Depuis quelques
jours, la scène politique bruit de toutes sortes de rumeurs. Ce n’est pas une
première. Malgré la floraison de journaux, de sites, de radios et de chaînes de
télévision, la rumeur reste le premier moyen de (dés)information, dans ce pays.
La nature ayant horreur du vide et en l’absence d’informations puisées à de
bonnes sources, le « on dit » a encore de beaux jours devant lui.
Toujours est-il que nos analystes politiques – en fait, le premier peshmerga
venu d’on ne sait où – ont glosé sur tout et son contraire : les futures
élections d’octobre prochain ou, selon l’angle de vision, de juillet 2014, leur
boycott de tout ou partie, par la COD, les états d’âme d’Ould Abdel Aziz qui ne
sait plus où donner de la tête, entre une majorité qui risque de s’effriter et
une opposition participationniste qui demande toujours plus de garanties. Sans
parler de celle qui se radicalise de plus en plus et ne réclame, ni plus ni
moins, que son départ.
Dans ce contexte qui
n’a rien d’apaisé, sans doute imaginez-vous qu’il serait utopique de vouloir
organiser des élections consensuelles. D’ailleurs qui en veut, de ces élections ?
Ni le président, jouissant, au Parlement, d’une confortable majorité qui lui
obéit au doigt et à l’œil, ni la majorité qui risque de perdre des plumes dans
cette consultation, ses parlementaires ayant déçu, pour la plupart, ni
l’opposition pour qui plus rien ne peut se faire avec Aziz aux commandes,
encore moins Messaoud, malgré son initiative de sortie de crise, tant son
parti, grandement saigné, est loin d’être assuré de retrouver son perchoir.
Faut-il en déduire qu’il n’y aura pas d’élection du tout, ni cette année ni
l’année prochaine ? Il n’y a qu’un pas que beaucoup n’hésitent plus à franchir.
Pourtant et tout
compte fait, l’opposition a vraiment intérêt à aller aux élections. Ne
serait-ce que pour éviter le syndrome de 1992, lorsque la politique de la
chaise vide l’avait empêchée de glaner quelques sièges au Parlement de l’époque,
laissant libre cours au régime d’Ould Taya qui ne s’est pas fait prier pour
tout rafler. Certes les conditions ont changé. Même si le pays est toujours
dirigé par un (ancien) militaire, la démocratie est entrée dans les mœurs. Et,
plus important, des avancées significatives ont été réalisées, au cours du
dialogue politique de 2011. En fait des concessions qui desservent surtout le
pouvoir et qu’il a accepté de lâcher, sans mesurer, probablement, leur portée
réelle. Quatre-vingt députés élus à la proportionnelle, candidatures indépendantes
impossibles et nomadisme entre les partis interdit, autant de décisions qui
pourraient être lourdes de conséquences, pour le parti au pouvoir qui a
toujours profité des ralliements opportunistes rendus possibles par le flou de
naguère.
Si l’opposition
réussit à mobiliser son électorat pour le recensement à vocation électorale,
occuper le terrain, affûter son discours et se battre pour la transparence du
scrutin, elle pourrait donner des sueurs froides à un pouvoir qui aura toutes
les peines, au moment de choisir ceux qui défendront ses couleurs, à satisfaire
toutes les sensibilités locales. C’est là le véritable enjeu du scrutin. Et c’est
dans ces brèches que l’opposition doit s’engouffrer. A moindre d’être
convaincue que tout cela n’est que de la poudre aux yeux, pour couvrir une
mascarade analogue à celle de 2009. Dans ce cas, on ne peut que lui donner
raison. Opposition échaudée… Mais cette crainte est, paradoxalement, une vraie
faiblesse que le pouvoir ne cesse d’exploiter : rien n’est jamais simple,
en politique…
Ahmed Ould Cheikh
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