samedi 19 octobre 2013

Editorial : Quel pays, quelle opposition !



Les élections législatives et municipales du 23 novembre auront lieu, finalement, le… 23 novembre. Le petit espoir de report, qui pointait à l’horizon la semaine passée, s’est volatilisé, après l’échec des négociations entre les délégations la Coalition de la Majorité Présidentielle (CMP) et de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Certes, personne n’accordait grand crédit à des discussions arrachées au forceps à un pouvoir surtout désireux de ne paraître responsable d’aucun blocage. Mais on pensait, naïvement peut-être, qu’un minimum d’entente était possible, pour des élections enfin apaisées et consensuelles.  Les échos qui nous parvenaient des deux premiers jours de table-ronde laissaient entrevoir la possibilité d’un accord. Avant que les représentants de la majorité ne se rebiffent et ne concèdent qu’un report de deux semaines, pas plus. Il faut les comprendre, les pauvres.  Ils sont aux ordres et ne peuvent dépasser d’un iota ce qu’on leur a remis dans son emballage. La démocratie militaire a ses règles et les enfreindre équivaut à sortir des rangs.  Au moment où la COD a voulu discuter des conditions générales pouvant garantir un scrutin fiable et honnête, elle s’est trouvée confrontée à un mur.  Ou ça ou rien ! La seule issue était donc de déclarer qu’on n’avait abouti à rien. Qu’on avait passé trois jours à jouer à cache-cache avec  des gens qui ne savaient pas pourquoi ils étaient là, si ce n’est faire acte de présence. Un scénario mal ficelé, des figurants mal choisis, un script réchauffé à la sauce de Dakar et le film, au bout du compte, un navet.
Pourtant, malgré tous les coups qu’elle reçoit depuis 2008, le refus du pouvoir de lui concéder la moindre concession (contrairement à ses anciens amis de la CAP), l’échec des dernières  négociations, la COD ne semble pas avoir tiré les leçons pour convenir, unanimement, de rompre avec le régime. Au moment même où ses collègues discutaient avec la majorité, Tawassoul fourbissait ses armes et confectionnait ses listes pour les municipales. Fermement décidé, donc, à se lancer dans la bataille, quels que soient les résultats du dialogue. La participation à tout prix, en quelque sorte. La course aux voix, comme en Tunisie, en Égypte et au Maroc où les partis islamistes ont ravi la vedette.  Même histoire en Mauritanie ? C’est, en tout cas, ce que Jemil et ses amis espèrent. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Si l’opposition réunie et soudée n’a rien pu arracher au pouvoir, que feront un ou deux partis, face au rouleau compresseur qui utilise tous les moyens matériels et humains, civils et militaires pour arriver à ses fins ? Que peuvent réaliser la formation islamiste et l’UFP, si ce parti s’entête également à vouloir prendre part aux élections, en désavouant son propre président ? Ils auront surtout contribué à fissurer les rangs de l’opposition,  crédibiliser un processus duquel ils avaient pourtant été exclus, avec le risque réel de ramasser gamelle sur gamelle et permettre, au pouvoir d’Ould Abdel Aziz, de sortir vainqueur, comme en 2009,  d’une élection qu’il n’aura pas gagnée mais que ses adversaires auront bel et bien perdue. Et rendez-vous en 2014, pour la présidentielle ! Quel pays,  quelle opposition !
                                                                                                                      Ahmed Ould Cheikh

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