L’opium du peuple, disait Marx, c’est
la religion. En Mauritanie, ce sont plutôt les élections. A peine les
lampions se sont-ils éteints sur celles que nous venons de vivre que
les regards sont déjà braqués sur la présidentielle de juin ou juillet
prochain. L’opposition veut en faire un thème de colloque, congrès ou
autre chose de ce genre qu’elle convoquera dans les jours à venir.
L’occasion de faire le bilan de son boycott des législatives et
municipales et de discuter du sort qu’elle réservera à la prochaine
présidentielle. Maintenir son mot d’ordre ? Décider de participer et à
quelles conditions ? Choisir un candidat en son sein ou miser sur un
outsider ? Autrement dit, comment faire vaciller un pouvoir qu’elle n’a
pu dégager par la rue et qui, fort de tous ses leviers, devient de plus
en plus difficile à déboulonner ? Dans un pays comme le nôtre où la
conscience politique, encore faible, se rencontre surtout dans les
grandes villes et où les notabilités et les chefs de tribus, négociant
leur soutien à tout détenteur de pouvoir, ont encore leurs mots à dire,
dans le vote de leurs « sujets », il est pratiquement impossible
d’envisager la défaite du chef.
Une
occasion inespérée s’était présentée en 2007. Le chef de l’Etat de
l’époque, Ely Ould Mohamed Vall, n’était pas candidat mais les divisions
de l’opposition, mais surtout son opportunisme, l’ont empêchée de
tourner définitivement la page des militaires. Et l’ont encore empêchée,
en 2013, de négocier, avec le pouvoir, pour lui arracher les
concessions nécessaires à des élections inclusives et transparentes. La
présidentielle de 2014 ne dérogera pas à la règle. Messaoud et ses amis
sont, déjà, dans une logique de participation, quel qu’en soit le prix,
comme ils l’ont fait lors des élections de novembre dernier où ils
n’ont, pourtant, récolté que des miettes. Traitant la commission
électorale de tous les noms, ils en ont, malgré tout, accepté
l’arbitrage. Contre toute logique. Comme si leur objectif premier était
de participer dans le but, inavoué, de diviser l’opposition et de
crédibiliser un scrutin qui n’aurait jamais pu être organisé sans eux.
Dans le commerce de l’opium, la liste des trahisons et des coups bas est
sans fin. Stupéfiant.
Ahmed Ould Cheikh
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