lundi 5 août 2013

Editorial : Campagne de…promesses



Depuis le début du Ramadan, il ne se passe pas un jour sans que la TVM (Télé Vide de Mauritanie, pour les intimes) nous balance, dans ses JT, trois ou quatre ministres en vadrouille à l’intérieur du pays. « Conformément aux orientations éclairées de la Direction Nationale », tout aussi éclairée, elle aussi, sans qu’on ne nous dise jamais ni par qui ni à quoi. Nos glorieux – du latin gloria, comme disait feu Habib – visitent quelques installations (les mêmes que l’an dernier), tiennent réunion sur réunion, avec la même assistance, et répètent le même discours.  Comme quoi, tout va à merveille, Aziz veille sur vous, la gabegie est terminée, l’opposition raconte des bêtises. Le pire est que la faible assistance, ramassée pour garnir la salle, çà et là, par les walis, ne croit pas un traître mot de ce qu’on lui raconte depuis quatre ans. Des villes entières croulent sous la soif. L’électricté est rationnée. On meurt toujours dans les hôpitaux et les dispensaires, faute de soins et de médecins. Les prix des denrées de première nécessité atteignent des sommets. Le gasoil n’a jamais été aussi cher. On continue, pourtant, à nous promettre la nuit. Des promesses qui n’engagent, il est vrai, que ceux qui y croient.  Et Dieu sait qu’on en a reçu tant et tant, des vœux et des vents, que plus personne ne leur accorde la moindre importance. Une usine de lait à Néma, une autre pour le traitement des peaux d’animaux à Aleg, une ville nouvelle à Rosso, de l’eau, de l’énergie et des routes, en veux-tu, en voilà. Ould Abdel Aziz a été généreux en… promesses. On nous chante, à l’envi, que 70% de son programme ont été réalisés. La démagogie est peut-être un art mais, comme le dit un proverbe maure, à force de se cacher derrière les jours, on finit par se retrouver… tout nu.
Pourtant, notre président « bien aimé » maintient ses habits d’apparat. Par un de ces tours de passe-passe dont il a le secret, il a toujours un os à jeter, régulièrement, en pâture, à l’opinion qui s’y jette dessus, la pauvre, comme un chien affamé. Avec les affaires de la GBM, de la ministre de la Culture et, tout récemment, d’Ahmed Ould Hamza, il y a de quoi amuser la galerie. Et lui faire oublier un quotidien de plus en plus difficile. Mais le problème est que cela ne distrait plus personne. La COD est avertie et l’opposition dite dialoguiste commence à donner des signes d’énervement. Surtout depuis le lancement du recensement à vocation électorale, sans aucune concertation avec elle. Alors qu’elle se croyait investie, depuis son assistance au dialogue national, d’une certaine légitimité et forte d’une caution indispensable au pouvoir, pour faire valider une parodie électorale déjà boiteuse. Ira-t-elle, dans son escalade, jusqu’à jeter l’éponge et laisser Ould Abdel Aziz gérer, seul, son « processus » ? Ne serait-ce que pour faire pression sur lui et l’amener à mettre un peu d’eau dans son zrig, en s’investissant dans des élections consensuelles et transparentes. Mais certaines décisions ont besoin de courage. Et une grande partie de notre classe politique, plus préocupée par son propre intérêt que par celui du pays, en est, malheureusement, dépourvue. Ne dit-on pas que les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent ?
                                                                                                                       Ahmed Ould Cheikh

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