lundi 16 septembre 2013

Editorial: Relation de cause à effet...

Sy Mamoudou, le président du Rassemblement de la Presse Mauritanienne (RPM), l’association qui regroupe ce que le pays compte de journaux et sites réguliers et crédibles, a rendu son tablier la semaine passée. Il s’est dit désormais dans l’incapacité de travailler avec un ministère de la Communication qui fait tout pour marginaliser l’organisation qu’il dirige.
Fondé en 2007 par les ténors de la presse nationale, ceux qui ont porté les journaux sur les fonts baptismaux avant que le champ ne soit infesté de peshmergas, le RPM s’est d’abord voulu un défenseur des intérêts matériels et moraux du secteur, loin de toute tendance, partisane ou autre. Le pouvoir de l’époque, celui de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait nourri, au départ, quelques appréhensions, face à ce ‘’machin’’qui regroupait tous les grands journaux et bénéficiait, grande première, d’une unanimité qui avait toujours fait défaut aux associations antérieures. Mais il finit par se rendre à l’évidence et fit, du RPM, son unique interlocuteur pour les problèmes du secteur. Le coup d’Etat de 2008 mit brutalement fin à cette collaboration. Le ministère de la Communication ne traitera plus avec personne en particulier, naviguant, comme le pays, à vue, et Ould Abdel Aziz n’en fit qu’à sa tête, choisissant lui-même les journalistes qui l’interrogeraient ou l’accompagneraient en ses visitations. Le Calame, peu suspect de sympathies putschistes, ne fera jamais partie de ces fournées, composées hors de toute objectivité.
Les choses en seraient sans doute restées ainsi si maître Hamdi Ould Mahjoub n’avait été nommé à la tête du ministère, en 2010. On le savait progressiste et il s’y emploie, en recevant, sans tarder, le RPM à qui il exprime son entière disponibilté à travailler avec lui, dans l’intérêt de la profession. Il se bat sur tous les fronts : mise en place d’un fonds d’aide à la presse où ne siègeront que les vrais représentants du secteur ; promulgation de la loi sur l’audiovisuel ; dépénalisation des délits de presse. Jamais, de mémoire de journaliste, on n’avait vu un ministre de la Communication aussi tranchant et aussi catégorique dans sa volonté de faire bouger les lignes et de traiter uniquement avec les professionnels.
Mais le voilà déplacé, il y a quelques mois, vers d’autres horizons. Son remplaçant, n’est autre que le vice-président du parti au pouvoir et le moins qu’on puisse dire est qu’il ne porte pas particulièrement la presse privée dans son cœur, du moins celle qui ne ménage ni son parti ni son chef. Relation de cause à effet ou incompétence, toujours est-il qu’il est en train de dilapider l’héritage de son prédécesseur. Le fonds d’aide 2013 n’est toujours pas mis en place, alors que l’année touche à sa fin et bien que ses nouveaux membres aient été désignés. Le RPM et le Syndicat des Journalistes Mauritaniens (SJM), dont les représentants ont été exclus de ce fonds, sont frappés d’ostracisme et les portes du ministère leur sont désormais fermées.
Sy et ses amis se sont évertués à tenter de ramener le ministre-vice-président de l’UPR à la raison. Peine perdue. De fait, il semble bien qu’Ould Horma n’ait été investi au ministère qu’avec une seule mission : déconstruire ce que Hamdi a bâti en trois ans. Mais aurait-il oublié que nous avons connu pire et résisté à quatorze années de Maaouya ? Ce ne sont pas les mesures arbitraires et quelques millions jetés en pâture qui nous feront dévier de notre route. Faut-il également lui rappeler qu’il partira, un jour, comme sont partis ceux qui l’ont précédé, et que l’Histoire est sans pitié avec ceux qui essaient de l’écrire sans en avoir les moyens, encore moins les capacités.
                                                                                                                     Ahmed Ould Cheikh

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