Le dernier délai, pour le dépôt
des listes candidates aux législatives du 23 novembre prochain, étant désormais
dépasssé, on sait, à présent, à quoi ressembleront les futures batailles
électorales : un duel entre l’UPR et ses mécontents, regroupés dans les
partis satellites que sont le Sursaut, le PUD et El Karama. Si les deux
premiers sont relativement connus, le dernier est un parti sorti du néant et qu’aurait racheté un homme d’affaires qu’on
dit proche d’Ould Abdel Aziz pour parrainer des candidatures. Comme quoi
l’Azizanie, comme le journalisme, mène à tout, à condition d’avoir les bons
tuyaux. Ce duel sera arbitré par El Wiam et l’Alliance Progressiste Populaire
(APP) de Messaoud Ould Boulkheïr, qui est donc revenu à de meilleurs
sentiments, après avoir menacé, à plusieurs reprises, de jeter l’éponge, en s’attaquant
violemment à la commission électorale. Ces deux partis, dits dialoguistes ou
participationnistes (contrairement à l’opposition boycottiste), surferont sur
la vague de mécontentements qu’a soulevée, sur tout le pays, le choix, par la
direction du parti-Etat, de ses candidats. Le consensus ne s’est, en effet,
dégagé nulle part, diverses tendances et, même, des tribus ont exprimé leur
désapprobation – via, parfois, de cinglants communiqués – allant jusqu’à annoncer
leur retrait de l’UPR. N’est pas PRDS qui veut et, pour mériter le titre de
parti-Etat omnipotent, il faut savoir ménager la chèvre et le chou et, surtout,
mettre la main à la poche. La politique n’est-elle pas, avant tout, une
question d’intérêts ? C’est du moins ce qu’ont compris les Mauritaniens
qui préfèrent, dans leur grande majorité – ou leurs « grands électeurs »
– ne pas s’opposer à l’Etat, symbolisé, selon eux, par le parti au pouvoir. Ce
n’est pas pour rien qu’ils affluèrent, en masse, vers le PRDS de Maaouya, puis l’Adil
de Sidioca, avant de se ruer, comme des morts-de-faim, sur l’UPR. A une nuance près : ce dernier parti
n’est ni craint ni adulé. On n’hésite pas à le braver, contester ses choix et
se présenter contre lui. Les mécontents – ils sont légion – se sont cependant
abstenus de franchir le Rubicon, en osant rejoindre les partis d’opposition.
Frileux et craignant, sans doute, un retour de bâton, ils se sont contentés de
la copie, en lieu et place de l’original. Des partis, fondés récemment mais
gravitant dans le giron présidentiel – un avantage évidemment substantiel – se
sont, subitement, renforcé de contingents massifs de candidats qui ne les
connaissent, parfois, ni d’Eve ni d’Adam. C’est à croire qu’Ould Abdel Aziz, en
quête d’une nouvelle majorité, ne veut plus être uniquement dépendant de l’UPR.
Du « pluralisme éclairé », en somme. C’est ce qui explique que
plusieurs de ses soutiens, amis et parents aient été orientés vers ces partis.
De gros bonnets de la République et des hauts fonctionnaires ont également
participé à ce jeu de chaises musicales entre les partis. S’ils savaient ce jeu
réellement dangereux, ils s’en seraient certainement détournés.
Pauvres Mauritaniens !
Ecartés, humiliés, écrasés, ils refusent
pourtant de laver l’affront. Au lieu
d’aller à la confrontation, les voilà courant aux subterfuges. Oh, il doit bien
y avoir une explication sociologique à cette lâcheté, à ce point ancrée dans
nos us et coutumes qu’un proverbe maure recommande de « baiser la main que
tu ne peux couper »… Devant la force, naguère ouvertement coloniale,
aujourd’hui sournoisement militaire, c’est toujours la même attitude de
soumission devant les attributs de l’Etat. A quel pouvoir, alors, un peuple de
courtisans peut-il prétendre ? La démocratie, celle qui fait, des gens des
êtres libres, responsables et égaux en droits et devoirs, n’est, apparemment
pas, pour demain. Du moins, pas pour le 24 Novembre…
Ahmed Ould Cheikh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire