Participera,
participera pas ? Après une valse hésitation, qui a duré plus d’une
semaine, un dialogue, avec des représentants de la majorité, qui n’en était pas
vraiment un et un bégaiement auquel ne nous avait pas habitués l’Union des
Forces du progrès (UFP), nous savons, à présent, à quoi nous en tenir.
L’opposition, celle qui se prévaut de ce titre, a décidé de ne pas prendre part
aux élections municipales et législatives du 23 novembre, si jamais elles ont
lieu. Ce qui est loin d’être évident, vu le niveau de préparation, la brièveté
du délai, entre le dépôt des listes candidates aux législatives et la
confection des bulletins de vote, et l’atmosphère appelée à régner sur un
scrutin sans véritable enjeu. On peut, malgré tout, toujours voter, rien que
pour démontrer que le pouvoir n’a pas cédé, maintenant son agenda contre vents
et marées. Que l’opposition vienne ou non, que l’authenticité du scrutin soit
sérieusement diminuée ou que la future représentation parlementaire n’ait pas
la même valeur que la précédente, rien n’aura fait plier Ould Abdel Aziz. Qui
n’a, en ligne de mire, que sa reconduction personnelle en 2014. Le reste n’est,
à ses yeux, que gesticulations d’une classe politique qui se chamaille pour des
vétilles et envers laquelle il n’a aucun respect. Il ne manque, d’ailleurs,
aucune occasion de le lui démontrer. Et elle le lui rend bien, en refusant de
se mesurer à lui, en l’absence de régles claires et précises et d’un juge
honnête et impartial, une commission électorale vraiment représentative, en
l’occurrence. A-t-elle, pour autant, raison de ne pas aller aux scrutins du 23
novembre, avec les risques que représente la politique de la chaise vide ?
Ne craint-elle pas le syndrome de 1992, lorsqu’elle boycotta les élections
législatives, s’excluant, du coup, de l’Assemblée nationale, alors qu’elle
aurait pu glaner un nombre important de sièges ? Certes, le contexte n’est
pas le même et Ould Taya n’est pas Ould Abdel Aziz. En 1992, notre démocratie
était encore balbutiante. Cette année, même si elle ne s’est pas encore
affranchie de sa tutelle militaro-affairiste, elle ne peut se permettre
d’exclure un pan entier, et pas n’importe lequel, de la scène politique. Pour
certainement jouable qu’il soit, le coup, porté de part de d’autre, blesse durement
une démocratie qui tarde à (re)trouver sa voie, à devenir une pratique assainie.
A l’instar du Sénégal voisin où les règles sont claires et où un président en
exercice a mordu, par deux fois, la poussière, face à son rival de l’opposition.
Il est vrai que ce pays n’a jamais eu la « chance » de goûter aux
charmes du Redressement, du Salut ou de la Rectification. Militaires s’entend.
Heureux Sénégal et pauvre Mauritanie ! Là-bas, république, ici,
« irrépublique », selon le bon et lucide mais bien triste mot de
Gourmo Lô…
Ahmed Ould Cheikh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire