Depuis le début du Ramadan, il ne se passe pas un
jour sans que la TVM
(Télé Vide de Mauritanie, pour les intimes) nous balance, dans ses JT, trois ou
quatre ministres en vadrouille à l’intérieur du pays. « Conformément aux
orientations éclairées de la Direction Nationale », tout aussi éclairée,
elle aussi, sans qu’on ne nous dise jamais ni par qui ni à quoi. Nos glorieux –
du latin gloria, comme disait feu Habib – visitent quelques installations (les
mêmes que l’an dernier), tiennent réunion sur réunion, avec la même assistance,
et répètent le même discours. Comme
quoi, tout va à merveille, Aziz veille sur vous, la gabegie est terminée, l’opposition
raconte des bêtises. Le pire est que la faible assistance, ramassée pour garnir
la salle, çà et là, par les walis, ne croit pas un traître mot de ce qu’on lui
raconte depuis quatre ans. Des villes entières croulent sous la soif.
L’électricté est rationnée. On meurt toujours dans les hôpitaux et les
dispensaires, faute de soins et de médecins. Les prix des denrées de première
nécessité atteignent des sommets. Le gasoil n’a jamais été aussi cher. On
continue, pourtant, à nous promettre la nuit. Des promesses qui n’engagent, il
est vrai, que ceux qui y croient. Et
Dieu sait qu’on en a reçu tant et tant, des vœux et des vents, que plus
personne ne leur accorde la moindre importance. Une usine de lait à Néma, une
autre pour le traitement des peaux d’animaux à Aleg, une ville nouvelle à
Rosso, de l’eau, de l’énergie et des routes, en veux-tu, en voilà. Ould Abdel
Aziz a été généreux en… promesses. On nous chante, à l’envi, que 70% de son
programme ont été réalisés. La démagogie est peut-être un art mais, comme le
dit un proverbe maure, à force de se cacher derrière les jours, on finit par se
retrouver… tout nu.
Pourtant, notre président « bien aimé »
maintient ses habits d’apparat. Par un de ces tours de passe-passe dont il a le
secret, il a toujours un os à jeter, régulièrement, en pâture, à l’opinion qui s’y
jette dessus, la pauvre, comme un chien affamé. Avec les affaires de la GBM, de la ministre de la Culture et, tout
récemment, d’Ahmed Ould Hamza, il y a de quoi amuser la galerie. Et lui faire
oublier un quotidien de plus en plus difficile. Mais le problème est que cela
ne distrait plus personne. La COD
est avertie et l’opposition dite dialoguiste commence à donner des signes
d’énervement. Surtout depuis le lancement du recensement à vocation électorale,
sans aucune concertation avec elle. Alors qu’elle se croyait investie, depuis
son assistance au dialogue national, d’une certaine légitimité et forte d’une
caution indispensable au pouvoir, pour faire valider une parodie électorale
déjà boiteuse. Ira-t-elle, dans son escalade, jusqu’à jeter l’éponge et laisser
Ould Abdel Aziz gérer, seul, son « processus » ? Ne
serait-ce que pour faire pression sur lui et l’amener à mettre un peu d’eau
dans son zrig, en s’investissant dans des élections consensuelles et
transparentes. Mais certaines décisions ont besoin de courage. Et une grande
partie de notre classe politique, plus préocupée par son propre intérêt que par
celui du pays, en est, malheureusement, dépourvue. Ne dit-on pas que les peuples
n’ont que les dirigeants qu’ils méritent ?
Ahmed Ould Cheikh
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