Sy
Mamoudou, le président du Rassemblement de la Presse Mauritanienne
(RPM), l’association qui regroupe ce que le pays compte de journaux et
sites réguliers et crédibles, a rendu son tablier la semaine passée. Il
s’est dit désormais dans l’incapacité de travailler avec un ministère de
la Communication qui fait tout pour marginaliser l’organisation qu’il
dirige.
Fondé
en 2007 par les ténors de la presse nationale, ceux qui ont porté les
journaux sur les fonts baptismaux avant que le champ ne soit infesté de
peshmergas, le RPM s’est d’abord voulu un défenseur des intérêts
matériels et moraux du secteur, loin de toute tendance, partisane ou
autre. Le pouvoir de l’époque, celui de Sidi Ould Cheikh Abdallahi,
avait nourri, au départ, quelques appréhensions, face à ce ‘’machin’’qui
regroupait tous les grands journaux et bénéficiait, grande première,
d’une unanimité qui avait toujours fait défaut aux associations
antérieures. Mais il finit par se rendre à l’évidence et fit, du RPM,
son unique interlocuteur pour les problèmes du secteur. Le coup d’Etat
de 2008 mit brutalement fin à cette collaboration. Le ministère de la
Communication ne traitera plus avec personne en particulier, naviguant,
comme le pays, à vue, et Ould Abdel Aziz n’en fit qu’à sa tête,
choisissant lui-même les journalistes qui l’interrogeraient ou
l’accompagneraient en ses visitations. Le Calame, peu suspect de
sympathies putschistes, ne fera jamais partie de ces fournées, composées
hors de toute objectivité.
Les
choses en seraient sans doute restées ainsi si maître Hamdi Ould
Mahjoub n’avait été nommé à la tête du ministère, en 2010. On le savait
progressiste et il s’y emploie, en recevant, sans tarder, le RPM à qui
il exprime son entière disponibilté à travailler avec lui, dans
l’intérêt de la profession. Il se bat sur tous les fronts : mise en
place d’un fonds d’aide à la presse où ne siègeront que les vrais
représentants du secteur ; promulgation de la loi sur l’audiovisuel ;
dépénalisation des délits de presse. Jamais, de mémoire de journaliste,
on n’avait vu un ministre de la Communication aussi tranchant et aussi
catégorique dans sa volonté de faire bouger les lignes et de traiter
uniquement avec les professionnels.
Mais
le voilà déplacé, il y a quelques mois, vers d’autres horizons. Son
remplaçant, n’est autre que le vice-président du parti au pouvoir et le
moins qu’on puisse dire est qu’il ne porte pas particulièrement la
presse privée dans son cœur, du moins celle qui ne ménage ni son parti
ni son chef. Relation de cause à effet ou incompétence, toujours est-il
qu’il est en train de dilapider l’héritage de son prédécesseur. Le fonds
d’aide 2013 n’est toujours pas mis en place, alors que l’année touche à
sa fin et bien que ses nouveaux membres aient été désignés. Le RPM et
le Syndicat des Journalistes Mauritaniens (SJM), dont les représentants
ont été exclus de ce fonds, sont frappés d’ostracisme et les portes du
ministère leur sont désormais fermées.
Sy
et ses amis se sont évertués à tenter de ramener le
ministre-vice-président de l’UPR à la raison. Peine perdue. De fait, il
semble bien qu’Ould Horma n’ait été investi au ministère qu’avec une
seule mission : déconstruire ce que Hamdi a bâti en trois ans. Mais
aurait-il oublié que nous avons connu pire et résisté à quatorze années
de Maaouya ? Ce ne sont pas les mesures arbitraires et quelques millions
jetés en pâture qui nous feront dévier de notre route. Faut-il
également lui rappeler qu’il partira, un jour, comme sont partis ceux
qui l’ont précédé, et que l’Histoire est sans pitié avec ceux qui
essaient de l’écrire sans en avoir les moyens, encore moins les
capacités.
Ahmed Ould Cheikh
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