Y a-t-il
un pilote dans l’avion ? Qui tient le gouvernail du bateau
Mauritanie ? Des questions que tout le monde se pose désormais, tant notre
avenir parait incertain, depuis cette soirée fatidique du 13 octobre où notre président
s’est fait tirer (??) dessus, si bien que, durant toute la journée du samedi 27,
des rumeurs, persistantes, ont évoqué la possibilité d’un coup d’Etat en
instance d’exécution. Et chacun y est allé de sa version : « Le
Premier ministre a été arrêté », « Un communiqué sera radiodiffusé
tout à l’heure », « la page Aziz est tournée », « Les
généraux sont en conclave depuis quelques heures », tout, ou presque, a
été colporté ce jour. Avant que la rumeur ne se dégonfle, comme une baudruche.
Certains partisans d’Aziz, prenant les devants, descendent dans les rues le
soir même, avec des photos de notre malade le plus célèbre. Les abords du Palais
des congrès se sont transformés, pour l’occasion, en un véritable rodéo où des
enfants de riches manifestaient leur soutien au « président des pauvres ».
Le pouvoir ne supportant pas le vide, particulièrement dans un pays ayant le
plus fort taux de coups d’Etat à l’année, des appétits ne manqueront pas de
s’aiguiser. Entre militaires, on ne se fait ordinairement pas de cadeaux. Et,
comme à la chasse, qui s’absente perd sa place. Ould Haïdalla et Maaouya en ont
fait les frais. Qui a dit « jamais deux sans trois » ?
Plus
sérieusement, jamais situation n’a paru aussi préoccupante que celle que nous
vivons depuis deux semaines. Les informations sur la santé du président,
rassurantes au début, ne parviennent plus qu’au compte-gouttes et n’augurent
pas d’un rétablissement aussi rapide qu’on a voulu nous le faire croire. Un
black-out total entoure son lieu de séjour en France et il n’est plus
accompagné d’aucun membre de son staff. Depuis sa sortie avec le ministre
français de la Défense,
avec une mine défraîchie et l’air fatigué, on ne l’a toujours pas revu. Il
s’est, juste, contenté d’un message écrit, à l’occasion de la fête d’El Adha.
L’UPR, le parti/Etat qu’il a fondé, a mis un bémol à sa campagne de
sensibilisation pour l’accueil populaire qui devait lui être réservé à son
arrivée, tant le doute plane sur la date de celle-ci, si tant est qu’elle devait avoir lieu de sitôt. Que
faire alors ? La
Constitution ne prévoyant pas de vacance temporaire du
pouvoir, qui tiendra les rênes du pays, en attendant que la situation
s’éclaircisse ? Au cas où Aziz serait hors jeu, qui prendra les devants ?
Les militaires qui n’ont jamais quitté le pouvoir? Une nouvelle
transition ? De combien de temps et avec qui à sa tête ? Si l’on
devait s’en tenir à la
Constitution, ce serait Ba Mbaré mais il est, lui aussi,
malade et séjourne actuellement en France pour des soins.
Notre
pays est, en tout état de cause, trop fragile pour supporter, longtemps, de
tels atermoiements. La guerre, qui se prépare au Nord Mali, ne peut nous
laisser indifférents et ne manquera pas d’avoir des répercussions sur notre
stabilité. Nous avons besoin d’être édifiés sur notre sort. Si Ould Abdel Aziz
est malade qu’on nous le dise ! Qu’on nous précise la durée de son
invalidité et qu’on cesse de nous prendre des enfants !
Ahmed
Ould Cheikh
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