dimanche 10 mars 2013

Editorial : Quels amis, à l’heure des comptes ?


L’enquête, munitieuse et bien fouillée, publiée en deux temps, la semaine dernière, par le site Afrik.com, sur le pillage organisé de la Mauritanie par une poignée d’individus, a jeté une ombre sur le pouvoir de Mohamed Ould Abdel  Aziz. Parangon auto-déclaré de vertu, champion détribalisé de la lutte contre la gabegie, celui qui se prétendait président des pauvres n’a, apparemment, excellé qu’en une seule chose : l’enrichissement ; mais seulement le sien – « charité bien ordonnée… » – et celui d’une parentèle. Qui, en quatre ans, a fait pire que tous les anciens pouvoirs réunis. Le BTP, les mines, les hydrocarbures, les assurances, les services, rien n’échappe à la boulimie de ce groupe de prévaricateurs new look, si l’on en croit le site en question. Même la SNIM, jadis fleuron de notre industrie minière et qui est toujours restée plus ou moins éloignée de la  médiocrité ambiante, est mise à contribution. Le beau-fils du président y a été recruté séance tenante, sans concours, sans stage, sans essai et envoyé, illico presto, en France, pour une mission de cinquante jours.  Jamais, depuis la fondation de cette société, on aura vu autant d’empressement dans le recrutement d’un employé. Ni aussi peu de finesse. Que représentent 13 500 euros (le montant des frais de mission du beau-fils chanceux), comparés aux retombées négatives que pourrait avoir un tel geste, sur la réputation de l’entreprise et sur l’œuvre du beau-père ? A moins de nous prendre pour des idiots, Ould Abdel Aziz ne pourra plus nous parler d’égalité des chances, d’enrichissement illicite ou de népotisme.
Quelques mois avant son arrivée au pouvoir, Macky Sall disait que le Sénégal avait atteint un tel degré de pourriture que le futur président sera dans l’obligation de faire un état des lieux et de demander des comptes. Une chose à laquelle il s’évertue, depuis qu’il a pris les rênes de ce pays. Les barons du régime de Wade tombent, comme des mouches, et tous ceux qui on profité de leur situation vont répondre de leurs actes devant la justice. Que dire de nous ?  Le Sénégal n’a eu de fâcheux que l’épisode Wade, alors que notre pays est soumis, sans interruption depuis 1978, à des pillards sans vergogne. Les plus naïfs ont cru qu’Ould Abdel Aziz pourrait ouvrir une éclaircie, dans ce ciel sombre mais ils n’ont pas tardé à revenir sur terre. La lutte contre la gabegie ne fut qu’un slogan galvaudé et le naturel n’a pas tardé à revenir au galop, sinon plus vite encore. Et on est allé à la soupe, une nouvelle fois. Mais pas tous, loin s’en faut.  Une dizaine de veinards entrés (pour combien de temps ?) dans les bonnes grâces du prince. Un bon conseil : profitez-en « bien » et assurez vos arrières, avant qu’il ne soit trop tard. Notre Poutine national a la mémoire courte et la reconnaissance n’est pas sa vertu cardinale. Mais, surtout, n’oubliez pas qu’un jour ou l’autre, il va falloir rendre des comptes. Pas bons, ils ne vous feront pas de bons amis…
Ahmed Ould Cheikh

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