Nous avons, incontestablement, le
président de la République
le plus atypique qui soit. Le seul dont le nom est régulièrement cité dans des
affaires douteuses, la dernière en date a même dépassé le cadre de nos frontières.
Le seul dont le fils a tiré, à balles réelles, sur une innocente jeune fille.
Le premier à se faire tirer dessus. C’est aussi l’unique à avoir déclaré la
guerre à ses compatriotes : un homme d’affaires qu’il s’est juré de
ruiner ; de hauts cadres internationaux qu’il veut dégommer, coûte que
coûte ; des banquiers qu’il veut pousser à la faillite, en autorisant plus
de banques qu’il n’en faut dans un pays où le taux de bancarisation ne dépasse
guère plus de 4% ; des chefs d’entreprise frappés d’ostracisme, pour
permettre à sa parentèle d’émerger, et, enfin, la grande masse du peuple qui
n’arrive plus à joindre les deux bouts. Mélangez le tout, assaisonnez-le d’un
peu de démagogie et vous aurez une idée de l’homme qui prétend tenir en mains
nos destinées, depuis un certain 6 août 2008.
Sa dernière prouesse, un rêve
qu’il caressait depuis plusieurs années, s’est enfin réalisée, la semaine
dernière : le limogeage du Haut commissaire de l’OMVS, notre compatriote
Mohamed Salem Ould Merzoug, contre l’avis de ses pairs membres de ladite organisation
sous-régionale. Macky Sall, Alpha Condé et Dioncounda Traoré voulaient, en
effet, qu’Ould Merzoug rempile pour un nouveau mandat. Le temps pour lui de
mettre ses grands projets sur les rails. Son bilan étant largement positif, les
trois présidents considéraient que son départ pouvait constituer une rupture
préjudiciable à la bonne marche de l’Organisation. Mais c’était mal connaitre
Ould Abdel Aziz. Remonté contre son compatriote, à qui il ne reproche pourtant
pas grand-chose, si ce n’est la fidélité à ses amis, il a menacé de quitter
l’OMVS, si Ould Merzoug était reconduit.
Le meilleur plénipotentiaire de
tout pays normalement constitué, c’est le chef d’Etat lui-même. C’est lui qui
cherche les meilleurs marchés, pour ses entreprises, et les hauts postes
internationaux, pour ses concitoyens. Chez nous, c’est exactement l’inverse.
Mohamed Vall Ould Bellal a été empêché d’accéder au poste d’ambassadeur de la Ligue arabe en Libye. La Mauritanie s’est
opposée à la nomination de Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, comme chef de la
mission d’observateurs de l’Union Africaine en Tunisie. Tout comme elle a
refusé, à Ahmedou Ould Abdallah, l’autorisation d’ouvrir son Centre de Stratégie
et de Sécurité pour le Sahara/Sahel. Elle a tout fait pour que l’Organisation
mondiale de la propriété intellectuelle limoge l’ancien ministre des Affaires
étrangères de Sidioca, Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine, parce qu’il a écrit,
sur son expérience au gouvernement, un livre guère tendre avec les auteurs du
coup d’Etat de 2008. Tentative infructueuse, fort heureusement.
Bref : Ould Merzoug est le
dernier, à ce jour, à faire les frais de cette folie « limogière » et
il ne sera probablement pas le dernier. C’est, comme qui dirait, le règne de
l’incompétence qui, non seulement, se refuse le soutien de compétences avérées
mais les hait à ce point qu’il interdit à autrui d’en profiter. Même s’il
s’agit de ses propres concitoyens. Soyez incompétents, ou, du moins, feignez de
l’être. Sinon, réjouissez-vous d’être
limogés : le négateur de votre valeur ne vous reproche que sa propre
médiocrité. Cependant, si le propre de
cette dernière est de se croire d’autant plus supérieure qu’elle abaisse autrui,
il n’est pas obligatoire de s’abaisser devant elle. Limogés, soyez
heureux : vous n’avez, vous, pas tout perdu.
Ahmed Ould Cheikh
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