Le bâtonnier de l’Ordre national des avocats et
éphémère candidat à la présidentielle du 21 juin prochain, s’est retiré de la
course. La nouvelle a été annoncée dimanche, en fin d’après-midi, lors d’une
conférence de presse. Le bâtonnier, qui faisait ses premiers pas en politique,
a jugé vain de participer à une élection qui n’offre aucune garantie de
transparence. Il rejoint, ainsi, la position du Front National pour la
Démocratie et l’Unité (FNDU) qui, après plusieurs rounds de négociations avec
le pouvoir, a décidé, à l’unanimité, de ne pas prendre part au scrutin. Le
forum considère, à juste titre, qu’il serait suicidaire de légitimer un
processus sur lequel on n’a aucune prise. Comme lors de l’élection
présidentielle de 2009, lorsque l’opposition s’est fait rouler dans la farine. Ould
Abdel Aziz était certes coopté, à l’époque, par la Communauté internationale
qui n’a ménagé aucun effort pour lui baliser la route qui mène à la Présidence.
Ould Bouhoubeyni – néophyte, il est vrai – était,
pourtant, considéré comme un candidat crédible dont le discours, tranchant,
risquait de faire mal. Grand pourfendeur du régime en place, il n’a eu de cesse
de l’attaquer sur au moins un aspect qu’il maîtrise mieux que tout :
l’indépendance de la Justice qu’il a toujours qualifiée de chimère. Sa présence
risquait, donc, de crédibiliser, un tant soit peu, une élection sans aucun
poids lourd de la politique en face d’Ould Abdel Aziz. Même Messaoud, qu’on
pensait lié, pour un long bail, à notre rectificateur en chef, s’est démarqué de
la consultation, en annonçant son boycott.
Que se passera-t-il, à présent ?
S’achemine-t-on vers une élection sans enjeu ? Une victoire sans gloire
pour le président sortant ? Un score à la Corée du Nord ? On pouvait
pourtant éviter d’en arriver là. Si chacun avait mis du sien, on aurait pu
aller à un scrutin apaisé. Pour qu’enfin cette crise qui couve, depuis 2009, ne
soit plus qu’un mauvais souvenir. Il est permis de rêver, non ? Ou doit-on
se préparer, une nouvelle fois et comme toujours depuis trente-cinq ans, à
l’inéluctabilité d’un coup d’État, dans un an, deux, dix, apparemment
seule issue d’alternance, en notre république aux bottes ?
Ahmed Ould Cheikh
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