faut voir loin. Plus exactement, cinq années
devant. Une échéance constitutionnelle qu’il faut rendre définitivement
définitive. Ould Abdel Aziz doit construire sa fin pacifique –
c’est-à-dire, celle des régimes militaires – et c’est à l’opposition de
l’y aider. Car les flagorneurs feront, eux, tout pour contrecarrer cette
perspective. Tel est l’enjeu, en filigrane, de discussions à beaucoup
plus court terme. Voilà de quoi, maintenant qu’il en est exactement
l’heure, de quoi alimenter le dialogue, non ?
Ahmed Ould Cheikh
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