Ira-t-on aux urnes, le 23 novembre prochain ?
Plusieurs fois annoncées et toujours reportées, les consultations électorales
ont un air d’Arlésienne, celle dont on parle toujours et qu’on ne voit jamais.
Déjà en 2011, Ould Abdelaziz himself avait déclaré, à TV5, qu’elles seraient
organisées, dans tous les cas, avant la fin de l’année en cours, parce que,
selon son expression, il fallait « combler le vide créé par la fin des
mandats des députés et des conseils municipaux ». Deux ans après cette
déclaration, on ne voit toujours rien venir.
On était pourtant bien partis pour un premier tour le 12 octobre mais, à
la dernière minute, la machine s’est à nouveau grippée. Le pouvoir s’est rendu
compte que la Coordination
de l’opposition ne badinait pas avec son mot d’ordre de boycott et qu’une
élection sans elle ne serait que poudre aux yeux. D’où la mise en scène à
laquelle nous avons assisté, lors du show
de Néma. Précédée, deux jours avant, par un long entretien, entre Aziz
et Messaoud. Ils y avaient convenu qu’il fallait annoncer des concessions,
comme l’élargissement de la CENI,
la fondation d’un Observatoire des élections ou le report, de quelques semaines,
de la consultation, pour couper l’herbe sous les pieds de la COD. Une annonce que
l’APP s’était empressée de saluer, dans un communiqué qui en dit long sur les
intentions de ce parti d’aller, coûte que coûte, au vote.
Le deuxième acte pouvait commencer. Les partis dits
dialoguistes tiennent réunion avec la
CENI, pour dater le report des élections au 23 novembre. Sans rien annoncer d’autre, sur les points
évoqués, par le Président, à Néma. Comme si le report était une fin en soi. La COD ne s’y est, d’ailleurs,
pas trompée, en annonçant que tout cela ne la concernait en rien. Que le
problème est plus profond et qu’il faut tout revoir, de fond en comble, pour
poser les conditions d’élections transparentes et apaisées. Ce qui est, selon
elle, loin d’être le cas actuellement, avec un parti-Etat qui ressemble, comme
deux gouttes d’eau, au défunt PRDS ; des généraux qui battent campagne,
ouvertement, pour lui ; et tous les
démembrements de l’Etat au service d’une même cause, celle de l’Azizanie. Participer, dans ces conditions, serait donner
à son adversaire (qui est, en même temps, juge), le bâton pour se faire battre.
Mais choisir la politique de la chaise vide risque de susciter des remous et laisser
le champ libre à l’opposition dite modérée, à laquelle le pouvoir consentira
quelques sièges, ça et là, pour la faire valoir et légitimer, ainsi, la
nouvelle mascarade. A moins que
Tawassoul ne se décide, comme on le pressent, à briser les rangs de la COD, pour se jeter dans la
gueule du loup. Nouveau coup dur, alors,
porté à l’opposition, après celui de Messaoud, en 2007, lorsque celui-ci avait
soutenu le candidat des militaires contre Ould Daddah ou la sortie, malheureuse,
de ce dernier acceptant de qualifier le coup d’Etat de 2008 de « rectification ».
Le parti islamiste a pourtant signé une charte, avec les autres partis de la Coordination. Va-t-il
s’en défaire, à la première tentation ? Ce serait une responsabilité
énorme, vis-à-vis de l’Histoire. Quelque affolant soit l’appel des sirènes,
l’odyssée de notre démocratie n’aboutira à bon port – l’exclusion définitive des
militaires du pouvoir politique – qu’à condition d’une opposition soudée sur l’objectif.
Le triste exemple de l’Egypte devrait donner à réfléchir…
Ahmed Ould Cheikh
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