Une petite anecdote circula, il y a
quelques années, à Nouakchott, lors de la naissance de l’UPR, le nouveau
parti/Etat. Lui présentant la liste des cinquante membres du Conseil
national de cette formation politique, le président du parti et son
adjoint avaient, selon cette rumeur, expliqué, à Ould Abdel Aziz, qu’il
ne serait pas mauvais d’en augmenter le nombre, pour englober le plus
possible de sensibilités. Et le président de la République aurait
répondu : « cinquante flagorneurs ne vous suffisent donc pas ? » On
disait, par-là, qu’Ould Abdel Aziz, qui avait côtoyé Maaouya de très
près et vu ce dont les Mauritaniens étaient capables, ne voulait pas
voir les mêmes méthodes se renouveler. Pas avec lui, en tout cas. D’où
son slogan de renouvellement de la classe politique.
Au vu de ce qui se passe, ces derniers
jours, serait-il en train de changer d’avis ? Pas un jour, en effet,
sans qu’une initiative lui demandant de se présenter pour un second
mandat – même si c’est déjà fait – ou lui déclarant son soutien « sans
conditions ». Il faudrait beau voir qu’elle en ait, d’ailleurs, des
conditions. Mais bon, ce qui va sans dire va mieux en le disant, dit-on.
Des dizaines et des dizaines d’initiatives, aux noms de régions, de
collectivités ou même de familles, ont ainsi vu le jour, rien qu’au
cours de la dernière semaine. Les orateurs qui se sont succédé ont,
invariablement, demandé, aux militants et sympathisants, de «s’investir
pour la réélection, au premier tour du président-candidat Mohamed Ould
Abdel Aziz » avant de mettre en exergue « les réalisations importantes»
du premier mandat du président de la République, qui ont contribué à
« l’amélioration des conditions de vie des populations mauritaniennes ».
Tous doivent, donc, «unir leurs efforts derrière le président de la
République, afin l’accompagner pour, d’abord, préserver les acquis ;
ensuite, poursuivre et parachever l’œuvre qu’il a engagée, depuis le 8
août 2008 ». Ça ne s’invente pas, ce genre de slogans copiés-collés et
l’on se croit revenus dix ans en arrière, aux heures de gloire du PRDS
et de son guide éclairé.
Ould Abdel Aziz n’a, pourtant pas,
besoin de tout ça. Il est mieux placé que tout le monde pour savoir que
ceux qui sont en train de l’applaudir, des deux mains, seront les
premiers à déclarer leur soutien, à ses tombeurs, dès demain. Pourquoi
se voiler, alors, la face ? En l’absence de vrais challengers,
l’élection présidentielle ne sera, pour lui, qu’une promenade de santé.
Il aurait tout à gagner à ne pas laisser ses soutiens s’abaisser au
point de devenir ridicules. A moins qu’il ne cherche à montrer, à la
face du Monde, la vraie nature des Mauritaniens : des flagorneurs dans
l’âme.
Ahmed Ould Cheikh
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