Pour la quatrième année d’affilée, nous avons eu
droit au show présidentiel du mois d’août. Après Atar, l’année passée, c’est
à Néma, cette fois, qu’Ould Abdel Aziz s’est produit. Rien n’a été négligé pour la réussite du spectacle.
Le ministère de la Communication a mis les petits plats dans les grands, la TVM
a mobilisé tous ses moyens, les notables
et élus de la région n’ont dormi que d’un œil, pendant près d’un mois. Le Jour
J, on se croyait au milieu des années fastes de Maaouya, lorsque toute la
République se déplaçait avec son chef. Ce qui, paradoxalement, avait perdu
celui-ci. Pas un seul de ceux qui l’accueillirent, applaudirent, coururent derrière sa voiture,
crièrent leur soutien, ne descendit dans
la rue, le jour d’après, pour dénoncer son éviction ou exiger son retour. Aziz, aux premières loges à ce moment-là, serait
bien inspiré de ne pas oublier cette triste réalité. Mais le pouvoir, dit-on,
rend aveugle. Notre guide éclairé – puissamment par les feux de la rampe –
multiplie, ces derniers temps, les « visitations » : serait-il
Narcisse en train de tomber sous son propre charme ?
La fête pouvait donc commencer. Par un étalage de
chiffres. Plus d’une heure de cours, magistral, sur les différents volets de l’économie. D’une monotonie à vous dégoûter de la
télévision, pour le restant de vos jours.
Des chiffres tous plus bons les uns que les autres. Avec, à la clé, une
Mauritanie transformée en paradis terrestre, en 2013, grâce eux effors d’un
super-héros qui a réduit le train de vie de l’Etat, lutté contre la gabegie et
la pauvreté, assaini les finances publiques, construit des routes et des
centrales électriques. « Pourtant », lui fait remarquer un journaliste,
« malgré ces milliards censés aider les pauvres à sortir de la misère, plus de 23% des Mauritaniens vivent en-deçà du
seuil de l’extrême pauvreté, contre 2% au Maroc et 1% en Tunisie. – Ce ne
sont que des chiffres », rétorque l’imbu. Mais avec quoi nous avait-il,
lui, assommés, pendant plus d’une heure ? « Le Ghanagate ? – Un enregistrement
qui date de 2006 et puis, c’est un montage… ». L’art d’avouer et se dédire,
en une seule phrase. Il reconnaît
également, au passage, qu’il a déjà réalisé deux coups d’Etat, alors que le
second n’était, à ce jour, qu’une « rectification », dans la
phraséologie officielle. Et de nous révéler, en vrac, qu’il a subi qutre
opérations chirurgicales, suite à la balle « amie » ; qu’il se
porte à merveille, physiquement et moralement ; que les élections ne
peuvent être reculées que de deux à trois semaines ; que l’IGE ne contrôle
que ses soutiens, alors qu’aucun cadre de l’opposition n’occupe de haute
fonction ; et que, last but no least, aucun membre de son entourage ne
s’est enrichi, depuis que lui, Omar Ibn Abdel Aziz, est au pouvoir. Il a, peut-être momentanément, oublié qu’il
s’adressait à des Mauritaniens dont la grande majorité connait très bien qui a
quoi et comment il l’a obtenu.
Pour éviter le piège, Ould Abdel Aziz aurait dû
éviter de s’aventurer sur ce terrain. Un
problème qui n’a pas de solution n’est plus un problème, chantait Alpha Condé,
si ma mémoire est bonne. Pour paraphraser,
on peut dire aussi qu’en communication, une
question qui n’a pas de réponse n’est plus une question. Il faut donc la zapper. Un exercice périlleux
mais facile à réussir. A condition
d’être entouré de bons conseillers et de savoir choisir les mots justes. Ou encore, à défaut de cette paire de
manches, une confiance absolue en son miroir…
Ahmed
Ould Cheikh
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