Preuve des relations exécrables entre Mohamed Ould Abdel
Aziz et Macky Sall, tombeur du mentor sénégalais de notre président ? Le
refus de donner suite à la demande d’extradition d’Ould Chaafi, déposée, jeudi,
par notre ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Boïlil, auprès de son homologue
sénégalais, Mbaye Ndiaye, était, certes, prévisible. Moustapha Ould Limam Chaafi
est un personnage beaucoup trop écouté, en Afrique de l’Ouest, depuis de trop
longues années, pour donner prise aux accusations d’« appartenance à
AQMI », « financement du terrorisme » et « appui à des
groupes terroristes » dont l’a chargé le mandat d’arrêt international
lancé par le Parquet de Nouakchott le 28 décembre 2011, et sur lequel s’appuyait
la récente requête de notre ministre de l’Intérieur. Dans toutes les capitales
de la sous-région, la cause est entendue : Ould Abdel Aziz instrumentalise
la lutte contre le terrorisme, pour tenter d’abattre un opposant notoire – et
influent – à son régime. Et Mint Dèye, la porte-parole du RFD, d’abonder en ce
sens, dans une déclaration à Saharamédias : « […] le gouvernement mauritanien
s’est mis dans une situation embarrassante et en a fait de même pour ses
voisins ; [les autorités sénégalaises ayant refusé], en toute
responsabilité, cette demande d’extradition qu’elles placent dans le cadre
d’une chasse aux opposants politiques du pouvoir ».
Mais il y a manière et manière. Un simple « L’homme en
question n’est plus sur notre territoire » aura éludé, poliment, la
question et l’on serait passé à autre chose. En place de cela, Macky Sall a
reçu, chez lui, l’opposant, lui offrant couvert et nuitée, avant de lui
avancer, le lendemain, un avion pour se rendre où bon lui souhaitait. Un vrai
camouflet pour notre ex-général, toujours vif sous sa panoplie civile. On
entend dire, il est vrai, que la menace d’un enlèvement par les services
spéciaux mauritaniens n’était pas mince et que la mesure du président
sénégalais n’avait pour but que prévenir toute complication diplomatique
ultérieure. Peut-être. Mais les relations entre les deux pays auraient dû être
placées avant toute autre considération. C’est le minimum de bon sens qui le
dicte.
Cependant, sans présumer de racines plus profondes dans les relations
pré-présidentielles des deux chefs d’Etat, il est probable que la gestion,
remarquablement déplorable, du quotidien entre les deux nations-sœurs, au moins
depuis l’avènement du président sénégalais – mais la dégradation était déjà
notable, l’an dernier – soit une des causes, directes, de cet affront public.
Ould Abdel Aziz ne s’est pas fait beaucoup d’amis, à l’intérieur du pays, dans
sa manière autocrate. Il eût été surprenant qu’il en fût autrement avec ses
voisins. Dangereux isolement…et dangereuse pente pour les relations entre les
deux pays.
Ahmed Ould Cheikh
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