Dans ‘’L’équipe du Dimanche’’, la célèbre émission
sportive de Canal Plus, le présentateur Thomas Thouroude passe en revue et
commente les matchs des différents championnats européens de football. Et, en
guise de transition d’un championnat à l’autre, repasse à l’écran une sorte
d’intermède ludique, intitulé ‘’Pendant ce temps-là’’. Le journaliste, non dépourvu d’humour, montre
alors des scènes risibles ou ridicules, pêchés un peu partout dans le monde.
Comme quoi, pendant que des joueurs suent à grosses gouttes sur les terrains
pour gagner leur pitance – et (beaucoup) plus, pour les plus doués – des
insouciants, sur une autre planète, ont la tête ailleurs. En Mauritanie, nous
ne sommes pas loin de ce cas de figure. Pendant que les différents pays du
monde cherchent à assurer leur développement, font tout pour éviter les crises
internes, veulent donner les mêmes chances à tout le monde, notre guide éclairé
cherche partout la petite bête, en s’occupant du menu fretin que le moindre
cadre de ministère rechigne à approcher.
Pendant ce temps-là, donc, le pouvoir intervient
dans l’attribution des marchés, gère le budget de l’Etat comme une boutique,
distribue les agréments bancaires à tour de bras, ne fait aucun pas en
direction de l’opposition, pour dépasser la crise où l’on se débat depuis 2008,
ne songe nullement à organiser des élections, alors que les mandats du Parlement
et des mairies ont expiré depuis plus d’un an, joue au yoyo devant la crise au
Nord-Mali et se prend pour le Messie sans lequel ce pays serait, depuis
longtemps, déjà parti à vau-l’eau.
Pendant ce temps-là, aussi, Ould Abdel Aziz ou,
plutôt, son maladif problème d’ego n’a pas trouvé mieux, pour occuper une
opinion publique fatiguée des promesses sans lendemain, que de déclarer la
guerre au groupe de Mohamed Ould Bouamatou, l’homme qui l’a fait roi, dans les
conditions que tout le monde connaît, d’imposer arbitrairement ses différents
sociétés, de chercher à diminuer les avoirs de sa banque, en ordonnant aux
établissements publics d’en retirer leurs dépôts, d’envoyer en prison son
collaborateur le plus proche, pour cause de faillite d’une compagnie aérienne
où l’Etat n’avait, pourtant, pas mis un sou, et de geler des avoirs destinés à la Fondation de son cousin,
qui remplit, bénévolement, une fonction que notre système de santé est
incapable de remplir…
Inconscient des dangers que court son pouvoir, en
se mettant à dos, non seulement, la classe politique mais, aussi, le capital,
Ould Abdel Aziz ne semble avoir guère compris qu’une main de fer a besoin d’un
gant de velours et qu’à force d’accumuler les rancœurs contre soi, on s’expose à leur
agglutination nauséeuse. Certes, la Mauritanie a l’estomac solide mais, pendant que
la bile de son prince s’échauffe, l’ulcère s’agrandit… Un trou autrement plus
fatal que les batifolages d’une balle amie…
Ahmed Ould Cheikh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire