Le dialogue tant attendu, entre
le pouvoir et l’opposition, que tout le monde appelait de ses vœux, a été lancé
ce lundi 30 septembre à Nouakchott. Après une série de rencontres, entre le
Premier ministre et divers leaders de
partis-membres de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), il s’agit
maintenant de débattre sur un certain nombre de points relatifs aux futures
élections législatives et municipales, prévues le 23 novembre prochain. La
discussion devait être précédée par une entrevue entre le président Ould Abdel Aziz et Ahmed Ould Daddah, chef de
file de l’opposition, mais ce dernier a décliné, tout aussi poliment que fermement,
l’invitation. Avant de s’envoler pour Bamako, pour assister à l’investiture du
président IBK, puis New-York où il doit assister à une réunion de
l’Internationale Socialiste. Laissant, à ses partenaires, la porte ouverte à
des négociations avec un pouvoir qui ne fera des concessions – Ahmed,
boycottiste convaincu, en est persuadé –
que si elles servent sa cause.
Que faut-il donc attendre de ce
dialogue-bis ? D’après Boydiel Ould Houmeïd qui l’a répété à hue et à dia,
il n’aura jamais lieu. Faut-il en déduire que la Coalition pour une Alternance
Pacifique (CAP réunissant l’APP, El Wiam et Sawab) est désormais à la touche et
que l’Initiative de Messaoud est morte et enterrée ? Que le pouvoir a fini
par se rendre compte que des élections sans la COD ne sont pas viables ?
Que l’opposition ne privilégie plus l’option de la chaise vide ? Qu’on
s’achemine, enfin, vers des élections apaisées ? Ce serait aller trop vite
en besogne de l’affirmer, alors que le premier round des négociations vient à
peine de commencer. Des négociations qui s’annoncent âpres, tant
l’opposition va jouer serré, pour
obtenir un maximum de concessions de la part d’un pouvoir qui a déjà donné le
coup d’envoi du match, avant même que ses adversaires n’aient enfilé leurs
tenues. Les randonnées ministérielles à l’intérieur du pays, sous forme de
missions – en fait, campagne avant l’heure – continuent de plus belle ;
distributions d’argent au profit des coopératives féminines, inaugurations de
projets et autres promesses de réalisations : autant de cartes déjà
copieusement distribuées… Sans oublier l’immixtion flagrante des généraux qui
font ouvertement campagne pour le parti/Etat.
Quels résultats peut-on prévoir à
l’issue de cette rencontre? Un nouveau report des élections semble, a priori,
inévitable. La CENI a fixé le 9 octobre,
date à partir de laquelle le dépôt des listes candidates aux élections
législatives peut commencer. Une date impossible à tenir, pour une opposition
qui n’a même pas encore décidé si elle va participer ou non au scrutin. Une
refonte de cette même CENI, pour l’élargir à des représentants de tous les
pôles politiques ; la mise en place d’un observatoire des élections, pour
faire contrepoids à la puissante Direction générale des élections au ministère
de l’Intérieur ; le tout sur fond de « moins d’armée et moins d’Etat »
dans le processus, pour y distiller un tant soit peu d’équité entre les
partis : tout cela ne se fera pas en huit jours. Certes, il reste utopique
de penser qu’un pouvoir putschiste puisse jouer franc-jeu jusqu’au bout mais il
est permis d’espérer. Les paris sont donc ouverts : ces négociations ne
seront-elles que feu de paille ? Tout ce cinéma juste destiné à disculper
ceux qui nous dirigent, une simple opportunité de clamer, une fois que
l’opposition en aura claqué la porte, que c’est celle-ci qui sabote la
démocratie et patati et patata ? Il n’est pas sûr que les bookmakers
fassent fortune, sur ce coup-là…
Ahmed Ould Cheikh
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