dimanche 23 avril 2017

Editorial: Bizarre...

Ould Abdel Aziz est parti, la semaine dernière, en France, après plusieurs années d’une rupture qui ne disait pas son nom. Profitant du séjour, à Nouakchott, du ministre français des Affaires étrangères qui l’aurait invité à se rendre en France, si l’on en croit la très officielle AMI, l’homme du 6 Août a débarqué au Bourget… sans un seul chat pour l’accueillir. L’invitation d’Ayrault n’était peut-être que protocolaire ? Très peu au fait des pratiques diplomatiques – le contraire aurait, d’ailleurs, étonné, de la part d’un militaire – notre guide éclairé aura donc simplement sauté sur l’occasion d’une vague exposition, à l’Institut du Monde Arabe, pour fouler le sol français. Et, disent les mauvaises langues, revoir le médecin qui le suit depuis la fameuse « balle amie » de 2012. S’entretenir aussi avec François Hollande, sans qu’on sache sur quoi, exactement. Le président français, à qui il reste, à peine, un mois de pouvoir, n’a visiblement plus grand-chose à faire, sinon recevoir des chefs d’Etat africains. Même ceux avec qui il avait peu d’atomes crochus, comme le nôtre à qui la France ne parvenait toujours pas à pardonner son faux bond, lors de la guerre du Mali. Alors qu’il avait assuré Hollande, en personne, qu’il apporterait son soutien contre AQMI, après avoir accompli plusieurs opérations par procuration, notre expert ès rectification s’était piteusement débiné, lorsque les armes s’étaient mises à parler. Ce que l’Etat français n’avait que très modérément apprécié. Depuis les relations ont évolué en dents de scie. Et Ould Abdel Aziz n’a loupé aucune occasion de le faire savoir. En commençant par glorifier, à tire-larigot, la résistance contre l’occupant français, donnant, au nouvel aéroport de Nouakchott, le nom d’Oum Tounsi, lieu d’un célèbre affrontement, en 1932, où périt, entre autres, le lieutenant Mac Mahon, petit-fils d’un ancien président de la 3ème République  française. En hommage à cette même résistance, notre guide se bat, actuellement, pour ajouter deux bandes rouges au drapeau national, au détour d’une réforme constitutionnelle déjà recalée par le Sénat. Mais Ould Abdel Aziz ne s’avoue pas vaincu. Il veut, à présent, imposer un referendum dans ce qui s’apparente à un nouveau coup d’état contre la Constitution. Juste pour agacer l’ancienne métropole qui s’est certainement sentie offusquée, lorsqu’il déclara, en Mai 2016, à Néma, que les opposants qui cherchent la bénédiction française peuvent aller se rhabiller. « Ce qui vient de France n’est pas le Saint Coran », avait-il alors péroré, un brin agacé. Et, tout récemment, lors d’un entretien sur France 24, en réponse à une question sur la décision du Quai d’Orsay de sortir, de la zone rouge,  les villes de Chinguitti et Ouadane, il s’est fendu d’une réponse très peu diplomatique : « Zone bleue, blanche ou rouge, ça ne change rien pour nous ». Comme si le tourisme, qui pourrait reprendre, à la faveur de cette décision et faire revivre ces régions, n’était pas important, en soi, pour un pays aussi pauvre que le nôtre.
Malgré ce discours, sinon va-t-en guerre, du moins je-m’en-foutiste,  notre chef d’Etat a trouvé cependant opportun d’aller dire au revoir à un président en fin de mandat et dont l’Histoire ne retiendra pas grand-chose… sinon d’avoir donné la bizarre onction française au referendum anticonstitutionnel que le général défroqué s’apprête à commettre ? « Je vous assure, mon cher cousin, que vous avez dit bizarre ! – J’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre… »
                                                                                     Ahmed Ould Cheikh

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