dimanche 18 novembre 2012

Editorial : Un seul être vous manque….



 Depuis un certain samedi 13 octobre, la Mauritanie a le regard tourné vers la France où son président a été évacué suite à une blessure provoquée, officiellement, par une balle « amie ». Le pays  vit au rythme des apparitions, déclarations, coups de fil d’un président qui a désormais tout l’air de la fameuse Arlésienne. Celle dont on parle toujours et qu’on ne voit jamais. Si l’on exclut deux apparitions, pour le moins furtives, avec le ministre français de la Défense et avec le général qui l’a opéré. La première n’a, certes, laissé aucun doute sur son authenticité, tant l’homme paraissait fatigué et les traits tirés, suite à la délicate opération qu’il a subie, la seconde a donné lieu à toutes sortes d’interprétations. Chacun y est allé de son commentaire et des petits malins se sont même permis de l’analyser techniquement, pour démontrer qu’il s’agit d’un montage grossier. Ils en veulent pour preuves qu’aucun organe officiel n’a publié quoi que ce soit sur le président, depuis son évacuation, hormis un discours sans son et sans image, à l’occasion de la fête d’El Adha. On pourrait, d’ailleurs, se demander quelles sont les raisons de ce black-out. Pourquoi  les images du président, qu’on a livrées, clé en mains, à la presse privée, n’ont-elles pas été reprises par la TVM ou le quotidien national ? Ces organes, si prompts à verser dans la flagornerie la plus vile, devaient avoir des consignes strictes, pour ne pas se faire l’écho de telles informations, pourtant vitales dans la campagne menée, actuellement, par les tenants du régime sur l’absence de vacance du pouvoir. Alors qu’il n’est « qu’en vacances », dixit Ould Brahim Khlil, l’inénarrable ambassadeur à Paris qui pilote, désormais, toute la com gouvernementale, du moins celle relative  à la situation sanitaire de l’illustre pensionnaire de l’hôpital Percy. Ce qui ne lui pas a valu que des succès, loin de là.  De bout en bout, la communication s’est révélée un véritable désastre, produisant l’effet inverse et ajoutant à la confusion. Depuis la sortie, le premier soir, du ministre de la Communication, en passant par le passage du lieutenant auteur du tir « ami » et jusqu’à la dernière image, rafistolée, avec le médecin français, tout n’était qu’enfantillage et amateurisme poussé à l’extrême. On ne s’improvise pas communicateur. Ce n’est pas pour rien que les présidents des plus grands pays du monde font appel à des conseillers spécialisés en ce domaine pointu. Pour ne pas paraître ridicule et ramer à contre-courant. Mais ne jasons pas trop sur l’incompétence de ceux qui président à nos destinées. Elle est structurelle. Ce qui nous importe, actuellement, c’est que notre pays traverse une passe difficile, en l’absence de celui qui prétendait régenter toute notre vie. De la plus petite dépense du Trésor public au plus gros marché du BTP, rien n’échappait à celui qui ne dormait que d’un œil. En son absence, c’est le vide sidéral. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Jusqu’à quand ? Jusqu’où ira cette aberration constitutionnelle ? La nature a horreur du vide : quand se décidera-t-elle, en Mauritanie, à reprendre, enfin, ses droits ?
Ahmed Ould Cheikh

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