« Je l’ai dit et répété : il n’y aura pas de gouvernement d’union
nationale tant que je serai au pouvoir », c’est, en substance, ce que nous
avons retenu de la conférence de presse du président Ould Abdel Aziz à
Nouadhibou, la semaine dernière. Une conférence de presse à laquelle Le Calame,
encore une fois et comme d’habitude, n’était pas invité. C’est le contraire
d’ailleurs qui aurait étonné. Jamais, en effet, depuis l’accession au pouvoir
de notre rectificateur en chef (qui se prévaut, désormais, du titre de foreur
de puits), nous avons eu l’insigne honneur de lui poser la moindre question ou
de couvrir un seul de ses innombrables, et parfois très inutiles, déplacements.
Ould
Abdel Aziz a prononcé et répété cette phrase au moins trois fois, comme pour
conjurer le mauvais sort. Une façon aussi de planter le décor, avant le début
du dialogue entre le Forum et le pouvoir et signifier à ceux, parmi
l’opposition, qui s’accrochent à cette idée qu’il faut faire sans elle. Il a
juste concédé, juste du bout des lèvres,
que le report de l’élection est peut-être envisageable. Dans le cadre
d’un accord entre les différentes parties. Avant de se rétracter et dire qu’il
ne voudrait pas se mettre dans une position anticonstitutionnelle. L’hôpital
qui se moque de la charité… Les deux-tiers du Sénat ne sont-ils pas
forclos ? L’assemblée n’a-t-elle pas attendu deux ans avant d’être
renouvelée, alors que son mandat a expiré en octobre 2011 ? Qu’a-t-il fait,
lui-même, en 2008, de cette Constitution qu’il ne veut à présent surtout pas
violer ? Les Mauritaniens n’ont quand même pas la mémoire assez courte
pour qu’on leur fasse avaler n’importe quoi.
A
part cette mise au point, que faut-il retenir d’autre de cette conférence de
presse ? S’il ne s’agissait que d’annoncer qu’il n’y aura jamais de
gouvernement d’union nationale, une simple déclaration à la presse ne
pouvait-elle pas suffire ?
Après
les fameuses rencontres avec le peuple et avec la jeunesse, Ould Abdel Aziz
semble avoir pris goût aux « bains de presse », après les bains de
foule. Cette dernière rencontre ne lui laissera, en tout cas pas, un souvenir
impérissable. Il s’est emporté sitôt posée la première question un tant soit
peu dérangeante. Il était d’ailleurs tellement énervé qu’il a répondu en
hassaniya à la question suivante, pourtant posée en français. Les traits de son
visage et sa gestuelle trahissaient une nervosité qu’il n’arrivait plus à
contenir. S’il avait fait preuve d’un peu de calme et du plus minimal sens de la
répartie ou de la formule, il aurait pu s’en sortir sans trop de casse. Mais la
vérité dérange. Même les têtes bien faites. Et, à le voir ainsi perdre les
pédales, on comprend, évidemment, le remue-méninges et ménage que lui causerait
un Conseil de ministres d’union, capable de lui poser, en un seul jeudi,
cinquante questions aussi insupportables les unes que les autres. Vous imaginez
qu’il en perde son hassaniya, après son français ? Et ne s’adresse plus à
la Nation qu’en chinois ou en javanais ? Ce serait pire qu’avoir à avaler
des couleuvres ?
Ahmed
Ould Cheikh
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