dimanche 3 mars 2013

Editorial : Lourd, très lourd, le fond de l’air…



Les fracassantes révélations de l’ancien capitaine Ely Ould Krombelé sur son ancien compagnon devenu, très opportunément, président de notre République, éclaire d’un jour nouveau certaines facettes du personnage qui a la haute main sur notre destinée, depuis un certain 3 août 2005. Au-delà des accusations à caractère strictement privé et sur lesquelles nous ne reviendrons pas, une, au moins, trouve tout son sens dans le feuilleton qui l’oppose à son cousin et ancien bienfaiteur, Mohamed Oud Bouamatou : le manque de reconnaissance. Le capitaine la révèle en termes crus, sans utiliser les formules d’usage qui permettent, au détour d’une phrase, de dire tout, en peu de mots et en donnant l’impression de ne pas évoquer le sujet. Les deux hommes se connaissent bien. Ils ont été compagnons d’armes et se sont fréquentés pendant de longues années. Aussi le témoignage d’Ely peut-il servir à éclairer l’opinion, sur des aspects méconnus de la personnalité ou du cursus de son ancien camarade. Quand il affirme, par exemple, qu’Aziz ne recule devant rien, pour arriver à ses fins, on ne peut qu’être ‘’admiratif’’ devant la ténacité du personnage qui a tout mis en branle pour se hisser au firmament de la Nation. Alors que rien ne le prédestinait à une telle charge. Parmi la panoplie mise en œuvre pour prendre le pouvoir, s’y maintenir et faire plier ses adversaires, Aziz a, tour à tour, fait jouer la justice, les impôts, la prison, les promotions et les disgrâces, avant de sortir, ces derniers jours, dans son combat à mort contre le groupe BSA, l’artillerie lourde : la Banque centrale.
Jusqu’alors au-dessus de la mêlée et dirigée par un gouverneur censé naviguer hors des turbulences politiques, la Banque centrale n’est plus désormais qu’une arme, aux mains du prince du moment, pour anéantir ses adversaires. Il est vraiment loin le temps où des gouverneurs comme Ahmed Ould Daddah ou feu Ahmed Ould Zeïn donnaient, de la BCM, l’image d’une institution respectable et respectée, n’intervenant, dans le système monétaire qu’en cas de stricte nécessité et en respectant scrupuleusement la loi. De nos jours, c’est à tout le contraire qu’on assiste. Alors qu’elle devrait réguler et toujours chercher à stabiliser l’édifice financier national, en minimisant, notamment, le risque de faillite des banques, voilà que la BCM new-look est en train d’en pousser une au dépôt de bilan, en la harcelant quotidiennement, en l’empêchant d’accéder à ses dépôts, en violant, tous les jours, la loi bancaire dont elle doit être la garante.
Tu as raison capitaine, c’est ça la Mauritanie nouvelle ! Cependant, cette nouveauté commence sérieusement à nous pomper l’air ; non pas, seulement, celui de tel ou tel, faible ou puissant, riche ou pauvre. Mais un plus un, plus un plus un, et dix, et cent, et mille, et un million, ça fait, au bout du compte, beaucoup de monde ! Du coup, c’est dans toute la Mauritanie que le fond de l’air n’est plus frais. Plus frais du tout, de fait. Le climat s’alourdit, général, s’alourdit très fort : va falloir sérieusement songer à mettre de l’eau dans ton zrig et de la tenue dans tes engagements, si tu ne veux pas goûter à l’amertume, réunie, de tous ceux que tu as trompés…

                                                                                                                                 Ahmed Ould Cheikh

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