La nouvelle est tombée la semaine dernière :
Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), le plus grand parti
d’opposition, s’apprêterait à annoncer son boycott des futures élections
municipales et législatives. L’information est passée presque inaperçue,
personne n’ayant cherché à la confirmer ou l’infirmer. Elle est pourtant lourde
de sens. Le RFD, qui s’est déjà fait une idée de ce que seront ces prochaines
consultations électorales, chercherait-il à mettre la Coordination de l’Opposition
Démocratique (COD) devant le fait accompli et l’entraîner dans son
sillage ? C’est, en tout cas, le contraire qui aurait étonné : une
participation, dans le contexte actuel, laisserait pantois plus d’un, tant les
relations, entre le pouvoir et la
COD, ne sont empreintes d’aucune confiance. Et il est tout à
fait évident que cette dernière ne ferait rien pour crédibiliser un processus
dont elle a été exclue. D’où la sempiternelle question : que valent des
élections sans la véritable opposition ? Et celles qui en découlent
naturellement : le pouvoir prendrait-il le risque d’organiser des
élections sans la COD ?
A quoi servirait un Parlement monocolore ou avec quelques députés de
l’opposition « light » ?
Pour ne pas laisser les débats traîner en longueur,
le RFD a donné le tempo. Avis à ceux parmi la COD qui ne voyaient pas d’un mauvais œil de se
mesurer, sur le terrain, au parti d’Ould Abdel Aziz : pas question
d’envisager une quelconque participation. Le parti d’Ould Daddah, qui traîne,
encore, le péché originel d’avoir soutenu la « rectification » du 6
août 2005 et facilité, ainsi, la reconnaissance internationale du putsch, joue,
à présent, au faucon, face à un pouvoir qui ne veut plus rien lâcher. Mais,
tout compte fait et au vu de ce qui s’est passé par la suite, le poids du RFD,
à l’époque, était-il à ce point important qu’il permettait l’absolution du
putsch ? Probablement pas, si l’on s’en tient à certaines confidences
lâchées, par divers hommes politiques français et mauritaniens, sur le changement
d’attitude de Sarkozy, quelques mois après le renversement de Sidioca. Si le
RFD n’avait pas mis son grain de sel, la donne n’aurait en rien changé. Dès
novembre 2008, la religion de la
France était faite. L’entrée en lice de Claude Guéant, de
Robert Bourgi et de Mohamed Ould Bouamatou a permis de renverser la tendance en
faveur d’Ould Abdel Aziz. Interrogé par un ami socialiste sur ce qui se passe
en Mauritanie, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères,
lui dira en substance : « On ne peut plus accepter qu’il y ait un
coup d’Etat tous les six mois , dans ce pays. Nous avons décidé de soutenir ce
pouvoir et puis, Aziz fait bien son boulot ». On a déjà tout dit sur ce
revirement des Français et ses causes
matérielles. Les enquêtes en cours, sur les comptes bancaires de Guéant, nous
fourniront, un jour peut-être, de plus amples informations sur les gros
montants qui avaient circulé à l’époque. Et qui, selon beaucoup, ont fait
changer les idées de certains…
C’est fort de cet appui de la France, que Hollande lui a
déjà réitéré, qu’Ould Abdel Aziz se sent pousser des ailes. Il ne fait aucune
concession à l’opposition, rejette l’initiative de Messaoud et s’entête à
vouloir organiser des élections unilatérales. Une fois pliées celles-ci, il est
assez probable qu’il engrange, dans la foulée, un quinquennat supplémentaire.
Sans coup férir ? Il en est probablement persuadé mais, comme on fait son
lit, on se couche… Les nuits risquent fort d’être longues – et blanches –
jusqu’aux très improbables vingt ans de Taya…
Ahmed Ould Cheikh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire