« Non de non et
encore non ! », dénie, en substance, le directeur général des impôts,
sur les ondes de la TVM,
« Mohamed Ould Bouamatou n’est pas visé personnellement, le redressement
qui touchent ses sociétés est également appliqué à toutes les autres, dans tous
les secteurs, cimenteries, téléphonie mobile, banques ou autres ». On veut
bien vous croire, monsieur le directeur, même si l’on a des difficultés à
comprendre par quel fabuleux coup de baguette magique les affaires des trois
sociétés visées où MOB est actionnaire ont pu être à ce point florissantes, par
les temps qui courent, qu’on les somme de payer plus de 4 milliards de nos
ouguiyettes… Il est vrai que la crise, c’est exclusivement réservé aux pauvres.
Heureusement qu’ils ont un président, pour rétablir un peu les choses…
Car, si l’on veut
bien croire le fidèle exécutant que ne manquerait surtout pas d’être monsieur
le directeur général des impôts, on comprend, tout aussi bien, qu’il y a des
choses qui le dépassent. Ce n’est évidemment pas lui qui aura subitement décidé
toutes les sociétés d’Etat à vider, entre le 21 et le 23 janvier, leurs comptés
à la GBM, au
profit de la Société
Générale. Tenez-vous bien : rien qu’à Nouadhibou, la SNIM a siphonné ses trois comptes,
de la représentation régionale de la banque à MOB. L’un était créditeur d’un
milliard cent quarante-cinq millions d’ouguiyas, le second de deux cent
soixante-quinze millions et le troisième, « que » de soixante-douze
millions. La société de Gestion des Installations Pétrolières (GIP) a retiré
plus de trois cent millions, le Port Autonome de Nouadhibou, cent cinquante, et
la Société
Mauritanienne de Commercialisation du Poisson (SMCP), cent
mille dollars et deux cent mille euros.
Même topo à Nouakchott.
Le Port autonome, sept cent millions d’ouguiyas et l’Autorité de régulation,
plus d’un milliard. Les SOMELEC, SONIMEX et SOMAGAZ ayant, quant à elles, reçu
consigne de limiter, « au strict minimum », leurs relations avec
cette banque. Et, tenez-vous bien, tout cet argent a atterri sur des comptes
ouverts à la Société
générale. Aucune autre banque nationale n’a eu droit à un centime de ce
pactole. Certaines mauvaises langues croient savoir qu’il ne serait qu’en
transit vers une banque en cours de création et dont au moins un actionnaire
bénéficie de liens de parenté opportuns par les temps qui courent.
D’autres indices sentent tout autant le
soufre. Alors que la Banque
centrale est tenue de fournir, aux banques qui en font la demande, des devises « dans
la limite des disponibilités » – une variable propice à toutes sortes de
variabilité – la GBM
n’a reçu, au cours du mois en cours, que 600.000 dollars contre onze millions à
la Qatar National
Bank qui ne devrait, normalement pas, en manquer.
Voudrait-on amener
la banque à fermer ou avoir, au moins, de grosses difficultés de trésorerie qu’on ne s’y
prendrait pas autrement. Et les coïncidences sont trop diverses, trop
resserrées dans le temps pour douter de l’identité de cet
« on » : qu’a donc fait MOB pour mériter les foudres de son
cousin ? L’opinion publique veut savoir ce que celui-ci reproche à
celui-là, au point de menacer un certain nombre d’emplois liés à ses activités.
Une exigence plus que légitime : lorsque les affaires d’un seul homme ou
d’un seul groupe financier mettent en jeu un grand nombre de gens, la
république – la chose publique – est en
droit de demander des comptes à ceux qui remettent en cause ces liens. Tout
particulièrement lorsque l’agresseur est censé présider la République. Une
fonction élective qui ne met certainement pas à l’abri de l’accusation de délit
d’initié. C’est aussi cela, la démocratie.
Ahmed Ould Cheikh
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