Plus quelques mois avant la date-butoir des élections
législatives et municipales, fixée unilatéralement par la CENI. Entêté, le
pouvoir veut les organiser à tout prix, même sans le moindre consensus
politique, mais l’étau semble se resserrer sur lui. La Coordination de
l’Opposition Démocratique (COD) a accepté le plan de sortie de crise du président
de l’Assemblée nationale. Histoire de couper seulement l’herbe sous les pieds
du pouvoir qui misait, beaucoup, sur son rejet de cette initiative ?
Quoiqu’il en soit, elle a, désormais, pris les devants. Sa réponse à Messaoud
s’est accompagnée d’un document, publié la semaine dernière, détaillant son
point de vue sur la meilleure manière de sortir de la crise où se débat le
pays. Cette vision, déclinée en plusieurs points, a très peu de chances – pour
ne pas dire aucune – d’être acceptée par un président plus que jamais convaincu
qu’après lui, ce sera le déluge. Petit florilège des propositions de la COD : « Seul un
gouvernement consensuel, dirigé
par un Premier ministre neutre et investi de tous les pouvoirs nécessaires,
peut garantir la transparence des prochaines élections. En outre, le chef de
l’Etat, le Premier ministre et les membres de ce gouvernement devront s’engager
à ne pas se présenter aux prochaines échéances électorales, ni à soutenir un
candidat. La non-neutralité de l’Etat et des attributs de la puissance publique
est un des facteurs majeurs qui faussent le jeu électoral. [Il faut assurer] l’unification
des structures de l’Armée, en y intégrant le BASEP, et la normalisation du vote
militaire ; une déclaration de neutralité, publique et sous serment, de la
part des chefs de corps (Armée, Gendarmerie, Garde, Police, autres forces de sécurité) ;
la révision des textes électoraux de façon consensuelle et l’audit du
fichier électoral ; l’ouverture des media publics, de façon concertée et
continue, et la désignation, à leur tête, de responsables politiquement neutres
et républicains… »
Faut-il
voir, dans ces propositions, une façon, pour la COD, de démontrer qu’elle est capable de faire
taire ses détracteurs, avec des propositions concrètes ? Et que son combat
ne se limite pas à l’organisation de meetings et aux demandes de départ du
président ? Certes, il y a loin de la coupe aux lèvres mais, incapable
d’éjecter le général putschiste par la rue, elle peut, au moins, le pousser
dans ses derniers retranchements. En montrant à l’opinion nationale et
internationale où se situe le blocage. Les Français, à présent seul soutien du
pouvoir, refusent toujours d’en reconnaître la vraie nature, guerre contre le
terrorisme – stratégie énergétique ? – oblige. Mais jusqu’à quand
feront-ils la sourde oreille ?
En
janvier 2011, au déclenchement de la révolution, Michèle Alliot-Marie, la ministre
française des Affaires étrangères proposait, maladroitement, le soutien de son
pays, pour le maintien de l’ordre en Tunisie. Quelques jours plus tard, le
pouvoir de Ben Ali était balayé par la rue. Myopes, les Français n’avaient rien
vu venir et se sont ainsi offert de tenaces inimitiés, dans ce pays. Est-ce
pour cela qu’ils essaieront de prendre, quelques mois plus tard, le train libyen
en marche, en aidant les rebelles contre Kadhafi ?
Mais
en soutenant, contre vents et marées, un pouvoir mauritanien d’essence
putschiste, c’est à nouveau faire preuve, non pas de myopie mais bien de total
aveuglement. On pensait pourtant en avoir fini avec la Françafrique, à
l’arrivée des socialistes dont le président avait promis une autre méthode de
gouvernement. Apparemment non. Hollande n’est pas à un reniement près. En France,
comme ailleurs, les hommes changent mais les méthodes restent. C’est que leur
logique, probablement, n’appartient pas aux hommes, mais aux gros intérêts dont
ils sont, tous, les instruments… L’argent
n’a pas d’odeur, dit-on. N’aurait-il pas, non plus, d’yeux ?
Ahmed Ould Cheikh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire