lundi 2 septembre 2013

Editorial : Les sirènes du report…




Ira-t-on aux urnes, le 23 novembre prochain ? Plusieurs fois annoncées et toujours reportées, les consultations électorales ont un air d’Arlésienne, celle dont on parle toujours et qu’on ne voit jamais. Déjà en 2011, Ould Abdelaziz himself avait déclaré, à TV5, qu’elles seraient organisées, dans tous les cas, avant la fin de l’année en cours, parce que, selon son expression, il fallait « combler le vide créé par la fin des mandats des députés et des conseils municipaux ». Deux ans après cette déclaration, on ne voit toujours rien venir.  On était pourtant bien partis pour un premier tour le 12 octobre mais, à la dernière minute, la machine s’est à nouveau grippée. Le pouvoir s’est rendu compte que la Coordination de l’opposition ne badinait pas avec son mot d’ordre de boycott et qu’une élection sans elle ne serait que poudre aux yeux. D’où la mise en scène à laquelle nous avons assisté, lors du show  de Néma. Précédée, deux jours avant, par un long entretien, entre Aziz et Messaoud. Ils y avaient convenu qu’il fallait annoncer des concessions, comme l’élargissement de la CENI, la fondation d’un Observatoire des élections ou le report, de quelques semaines, de la consultation, pour couper l’herbe sous les pieds de la COD. Une annonce que l’APP s’était empressée de saluer, dans un communiqué qui en dit long sur les intentions de ce parti d’aller, coûte que coûte, au vote.
Le deuxième acte pouvait commencer. Les partis dits dialoguistes tiennent réunion avec la CENI, pour dater le report des élections au 23 novembre.  Sans rien annoncer d’autre, sur les points évoqués, par le Président, à Néma. Comme si le report était une fin en soi. La COD ne s’y est, d’ailleurs, pas trompée, en annonçant que tout cela ne la concernait en rien. Que le problème est plus profond et qu’il faut tout revoir, de fond en comble, pour poser les conditions d’élections transparentes et apaisées. Ce qui est, selon elle, loin d’être le cas actuellement, avec un parti-Etat qui ressemble, comme deux gouttes d’eau, au défunt PRDS ; des généraux qui battent campagne, ouvertement, pour  lui ; et tous les démembrements de l’Etat au service d’une même cause, celle de l’Azizanie.  Participer, dans ces conditions, serait donner à son adversaire (qui est, en même temps, juge), le bâton pour se faire battre. Mais choisir la politique de la chaise vide risque de susciter des remous et laisser le champ libre à l’opposition dite modérée, à laquelle le pouvoir consentira quelques sièges, ça et là, pour la faire valoir et légitimer, ainsi, la nouvelle mascarade.  A moins que Tawassoul ne se décide, comme on le pressent, à briser les rangs de la COD, pour se jeter dans la gueule du loup.  Nouveau coup dur, alors, porté à l’opposition, après celui de Messaoud, en 2007, lorsque celui-ci avait soutenu le candidat des militaires contre Ould Daddah ou la sortie, malheureuse, de ce dernier acceptant de qualifier le coup d’Etat de 2008 de « rectification ». Le parti islamiste a pourtant signé une charte, avec les autres partis de la Coordination. Va-t-il s’en défaire, à la première tentation ? Ce serait une responsabilité énorme, vis-à-vis de l’Histoire. Quelque affolant soit l’appel des sirènes, l’odyssée de notre démocratie n’aboutira à bon port – l’exclusion définitive des militaires du pouvoir politique – qu’à condition d’une opposition soudée sur l’objectif. Le triste exemple de l’Egypte devrait donner à réfléchir…
                                                                                                                     Ahmed Ould Cheikh


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