Les élections législatives et municipales du 23
novembre auront lieu, finalement, le… 23 novembre. Le petit espoir de report,
qui pointait à l’horizon la semaine passée, s’est volatilisé, après l’échec des
négociations entre les délégations la Coalition de la Majorité Présidentielle
(CMP) et de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Certes, personne
n’accordait grand crédit à des discussions arrachées au forceps à un pouvoir
surtout désireux de ne paraître responsable d’aucun blocage. Mais on pensait, naïvement peut-être, qu’un minimum d’entente était possible, pour des élections
enfin apaisées et consensuelles. Les
échos qui nous parvenaient des deux premiers jours de table-ronde laissaient
entrevoir la possibilité d’un accord. Avant que les représentants de la
majorité ne se rebiffent et ne concèdent qu’un report de deux semaines, pas
plus. Il faut les comprendre, les pauvres.
Ils sont aux ordres et ne peuvent dépasser d’un iota ce qu’on leur a
remis dans son emballage. La démocratie militaire a ses règles et les
enfreindre équivaut à sortir des rangs. Au
moment où la COD a voulu discuter des conditions générales pouvant garantir un
scrutin fiable et honnête, elle s’est trouvée confrontée à un mur. Ou ça ou rien ! La seule issue était
donc de déclarer qu’on n’avait abouti à rien. Qu’on avait passé trois jours à
jouer à cache-cache avec des gens qui ne
savaient pas pourquoi ils étaient là, si ce n’est faire acte de présence. Un
scénario mal ficelé, des figurants mal choisis, un script réchauffé à la sauce
de Dakar et le film, au bout du compte, un navet.
Pourtant, malgré tous les coups qu’elle reçoit
depuis 2008, le refus du pouvoir de lui concéder la moindre concession (contrairement
à ses anciens amis de la CAP), l’échec des dernières négociations, la COD ne semble pas avoir tiré
les leçons pour convenir, unanimement, de rompre avec le régime. Au moment même
où ses collègues discutaient avec la majorité, Tawassoul fourbissait ses armes
et confectionnait ses listes pour les municipales. Fermement décidé, donc, à se
lancer dans la bataille, quels que soient les résultats du dialogue. La
participation à tout prix, en quelque sorte. La course aux voix, comme en Tunisie, en Égypte et au Maroc où les partis islamistes ont ravi la vedette. Même histoire en Mauritanie ? C’est, en
tout cas, ce que Jemil et ses amis espèrent. Mais il y a loin de la coupe aux
lèvres. Si l’opposition réunie et soudée n’a rien pu arracher au pouvoir, que
feront un ou deux partis, face au rouleau compresseur qui utilise tous les
moyens matériels et humains, civils et militaires pour arriver à ses
fins ? Que peuvent réaliser la formation islamiste et l’UFP, si ce parti
s’entête également à vouloir prendre part aux élections, en désavouant son propre
président ? Ils auront surtout contribué à fissurer les rangs de
l’opposition, crédibiliser un processus
duquel ils avaient pourtant été exclus, avec le risque réel de ramasser gamelle
sur gamelle et permettre, au pouvoir d’Ould Abdel Aziz, de sortir vainqueur,
comme en 2009, d’une élection qu’il n’aura
pas gagnée mais que ses adversaires auront bel et bien perdue. Et rendez-vous
en 2014, pour la présidentielle ! Quel pays, quelle opposition !
Ahmed Ould Cheikh
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