lundi 29 mars 2010

Arabe oui, africain aussi

Depuis plusieurs semaines, la question de l’identité de la République Islamique de Mauritanie reprend le devant de la scène. C’est une question que tous croyaient close. La Mauritanie est tout aussi bien arabe qu’africaine. Sa riche culture a pour soubassements et références, diverses, des multiples composantes d’un peuple paisible, assagi par les préceptes fondateurs d’un islam que des siècles de pratique ont fortement ancré. Comme le disait, l’autre soir, une étudiante négro-africaine, sur les antennes d’une télévision étrangère: «Nous n’avons rien contre l’Arabe, la langue de notre sainte religion. Mais nous sommes contre l’instrumentalisation et l’utilisation de cette langue pour justifier des injustices et des privilèges». «Nous sommes un pays arabe», disait le PM à un journaliste. «Revenons à notre identité arabe et donnons, à cette langue, la place qui lui revient, en l’imposant comme outil de travail dans nos administrations», réclamaient certains partis et organisations pour la promotion et le développement de la langue arabe. Tout un tintamarre, relayé par les médias, autour d’un problème qui n’en est pas véritablement un. Mais, comme me le disait, l’autre soir, quelqu’un de très introduit dans le système actuel, grand applaudisseur qui a contribué fortement à l’élection de l’actuel président de la République: «les nationalistes arabes constituent l’ossature de l’UPR et influencent, considérablement, les choix et options de ce parti. C’est pourquoi n’est-il pas rare d’entendre quelques dérapages officiels dangereux encouragent la xénophobie et le chauvinisme, tandis que de pseudo-intellectuels insouciants appellent, publiquement, à la division et à la haine. Or, la Mauritanie a suffisamment de problèmes de tous ordres, politique, économique, social, pour n’avoir aucun besoin d’en rajouter. Les complaintes et jérémiades de tels ou tels, confortablement installés à Stockholm (Suède) ou à Tripoli (Libye), ne servent pas les intérêts des centaines de milliers de Mauritaniens, frères dans l’adversité, frères dans la peine, frères dans la souffrance, qui luttent, courageusement, pour la survie, dans un contexte que la conjoncture internationale et nationale rend de plus en plus précaire. Que les travailleurs entreprennent une grève ou que des étudiants manifestent pour l’amélioration de leurs conditions d’études est légitime. Mais que des intellectuels et hommes politiques s’emploient à semer les germes de l’implosion et de l’instabilité est inacceptable et malsain. Nous n’avons qu’une Mauritanie, un pays encore fragile qui s’accommode mal des turpitudes partisanes et des égoïsmes calculés. Faisons allégeance à notre pays avant de l’apporter à quiconque d’autre. Quelqu’un disait que le Mauritanien est souvent pro-ceci ou pro-cela mais jamais pro-mauritanien. Soyons, enfin, avec nous-mêmes, avant d’être avec les autres. Il y a quelques jours, un parterre de responsables de partis politiques et non des moindres sont allés en Libye sur invitation, disent-ils, du guide Mouammar Kadhafi. Dans les discours prononcés devant le roi des rois d’Afrique, nos fameux leaders ont fait honteusement allégeance à cet homme controversé qui ne cesse de souffler le chaud et le froid, depuis son coup d’Etat de 1969. L’Histoire retiendra, peut-être, qu’Oumar Ould Rabah, coordinateur du Mouvement de la Démocratie Directe, Ethmane Ould Boulmaali, du parti Fadila, Saleh Ould Hannena, de Hatem, Abdesselam Ould Horma, de Sawab, Khalil Ould Teyib, nassériste de l’APP, et Mohamed Salem Ould Bemba, nassériste de l’UPR, se sont inscrits au diwan de Kadhafi. Combien de temps ont-ils passé en Libye? Peu importe. Ne dit-on pas, chez nous, qu’on ne demande pas à l’étranger combien de temps il a duré mais qu’est ce qu’il a emmené? Alors, messieurs, dites-nous, qu’est-ce que vous nous avez ramené, hormis votre allégeance, inconditionnelle, à votre nouveau maître… à penser?

Sneiba

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