dimanche 3 février 2013

Editorial : Pourquoi tout cet acharnement ?



« Non de non et encore non ! », dénie, en substance, le directeur général des impôts, sur les ondes de la TVM, « Mohamed Ould Bouamatou n’est pas visé personnellement, le redressement qui touchent ses sociétés est également appliqué à toutes les autres, dans tous les secteurs, cimenteries, téléphonie mobile, banques ou autres ». On veut bien vous croire, monsieur le directeur, même si l’on a des difficultés à comprendre par quel fabuleux coup de baguette magique les affaires des trois sociétés visées où MOB est actionnaire ont pu être à ce point florissantes, par les temps qui courent, qu’on les somme de payer plus de 4 milliards de nos ouguiyettes… Il est vrai que la crise, c’est exclusivement réservé aux pauvres. Heureusement qu’ils ont un président, pour rétablir un peu les choses…
Car, si l’on veut bien croire le fidèle exécutant que ne manquerait surtout pas d’être monsieur le directeur général des impôts, on comprend, tout aussi bien, qu’il y a des choses qui le dépassent. Ce n’est évidemment pas lui qui aura subitement décidé toutes les sociétés d’Etat à vider, entre le 21 et le 23 janvier, leurs comptés à la GBM, au profit de la Société Générale. Tenez-vous bien : rien qu’à Nouadhibou, la SNIM a siphonné ses trois comptes, de la représentation régionale de la banque à MOB. L’un était créditeur d’un milliard cent quarante-cinq millions d’ouguiyas, le second de deux cent soixante-quinze millions et le troisième, « que » de soixante-douze millions. La société de Gestion des Installations Pétrolières (GIP) a retiré plus de trois cent millions, le Port Autonome de Nouadhibou, cent cinquante, et la Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP), cent mille dollars et deux cent mille euros.
Même topo à Nouakchott. Le Port autonome, sept cent millions d’ouguiyas et l’Autorité de régulation, plus d’un milliard. Les SOMELEC, SONIMEX et SOMAGAZ ayant, quant à elles, reçu consigne de limiter, « au strict minimum », leurs relations avec cette banque. Et, tenez-vous bien, tout cet argent a atterri sur des comptes ouverts à la Société générale. Aucune autre banque nationale n’a eu droit à un centime de ce pactole. Certaines mauvaises langues croient savoir qu’il ne serait qu’en transit vers une banque en cours de création et dont au moins un actionnaire bénéficie de liens de parenté opportuns par les temps qui courent.

 D’autres indices sentent tout autant le soufre. Alors que la Banque centrale est tenue de fournir, aux banques qui en font la demande, des devises « dans la limite des disponibilités » – une variable propice à toutes sortes de variabilité – la GBM n’a reçu, au cours du mois en cours, que 600.000 dollars contre onze millions à la Qatar National Bank qui ne devrait, normalement pas, en manquer.
Voudrait-on amener la banque à fermer ou avoir, au moins, de grosses  difficultés de trésorerie qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Et les coïncidences sont trop diverses, trop resserrées dans le temps pour douter de l’identité de cet « on » : qu’a donc fait MOB pour mériter les foudres de son cousin ? L’opinion publique veut savoir ce que celui-ci reproche à celui-là, au point de menacer un certain nombre d’emplois liés à ses activités. Une exigence plus que légitime : lorsque les affaires d’un seul homme ou d’un seul groupe financier mettent en jeu un grand nombre de gens, la république – la chose publique –  est en droit de demander des comptes à ceux qui remettent en cause ces liens. Tout particulièrement lorsque l’agresseur est censé présider la République. Une fonction élective qui ne met certainement pas à l’abri de l’accusation de délit d’initié. C’est aussi cela, la démocratie.
Ahmed Ould Cheikh



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