dimanche 17 février 2013

Editorial : Pendant ce temps-là…



Dans ‘’L’équipe du Dimanche’’, la célèbre émission sportive de Canal Plus, le présentateur Thomas Thouroude passe en revue et commente les matchs des différents championnats européens de football. Et, en guise de transition d’un championnat à l’autre, repasse à l’écran une sorte d’intermède ludique, intitulé ‘’Pendant ce temps-là’’.  Le journaliste, non dépourvu d’humour, montre alors des scènes risibles ou ridicules, pêchés un peu partout dans le monde. Comme quoi, pendant que des joueurs suent à grosses gouttes sur les terrains pour gagner leur pitance – et (beaucoup) plus, pour les plus doués – des insouciants, sur une autre planète, ont la tête ailleurs. En Mauritanie, nous ne sommes pas loin de ce cas de figure. Pendant que les différents pays du monde cherchent à assurer leur développement, font tout pour éviter les crises internes, veulent donner les mêmes chances à tout le monde, notre guide éclairé cherche partout la petite bête, en s’occupant du menu fretin que le moindre cadre de ministère rechigne à approcher.
Pendant ce temps-là, donc, le pouvoir intervient dans l’attribution des marchés, gère le budget de l’Etat comme une boutique, distribue les agréments bancaires à tour de bras, ne fait aucun pas en direction de l’opposition, pour dépasser la crise où l’on se débat depuis 2008, ne songe nullement à organiser des élections, alors que les mandats du Parlement et des mairies ont expiré depuis plus d’un an, joue au yoyo devant la crise au Nord-Mali et se prend pour le Messie sans lequel ce pays serait, depuis longtemps, déjà parti à vau-l’eau.
Pendant ce temps-là, aussi, Ould Abdel Aziz ou, plutôt, son maladif problème d’ego n’a pas trouvé mieux, pour occuper une opinion publique fatiguée des promesses sans lendemain, que de déclarer la guerre au groupe de Mohamed Ould Bouamatou, l’homme qui l’a fait roi, dans les conditions que tout le monde connaît, d’imposer arbitrairement ses différents sociétés, de chercher à diminuer les avoirs de sa banque, en ordonnant aux établissements publics d’en retirer leurs dépôts, d’envoyer en prison son collaborateur le plus proche, pour cause de faillite d’une compagnie aérienne où l’Etat n’avait, pourtant, pas mis un sou, et de geler des avoirs destinés à la Fondation de son cousin, qui remplit, bénévolement, une fonction que notre système de santé est incapable de remplir…
Inconscient des dangers que court son pouvoir, en se mettant à dos, non seulement, la classe politique mais, aussi, le capital, Ould Abdel Aziz ne semble avoir guère compris qu’une main de fer a besoin d’un gant de velours et qu’à force d’accumuler  les rancœurs contre soi, on s’expose à leur agglutination nauséeuse. Certes, la Mauritanie a l’estomac solide mais, pendant que la bile de son prince s’échauffe, l’ulcère s’agrandit… Un trou autrement plus fatal que les batifolages d’une balle amie…
Ahmed Ould Cheikh

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