Selon Wikipédia, la lâcheté désigne, de manière générale,
le manque de fermeté ou le défaut de courage,
face à une situation ou un choix qui peut impliquer un danger, physique ou
autre. Pratiquement, la lâcheté d'un individu se matérialise par le refus
d'agir dans un sens perçu comme bon, juste ou nécessaire, par la culture dans
laquelle vit cette personne.
Au vu du parcours de nos élites, de
l’indépendance à nos jours, cette définition leur est-elle opposable ? Quand
on les vit s’engouffrer, comme des morts de faim, dans le Parti du Peuple Mauritanien,
applaudir ses tombeurs, des deux mains, théoriser pour les structures d’éducation
des masses, adhérer, en bloc, au parti/Etat qu’était le PRDS, faire la cour aux
militaires, en 2005, pour les encourager à rester au pouvoir, et se plier, en
quatre, à ceux qui ont assassiné la
démocratie, en 2008, on se dit, oui, que la Mauritanie est malade. De son
armée. Mais surtout de son élite. De sa classe politique. De ses intellectuels.
Comment, après plus de cinquante-deux ans
d’indépendance et vingt-deux de démocratie, ce pays n’arrive toujours pas à
trouver sa voie ? Celle qui mène au développement bien mesuré, au libre
débat public, correctement régulé par un Etat qui en soit réellement le fruit,
promoteur et bon gestionnaire de la Nation. La nôtre, à nous, tous ensemble.
Notre élite, qui devrait être la locomotive pour la masse indécise, n’a-t-elle
pas été à la hauteur ? N’a pas fait les sacrifices nécessaires ? Las,
ce serait un euphémisme de dire qu’elle a failli à sa mission, en abdiquant,
beaucoup trop tôt, devant l’ampleur des défis. Elle était pourtant bien partie,
lorsqu’elle se battait, au début des années 70, pour la nationalisation de la
MIFERMA, la révision des accords avec la France et plus de justice sociale. Pas
encore pour la démocratie, certes, qui n’était pas dans l’air du temps. Mais,
depuis cette époque, elle est comme pétrifiée, vaincue par le découragement. Ou,
disent les mauvaises langues, tellement obnubilée par les maroquins qu’elle en
a perdu son latin et sa verve.
« La Mauritanie sera ce qu’en fera sa
jeunesse », disait feu Mokhtar Ould Daddah. Il ne croyait, certainement
pas, si bien dire. Trente-cinq ans après son départ du pouvoir, le gâchis est
énorme. La jeunesse, éberluée, a pris goût à l’argent, l’élite se soucie fort
peu de l’intérêt général et le pays ne s’est jamais senti aussi délaissé. Au
profit d’un régime de généraux qui le prennent en otage, en font ce qu’ils
veulent et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin.
Comme partout, désormais, sur la planète,
mais beaucoup plus crûment dans les pays dits « avancés »,
l’adoration du veau d’or nous démolit. Nous-mêmes et notre environnement, tant
naturel que moral et culturel. Allons-nous nous révéler incapables de vivre en
notre propre pays, d’en porter la saveur à nulle autre pareille ? Non,
nous ne sommes pas de nulle part. Cessons de nous jeter, à corps et âme perdus,
sous le rouleau compresseur d’une société de consommation qui ne fut jamais la
nôtre. Réveillons-nous, réinventons-nous ! Et donnons, ainsi, à nos élites,
l’occasion de se racheter ; à notre jeunesse, de donner raison à feu
Mokhtar et, au Monde, de nous connaître… enfin.
Ahmed Ould Cheikh
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