L’enquête, munitieuse et bien fouillée, publiée en
deux temps, la semaine dernière, par le site Afrik.com, sur le pillage organisé
de la Mauritanie
par une poignée d’individus, a jeté une ombre sur le pouvoir de Mohamed Ould
Abdel Aziz. Parangon auto-déclaré de
vertu, champion détribalisé de la lutte contre la gabegie, celui qui se prétendait
président des pauvres n’a, apparemment, excellé qu’en une seule chose :
l’enrichissement ; mais seulement le sien – « charité bien ordonnée… »
– et celui d’une parentèle. Qui, en quatre ans, a fait pire que tous les anciens
pouvoirs réunis. Le BTP, les mines, les hydrocarbures, les assurances, les
services, rien n’échappe à la boulimie de ce groupe de prévaricateurs new look,
si l’on en croit le site en question. Même la SNIM, jadis fleuron de notre industrie minière et
qui est toujours restée plus ou moins éloignée de la médiocrité ambiante, est mise à contribution.
Le beau-fils du président y a été recruté séance tenante, sans concours, sans
stage, sans essai et envoyé, illico presto, en France, pour une mission de
cinquante jours. Jamais, depuis la fondation
de cette société, on aura vu autant d’empressement dans le recrutement d’un
employé. Ni aussi peu de finesse. Que représentent 13 500 euros (le montant
des frais de mission du beau-fils chanceux), comparés aux retombées négatives
que pourrait avoir un tel geste, sur la réputation de l’entreprise et sur
l’œuvre du beau-père ? A moins de nous prendre pour des idiots, Ould Abdel
Aziz ne pourra plus nous parler d’égalité des chances, d’enrichissement
illicite ou de népotisme.
Quelques mois avant son arrivée au pouvoir, Macky
Sall disait que le Sénégal avait atteint un tel degré de pourriture que le
futur président sera dans l’obligation de faire un état des lieux et de
demander des comptes. Une chose à laquelle il s’évertue, depuis qu’il a pris
les rênes de ce pays. Les barons du régime de Wade tombent, comme des mouches,
et tous ceux qui on profité de leur situation vont répondre de leurs actes
devant la justice. Que dire de nous ?
Le Sénégal n’a eu de fâcheux que l’épisode Wade, alors que notre pays
est soumis, sans interruption depuis 1978, à des pillards sans vergogne. Les
plus naïfs ont cru qu’Ould Abdel Aziz pourrait ouvrir une éclaircie, dans ce
ciel sombre mais ils n’ont pas tardé à revenir sur terre. La lutte contre la
gabegie ne fut qu’un slogan galvaudé et le naturel n’a pas tardé à revenir au
galop, sinon plus vite encore. Et on est allé à la soupe, une nouvelle fois. Mais
pas tous, loin s’en faut. Une dizaine de
veinards entrés (pour combien de temps ?) dans les bonnes grâces du
prince. Un bon conseil : profitez-en « bien » et assurez vos
arrières, avant qu’il ne soit trop tard. Notre Poutine national a la mémoire
courte et la reconnaissance n’est pas sa vertu cardinale. Mais, surtout,
n’oubliez pas qu’un jour ou l’autre, il va falloir rendre des comptes. Pas bons,
ils ne vous feront pas de bons amis…
Ahmed Ould Cheikh
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