Le
referendum devrait finalement avoir lieu le 15 Juillet prochain. Ainsi
en a décidé le Conseil des ministres, lors de sa réunion du jeudi
dernier. Ould Abdel Aziz maintient donc le cap, contre vents et marées,
malgré la levée de boucliers que continue de susciter son recours à
l’article 38 de la Constitution. Qui autorise, certes, le Président à
consulter le peuple, pour toute question d’intérêt national… sauf s’il
s’agit de révision constitutionnelle qu’encadrent les articles 99, 100
et 101. Le professeur Lô Gourmo l’a d’ailleurs bien expliqué, l’autre
soir, dans un débat sur une télévision privée. Son contradicteur, qui a
fini par reconnaître qu’il était, lui, magistrat et non juriste, avait
si peu d’arguments pour défendre le recours à l’article 38, qu’il finit
par jeter l’éponge. Dans un raisonnement implacable, le professeur a
précisé que la finalité du referendum, organisé sur la base de l’article
38 – subitement transformé en article « fourre-tout », selon Gourmo, et
que rien ne peut entraver, si l’on en croit Ould Abdel Aziz – n’est pas
nécessairement les amendements constitutionnels actuels mais le verrou
limitant les mandats. Si cette forfaiture réussit par le referendum,
Ould Abdel Aziz, qui a échoué à la faire passer par le congrès
parlementaire, aura toutes les cartes en main, avec une assemblée aux
ordres et un sénat rebelle en moins. D’où la nécessité, pour la classe
politique, la Société civile et les jeunes, de se battre pour que la
Constitution ne soit pas foulée du pied et qu’un militaire en fin de
mandat n’ait pas à décider de notre sort. Il y va de la survie de notre
démocratie, déjà mise à rude épreuve, un certain 6 Août 2008, lorsqu’un
général limogé se retourna contre un président démocratiquement élu,
pour le renverser. Un péché originel dont Ould Abel Aziz n’arrive
toujours pas à s’affranchir, malgré deux élections présidentielles. Ce
complexe, qui le poursuit et l’empêche de se voir en président
« normal », explique, peut-être, son entêtement à vouloir imprimer son
empreinte à un pays qui ne l’a pourtant pas vu naître, en s’employant à
modifier, sans consensus, son drapeau et son hymne national. Qu’y a-t-il
d e si urgent et de tant d’importance nationale, à modifier la
Constitution ? Les six milliards qui seront engloutis par le referendum
ne seraient-ils pas plus utiles ailleurs ? Quel intérêt y-a-t-il à
exacerber les tensions entre les pour et les contre, au lieu d’essayer
de recoller les morceaux et de préparer une alternance pacifique ? Ne
vaut-il pas mieux pour un Aziz à deux ans de la fin de son dernier (?)
mandat, de jouer l’apaisement et se retirer en douce ?
Les frustrations sont toujours mauvaises conseillères et un peuple, lassé de voir ses maigres ressources pillées sans vergogne, ne restera pas éternellement les bras croisés. Personne ne pensait les populations tunisiennes, libyennes ou égyptiennes capables d’un tel déferlement de violences, lors du Printemps arabe. Mais leurs dirigeants les avaient tant bastonnés qu’ils ont fini par dire basta ! Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, dit un célèbre dicton. Notre expert en coup de force devrait, ici, se poser la bonne question : en l’occurrence de son referendum, c’est quoi, c’est qui la cruche ?
Ahmed Ould Cheikh
Les frustrations sont toujours mauvaises conseillères et un peuple, lassé de voir ses maigres ressources pillées sans vergogne, ne restera pas éternellement les bras croisés. Personne ne pensait les populations tunisiennes, libyennes ou égyptiennes capables d’un tel déferlement de violences, lors du Printemps arabe. Mais leurs dirigeants les avaient tant bastonnés qu’ils ont fini par dire basta ! Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, dit un célèbre dicton. Notre expert en coup de force devrait, ici, se poser la bonne question : en l’occurrence de son referendum, c’est quoi, c’est qui la cruche ?
Ahmed Ould Cheikh
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